Edito : Cantate Babel
Il y a chez Vincent Besson une mélodie un brin nostalgique, une mise à distance permanente, un voile à lever. Sa personnalité relève du tiroir à double fond.
Mais il n’est cependant pas homme à rester les bras croisés-mains ballantes à contempler le fleuve. Les bouts de bois deviennent un mécano industriel pour construire des voitures. Les vieilles affaires se parent des atours d’une noble tradition à revisiter, à réinterpréter dans l’acception moderne de la mobilité et de ses flux d’un genre nouveau. La beauté d’Ava Gardner, il la pèche, la ranime, n’hésitant pas à s’essayer au jeu contemporain du morfing, pour la répandre en halo sur ses produits.
L’épopée du renouveau de Citroën lui a donné raison et se poursuit encore. Celle de Peugeot commence, mieux vaut avoir raison deux fois.
En bon ingénieur de formation, décrit comme volontiers cartésien, il saura géométriser le partage des territoires. Même si on le traduit par “méditer”, “mermèrizô” voulait précisément dire, en grec ancien, “être partagé”. Cette signifiante acrobatie étymologique lui va bien.
Deux marques donc, et peut-être bientôt trois, pour conquérir le monde. Un monde nouveau où les points de fuite se multiplient et bougent, changeant les lois de la perspective de toute une industrie. Entre des modèles classiques amenés à monter en gamme et des produits estampillés “mainstream”, Vincent Besson participe à l’invention du langage Babel du groupe. Loin des grosses caisses, avec la finesse de la cantate Babel de Stravinsky.
Le tout en attendant la rupture environnementale, mais sereinement. Vincent Besson peut s’approprier cette phrase de Pascal Quignard, dans Tchouang-tseu : “Les paroles qui dévoilent le contraire des affirmations qui jugent. Rien n’y est prédiqué. Elles sont comme des sensations plutôt que des significations”.
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