Edito : Le sacre d’un sachem
Il y a trois ans, quand Jean-Pierre Ploué avait été élu pour le renouveau de Citroën, j’avais fait appel à la bouleversante histoire des images de Mons. Un lieu où on venait déposer les jeunes enfants… Les mamans abandonnaient leur nourrisson aux religieuses en le posant sur le passe-plat aveugle, tournant. Nourrissons soudain anonymes. Mais le lieu n’était pas sans retour. Les mères laissaient sur leur enfant un signe de reconnaissance au cas où, plus tard, la vie sourirait de nouveau. Le plus souvent une image pieuse déchirée en deux, parfois une initiale ou un prénom, coupés en deux toujours. C’était le moyen de reconnaître plus tard, parfois des années, son enfant, en reconstituant l’image ou la lettre.
Comme Jean-Pierre Ploué, Vincent Besson fait partie de ceux qui ont, après des années, retrouvé et reconstitué l’image et l’identité de Citroën. Que l’orpheline laissée pour compte soit devenue une fashionista en DS doit ravir Vincent Besson, à l’origine du projet.
A l’heure des finances toutes puissantes, bien qu’amnésiques et jouant avec des substances toxiques, c’est aussi un homme du produit que le jury a voulu distinguer.
C’est encore un dirigeant qui fait valoir une vision large et sociologique de l’automobile et qui privilégie le “toujours mieux” au “toujours plus” depuis plusieurs années déjà. “Traversant les modes, surfant sur les ressacs, un même tempérament s’habille différemment, mais sous les oripeaux demeure l’aspiration à un mieux, non à un plus”, écrivit Régis Debray.
Vincent Besson n’a pas l’aura mise en scène, parfois jusqu’au “people”, des capitaines d’industrie new age, mais il fait partie des sachems, ces sages, ces conseillers de l’époque amérindienne qui n’ordonnaient pas, mais qu’on écoutait, qu’on consultait toujours pour les décisions importantes, parce qu’ils avaient l’estime et le respect de tous.
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