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Constructeurs

Automechanika Shanghai : “the big one” !

Publié le 14 juin 2012

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Si la forte croissance du marché du VN chinois est régulièrement mise en avant, il convient de ne pas oublier l’Eldorado que représente aussi le marché des pièces. Le marché aftermarket et maintenance progresse d’ailleurs désormais plus vite que le marché automobile en général. Le Salon Automechanika Shanghai traduit parfaitement ce rayonnement. Malheureusement avec une présence française très réduite…

Après Francfort, Shanghai est d’ores et déjà le deuxième Salon Automechanika le plus important du monde. Fort logiquement, il prendra prochainement la première place. L’édition 2011 s’est à nouveau soldée par un franc succès, avec des exposants en progression (+ 16 %) au même titre que les visiteurs (+ 21 %). Parmi les nouveaux exposants d’envergure, on peut citer, sans prétendre à l’exhaustivité : Biaobang, BorgWarner, EGR, Graco, Mann-Hummel, NTN-SNR, Panasonic, Philips, Sansui, Tech, Tongrun and UCI / FRAM. Sur ces deux mêmes versants, l’internationalisation du Salon va aussi bon train (340 exposants et 28 % du visitorat). A ce propos, on peut s’étonner, voire même carrément s’inquiéter, de la très faible présence française… Articulé autour de l’OEM et de l’aftermarket, tandis que Francfort tend plus vers l’aftermarket, Automechanika Shanghai prévoit de pérenniser cette dualité à l’avenir, ses dirigeants arguant qu’elle est pleinement justifiée par le marché. La satisfaction des exposants est d’ailleurs au rendez-vous. Andy Zhou, manager chez Federal-Mogul Chine, affirme ainsi : “Pour nous, le Salon apparaît comme une plate-forme idéale pour rencontrer les fournisseurs locaux et affiner notre sourcing”. Les organisateurs du Salon programment cependant des évolutions et l’édition 2011 a d’ailleurs accueilli pour la première fois un pavillon dédié au remanufacturing. Ronald Carr, vice-président de MCI Cores, indique que “le marché du remanufacturing va devenir très conséquent en Chine et qu’il est important de cibler dès maintenant les clients potentiels”. Lors des prochaines éditions, et peut-être dès 2012, le Salon devrait aussi mettre en place un espace dédié aux pneumaticiens et renforcer l’espace consacré aux accessoires au sens large.

Un marché considérable… qui devrait encore tripler en 10 ans !

Après le croisement de différentes estimations, le marché de la pièce en Chine est évalué, pour l’exercice 2011, à environ 1,5 trillion de CNY ! Et ce n’est qu’un début ! En effet, selon Helmut Engel, directeur Automotive Aftermarket chez ContiTech, “le marché des pièces devrait quasiment tripler au cours des dix années à venir”. Boosté par le niveau des ventes de VN et par l’élargissement régulier du parc roulant, “la croissance de l’aftermarket en Chine devrait être de 20 % chaque année entre 2012 et 2015, puis encore de 10 % chaque année sur la période 2015-2020”, ajoute Helmut Engel. Toutefois, cette croissance programmée n’est pas non plus sans piège. Si la capacité à suivre la cadence au niveau des capacités de production locale est essentielle, des dirigeants de ContiTech comme de Bosch soulignent qu’il est aussi nécessaire de suivre de près les éventuelles inflexions que le gouvernement chinois peut donner au marché. En filigrane, on retrouve la volonté de Pékin de voir les fabricants chinois détenir 50 % de parts de marché à l’horizon 2020.

Un marché promis à la concentration ?

Par ailleurs, l’éclatement du marché soulève aussi plusieurs questions. Pour Alex Ashmore, responsable Aftermarket Asie-Pacifique de TRW Automotive, “cet éclatement pose problème, c’est indéniable. On voit encore des distributeurs, entre guillemets, qui ne représentent qu’une seule marque ou qu’un seul modèle ! Ils sont parfois installés dans des surfaces de 5 m2 ! Dès lors, vous imaginez la problématique des stocks…”. On peut encore ajouter qu’on recense plus de 30 000 distributeurs de pièces en Chine. Dès lors, concentration et structuration du marché figurent au premier rang de toutes les prévisions. Mais Alex Ashmore tient à mettre un bémol à cette affirmation : “La concentration du marché chinois alimente les analyses depuis dix ans déjà, sans résultats notables pour l’instant. Certes, avec l’effet d’échelle désormais atteint, les choses vont forcément évoluer et s’accélérer dans les dix prochaines années. Mais s’accélérer, pour nos activités, ne signifie pas changer du jour au lendemain. C’est toujours un long processus. De surcroît, un processus économiquement sensible et si certains peuvent y gagner, beaucoup d’autres ont aussi beaucoup à perdre…”. Pour optimiser les flux d’activités et par extension, le business, de nombreux acteurs du marché prônent le développement de la gestion et des catalogues électroniques. Mais la route est longue, surtout lorsqu’on constate qu’un atelier peut parfois fournir plus de 700 ateliers de taille plus modeste… “C’est néanmoins le sens de l’histoire et la Chine a, de surcroît, le pouvoir de sauter quelques étapes intermédiaires”, indique un responsable de TecDoc. Reste enfin le problème de la contrefaçon… Sous couvert d’anonymat, le dirigeant d’un grand équipementier américain confie : “Cela représente actuellement 20 % du marché aftermarket en Chine. Les autorités chinoises nous assurent qu’elles agissent pour lutter contre, mais c’est une tâche difficile”. Et d’ajouter que c’est d’autant plus difficile qu’il s’agit d’un trait culturel du pays, au même titre que les pots de vin… Ces différentes objections ne sauraient cependant faire oublier la formidable opportunité que représente ce marché. Rendez-vous fin 2012 pour la 8e édition d’Automechanika Shanghai.
 

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