Des leaders qui vacillent
...japonaises plus économiques.
L'année débute mal pour DaimlerChrysler. Mercedes Car Group, branche regroupant Mercedes, Smart et Maybach, vient de connaître sa première perte d'exploitation trimestrielle depuis 1993 avec un déficit de 954 millions d'euros. Ce mauvais résultat s'explique, selon la firme, par les charges de restructuration de Smart (800 millions d'euros) et l'exceptionnelle campagne de rappels touchant 1,3 million de véhicules de la marque à l'étoile. Le coût total de ces opérations devrait atteindre au minimum 1,7 milliard d'euros sur l'exercice 2005 dont 1,2 milliard imputés au redressement de Smart et 500 millions provisionnés pour couvrir les frais de la campagne de rappels. Parallèlement à ces décisions difficiles, le haut niveau de l'euro n'a pas aidé le constructeur allemand, tout comme sa branche américaine.
Mercedes doit revenir aux profits dès le deuxième trimestre
Au cours du premier trimestre, Chrysler a dû également composer avec un euro fort et un marché nord-américain toujours marqué par une guerre des tarifs. Ces facteurs entraînent une baisse de 17 % du bénéfice d'exploitation de la société, sans toutefois l'amener dans le rouge, puisqu'il atteint 252 millions d'euros à la fin du premier trimestre. Selon Bodo Uebber, directeur financier de DaimlerChrysler, "la course aux rabais va continuer sur le marché américain", contraignant ainsi la firme à une course parallèle pour réduire ses coûts de production. Une telle perspective n'effraie pourtant pas les dirigeants de DaimlerChrysler qui tablent sur une progression des ventes et du bénéfice d'exploitation au deuxième et surtout au troisième trimestre 2005. Le recul de 30 % du bénéfice net (288 millions d'euros) subi après les trois premiers mois de l'année devrait donc laisser la place à des résultats plus conformes aux exigences du groupe. Les chiffres du mois d'avril semblent donner raison aux dirigeants allemands puisque Mercedes Car Group a enregistré une hausse de ses ventes de 2 %, à mettre principalement au crédit de Smart, le spécialiste des petites voitures ayant vu ses commandes progresser de 9,7 %. Ces progressions devraient aider DaimlerChrysler dans son coude à coude avec BMW.
BMW ralenti par l'euro fort, mais toujours devant Mercedes
Le grand rival BMW subit lui aussi les conséquences du haut niveau de l'euro avec une légère baisse de 0,8 % de son bénéfice net au premier trimestre (519 millions d'euros). Cette tendance s'est prolongée sur son bénéfice avant impôts qui chute de 4,6 %, à 812 millions d'euros. Pour Helmut Panke, président du directoire de la marque, "le résultat net et le chiffre d'affaires ont été affectés par des facteurs externes : la hausse du prix des matières premières et l'euro fort, mais aussi par la concurrence intense entre constructeurs, notamment sur le marché américain". Le poids de ce marché dans les ventes du groupe rend la firme particulièrement sensible aux variations de l'euro face au dollar qui se sont traduites au premier trimestre par une baisse de la valeur des ventes effectuées sur le nouveau continent. BMW souligne également le poids financier du lancement de la nouvelle Série 3 dans ce bilan comptable en perte de vitesse qui ne reflète pas l'état de santé global du groupe. Si les comptes subissent un léger fléchissement, les ventes ne faiblissent pas. Au contraire, les trois blasons de la firme ont livré au premier trimestre 292 207 véhicules, soit 8,2 % de plus qu'en 2004. Ce chiffre place BMW-Mini devant son rival Mercedes Car Group avec un différentiel de 30 500 voitures. Cette tendance s'est confirmée au mois d'avril avec un bond de 9,1 % de ses ventes mondiales et devrait se prolonger, selon les prévisions de Helmut Panke. Ce dernier table en effet sur une hausse des ventes de 6 à 9 % pour 2005 grâce au bon début de la Série 3 et au succès confirmé de la Série 1. Ces données permettent à BMW de présenter le meilleur bilan des trois constructeurs allemands, devant DaimlerChrysler et Volkswagen qui a lui aussi souffert au premier trimestre.
La division Volkswagen pénalise son groupe
La concurrence exacerbée qui règne sur le marché chinois vient de se traduire pour le premier groupe automobile européen par une chute de 32 % de ses ventes et une perte de 17 millions d'euros qui réduisent sa part de marché à 18 %, loin des 26 % du début de l'année 2004. Au niveau global, la branche Volkswagen (VW, Skoda, Bentley, Bugatti) a subi une perte d'exploitation de 53 millions d'euros au premier trimestre, essentiellement imputable à la marque VW. Selon les dirigeants du groupe, la commercialisation au deuxième trimestre de nouveautés importantes comme la Golf Plus, la Jetta et la Passat explique le déficit des trois premiers mois. Parallèlement, "Skoda et Bentley ont dégagé des bénéfices sur la période au niveau de l'exploitation", confirme le groupe, tout comme la branche Audi (Audi, Seat, Lamborghini) qui a conclu la même période sur un bénéfice d'exploitation de 303 millions d'euros. Le statut de numéro 1 ne protège en rien des difficultés puisque General Motors, 1er constructeur mondial, traverse, comme le leader européen, une période difficile.
GM classé parmi les investissements à risque
Avec des pertes de 1,1 milliard de dollars au 1er trimestre, General Motors vient de connaître son plus mauvais résultat depuis dix ans. Le mois d'avril a confirmé cette tendance avec un recul de 7 % des ventes du constructeur aux Etats-Unis. Le segment des "trucks", souvent très gourmands en essence, affronte une forte concurrence asiatique en même temps que la flambée des cours du pétrole. Parallèlement, la firme de Detroit connaît davantage de succès avec ses berlines, mais les prévisions pour le 2e trimestre et la fin de l'année restent inférieures aux chiffres de 2004. En écho à ces résultats, le constructeur a été classé par l'agence de notation financière Standard and Poor's parmi les investissements à risque malgré l'annonce du milliardaire Kirk Kerkorian d'acheter 28 millions d'actions GM à 31 dollars l'unité. Le magnat des casinos de Las Vegas a l'intention de porter sa participation dans le capital de la marque de 3,89 à 9 %. Selon Rebecca Lindland, membre du cabinet d'experts Global Insight, Kirk Kerkorian pourrait utiliser ses connaissances au sein du syndicat UAW (United Auto Workers) pour faciliter les négociations avec la direction de General Motors afin d'abaisser les coûts sociaux liés à d'importants effectifs. Face à cette succession de problèmes chez le premier constructeur mondial, son grand rival Toyota se porte à merveille sur les marchés internationaux.
Qui arrêtera Toyota ?
Le n°2 mondial a clos le 31 mars un exercice 2004-2005 record avec un chiffre d'affaires en progression de 7,3 % et un bénéfice net de 8,709 milliards d'euros. Sur le marché américain, la firme japonaise profite de sa large gamme de berlines à faible consommation face aux bataillons de SUV et pick-up gloutons proposés par GM et Ford. Dans cette période d'affrontement, une trêve aura lieu prochainement sous la forme d'un dîner entre Fujio Cho, P-dg de Toyota, et Rick Wagoner, son homologue chez GM, pour évoquer une éventuelle coopération technique.
Frédéric MartySur le même sujet
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