Entretien avec Bruno Morange, directeur de la division des véhicules utilitaires de Renault et Thierry Moreau, responsable programme Kangoo
...est moins en verve et subi notamment de plein fouet la baisse du marché espagnol.
Journal de l'Automobile. Que pensez-vous des tendances actuelles du marché de l'utilitaire ?
JA. Comment expliquez-vous cette baisse alors que ce marché était jusqu'alors en progression constante ?
BM. Il est vrai que ces dernières années, contrairement au VP, le marché des VUL résistait plutôt bien aux difficultés. La crise financière actuelle n'est pas innocente à cette tendance. Toutes les ventes liées aux constructions et aux chantiers ont chuté, par conséquent les artisans investissent moins dans l'utilitaire. Cette récession des Vul ne se traduit pas encore dans le cumul des chiffres. Nous sommes tirés par le bas avec l'Espagne, l'Italie et la Grande-Bretagne. Sur le total, en 2008, le marché européen des utilitaires devrait connaître une baisse de 4 % à 5 %. Pour 2009, si les mesures prises en Europe sont efficaces et si la tendance de "panique" s'estompe, raisonnablement, on peut envisager une baisse de - 8 % à - 10 % par rapport à 2008.
JA. Quels sont les résultats de Renault depuis le début de l'année ?
BM. Sur le cumul des huit premiers mois, en France, nous avons fait + 3 % avec 90 300 unités vendues. Nous suivons les tendances du marché. En Europe (hors France), Renault a commercialisé 100 000 VUL sur les huit premiers mois. Au total, nous sommes à - 7 % sur le marché des utilitaires européens dont + 5,5 % en Allemagne, - 4 % en Grande-Bretagne et - 32 % en Espagne. Le marché espagnol, où nous réalisons entre 15 % et 16 % de pénétration, nous tire incontestablement vers le bas. Les Pays-Bas, l'Allemagne, le Benelux n'ont pas encore été touchés. Nous restons la première marque d'utilitaire en Europe. En 2007, nous faisions 14,8 % de parts de marché et malgré la stagnation du marché, elle a été renforcée en 2008. Cette position de Numéro 1, nous la tenons avec deux points de plus que le suivant.
JA. Comment êtes-vous positionné aujourd'hui sur le marché russe des utilitaires ?
BM. Nous sommes essentiellement présents sur le marché russe avec le Kangoo et le Master. Le marché se tient bien puisque nous faisons + 30 % et cela nous permet de compenser les autres marchés européens même si nos volumes ne sont pas encore représentatifs. A fin août, nous faisons seulement 1 000 unités. La politique de commercialisation n'est pas encore définie, nous ne savons pas encore lequel de nos deux réseaux, Renault ou Lada, commercialisera les véhicules utilitaires de la marque.
JA. A Hanovre, vous avez mis en avant votre signature Eco2. Quels véhicules en bénéficient aujourd'hui et où en êtes-vous de son déploiement ?
Thierry Moreau. Nos futurs véhicules bénéficieront de la signature Eco2 et seront complétés de nouvelles spécificités à faible impact environnemental, aujourd'hui seul Nouveau Kangoo en version Diesel 85 ch le propose. 105 ch dépasse la norme, les deux moteurs essence ne sont pas Eco2.
Mais aujourd'hui, nous sommes Eco2 sur le cœur de nos ventes, 80 % des ventes de Kangoo sont en version Eco2. Ce n'est pas pour autant un argument de ventes pour nos clients, du moins il n'a pas le même impact que sur le VP, mais certains clients sont très regardants.
JA. 2008 était marquée par le lancement des nouveaux Kangoo en version utilitaire, compact et VP. Les premiers résultats sont-ils conformes à vos attentes ?
TM. Sur le segment des fourgonnettes, tant en VP qu'en VU, l'objectif était de reprendre le leadership perdu en 2007 et nous l'avons repris dans le paysage de la fourgonnette. Nous sommes donc satisfaits des résultats du Nouveau Kangoo qui sont en phase avec les attentes même si nous n'avions pas prévu un tel retournement du marché. D'autant plus que le marché n'a jamais été aussi concurrentiel sur le segment de la fourgonnette.
Sur les 8 premiers mois, en Europe (hors France), nous avons distribué 57 500 Kangoo, soit une pénétration de 17 % pour Renault, devant Citroën et son Berlingo qui réalise 14,8 % de parts de marché.
En France, à fin août, nous avons vendu 42 000 Kangoo, soit une pénétration de 36,1 % sur le segment, nous sommes même montés à 46,4 % fin mars du fait du creux de l'offre PSA.
BM. Nous avons aussi gagné des marchés avec le Nouveau Kangoo. Le 23 septembre, nous avons livré les premiers Kangoo Compact véhicules à Darty. Nous sommes contents de poursuivre ce partenariat avec eux. Fin septembre, La Poste renouvellera sa flotte de véhicules avec le Nouveau Kangoo Express à raison de 8 000 à 10 000 unités. Nous avons regagné l'appel d'offres de TNT, la Poste néerlandaise. Les flottes sont des marchés importants qui représentent du flux.
JA. Que devient aujourd'hui l'ancienne version du Kangoo ?
TM. Il représente 5 % des ventes de Kangoo aujourd'hui. Il sera prolongé au-delà de 2009. Kangoo est le véhicule le plus international dans la gamme Renault. Il est leader de son marché au Maroc, en Argentine où il est produit. Désormais, l'usine de Maubeuge ne produit plus que le Nouveau Kangoo, mais elle a réussi le tour de force de lancer le nouveau véhicule tout en maintenant l'ancienne version, cela nous a permis d'avoir une énorme flexibilité au niveau de l'offre de Kangoo. Nous avons compensé ce que l'on n'avait pas sur le nouveau par l'ancienne version, et inversement, ce qui nous a permis de bien démarrer le premier trimestre.
JA. Avec l'arrivée du Kangoo Compact, en termes de produit, vous avez presque atteint la limite de l'offre utilitaire. Quels sont désormais les défis et les chantiers qui vous attendent ?
TM. Nous n'avons pas terminé de diversifier nos produits. Nous allons lancer le Girafon sur le nouveau Traffic, c'est quelque chose de majeur pour les clients. En termes de carrosserie, de mécanique, avec des nouveaux moteurs toujours plus écologiques, il y a encore des choses à faire. En fin d'année, le filtre à particules sera disponible sur le moteur 85 ch.
JA. Avec l'arrivée du Koleos, on semble s'éloigner définitivement d'une version quatre roues motrices sur le Kangoo ?
TM. Il y a actuellement d'autres projets 4x4 dans la gamme Renault, et les demandes sont plus importantes sur des SUV ou des modèles 4x4. Le marché actuel ne justifie pas un investissement pour un Kangoo 4x4.
Photo : Bruno Morange, directeur de la division des véhicules utilitaires de Renault
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