Baisse des émissions de CO2 de VN : des réactions passionnées
Qu’ils soient jugés trop élevés ou trop bas, les objectifs européens de réduction des émissions de CO2 de 2025 et 2030 des VP et VUL neufs n’ont en tout cas laissé personne indifférent. Du côté des constructeurs , le CCFA, que nous avons contacté, n’a pas souhaité pour le moment commenter ces objectifs. Les groupes automobiles annoncent de leur côté se ranger derrière les déclarations de l’Acea. Pour l’Association des constructeurs européens d’automobiles, et sans réelle surprise, ces objectifs restent dangereux pour le secteur automobile en Europe. "Bien que les niveaux de réduction de CO2 convenus par les Etats membres soient moins agressifs que ceux votés par le Parlement européen la semaine dernière, ils risquent toujours d'avoir un impact négatif sur la compétitivité de l'industrie, des travailleurs de l'automobile et des consommateurs", a averti Erik Jonnaert, secrétaire général de l’Association des constructeurs européens d’automobiles.
L'ACEA reconnaît toutefois que le système de référence visant à inciter les véhicules à émissions zéro et faibles, tel que proposé par la Commission et les Etats membres, donne le bon signal à l'industrie et aux consommateurs. Mais reste préoccupée par le fait que le système soit fondé sur les sanctions et associé à des quotas de vente élevés, "non conformes à la réalité et qui porteraient atteinte au principe de neutralité technologique".
Le CCFA et la VDA inquiets des conséquences sur l'emploi
Xavier Horent, délégué général du CNPA a de son côté souhaité tirer la sonnette d'alarme. Et ce "compte tenu de la raideur de la pente. L'une des inconnues de l’équation électrique - déséquilibrée - est la nécessité d'investir massivement dans les technologies, d'anticiper sur les probables problèmes d’approvisionnement en matières premières et de mobiliser beaucoup de cash tout en convaincant des clients rétifs... Une stratégie française et européenne réaliste est incontournable sans confondre vitesse et précipitation. Ne fragilisons pas notre industrie et nos services dont le gisement en valeur ajoutée et emplois est fondamental pour l'avenir."
Branle-bas de combat également en Allemagne, qui a pourtant fini par s'aligner sur la décision des 35 %. La fédération allemande de l’industrie automobile (VDA) a évoqué les risques de suppressions d’emplois liées à cet accord qualifié d’irréaliste et dangereux pour l’emploi. Pour rappel, dans ce pays, le secteur automobile emploie 800 000 personnes. "Il est déjà clair que l'UE n'atteindra pas ces objectifs trop élevés pour l'industrie automobile, et aucun objectif comparable n'a jamais été envisagé ailleurs dans le monde", dénonce la VDA dans un communiqué. "L'industrie automobile européenne sera encore plus exposée à la concurrence. (...) Cela met des emplois et des sites de production en danger", a commenté le président de la VDA Bernhard Mattes.
Les déçus font aussi entendre leurs voix
Discours logiquement radicalement opposé du côté des ONG protectrices de l’environnement alors que le Giec appellait la veille à une baisse globale d’au moins 45 % des émissions d’ici 2030. Concernant le secteur des transport, l'ICCT a chiffré une baisse nécessaire de 70 % des émissions de CO2 des VN à l’horizon 2030 afin de rester dans les clous fixés dans le cadre de l’accord de Paris. L’ONG européenne Transport & Environment a été une des premières à se faire entendre et s’est sans surprise déclarée déçue, estimant que cette position est bien inférieure à ce qui est nécessaire pour se conformer à la loi 2030 sur le climat de l’UE et éviter les changements climatiques dangereux, comme souligné dans le rapport du Giec. Pour Greg Archer, directeur des véhicules propres chez T&E, "la décision prise par les gouvernements européens est décevante pour la planète. Elle montre à quel point la Commission et certains Etats membres se sont éloignés du leadership climatique pour accorder la priorité aux intérêts des constructeurs automobiles, malgré les avertissements alarmants quant aux effets d'un changement climatique dangereux".
L’ONG a par ailleurs fustigé le rôle de l’Allemagne dans ces négociations. "L'Allemagne et les pays de Visegrad ont exercé de fortes pressions pour obtenir une réduction maximale de 30 % proposée par la Commission européenne, aidée dans les coulisses par le commissaire Cañete. Le Danemark, l'Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Slovénie et la Suède ont exprimé leur déception face à la position convenue et ont déclaré qu'ils appelleraient à une ambition accrue dans les négociations avec le Parlement."
Des euro-députés français exapérés
En France, du côté des politiques, les eurodéputés socialistes n’ont pas tardé à montrer leur exaspération. Pour Christine Revault d’Allonnes-Bonnefoy, présidente de la délégation socialiste française et cheffe de file sur les questions de transports, "les ministres de l’Environnement devaient se sentir honteux du résultat des négociations et d’espérer qu’un tel renoncement serait moins visible au milieu de la nuit, après treize heures de tergiversations : vingt-quatre heures après la publication du rapport du Giec, un tel recul est scandaleux. Il menace ni plus ni moins la santé et l’environnement de tous les habitants de notre planète. C’est un assassinat à petit feu, aux conséquences bien réelles pour des millions de citoyens, à commencer par les plus fragiles".
Cet accord, qui ne semble donc satisfaire personne hormis ceux qui l'ont approuvé, sert toutefois de base aux négociation du Parlement, de la Commission et du Conseil européen pour la validation des objectifs définitifs. Ces derniers devraient être connus avant la fin de l'année.
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