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Constructeurs

24 heures du Mans : Peugeot rate le coche

Publié le 20 juin 2008

Par Marc David
8 min de lecture
En dépit de la supériorité de la 908 HDI FAP en performance pure, Audi a fait triompher sa technologie pour la 3e fois consécutive au Mans.Question : comment peut-on perdre une course alors qu'on a placé ses trois voitures...
En dépit de la supériorité de la 908 HDI FAP en performance pure, Audi a fait triompher sa technologie pour la 3e fois consécutive au Mans.Question : comment peut-on perdre une course alors qu'on a placé ses trois voitures...

...aux trois premières places de la grille de départ, en ayant au passage pulvérisé les chronos de référence, et que le rythme en course de ces mêmes voitures sur le sec était au moins de trois secondes plus rapide que celui de la concurrence directe ? Raccourci facile certes, mais par trop tentant. Une chose est certaine. C'est pourtant bien ce qui est arrivé aux hommes de Peugeot Sport (pilotes y compris), qui risquent fort de méditer sur la réponse pendant un bon moment. Sérieux débriefing au programme, avant de se remettre au travail et de repenser aux futurs objectifs ! Problème, néanmoins. Au contraire des Grands Prix qui se déroulent tous les quinze jours, les 24 Heures du Mans ne se déroulent qu'une fois par an. Ainsi, pour Peugeot, l'heure de la revanche ne sonnera qu'en juin 2009…

Pour ce qui est du résultat brut, Audi a gagné Le Mans pour la huitième fois en dix participations. En particulier, les Audi R10 TDI restent invaincues dans la Sarthe puisque le prototype à moteur Diesel s'est imposé trois fois en trois participations. Au terme d'une 76e édition formidablement disputée et passionnante, l'italien Dindo Capello, le danois Tom Kristensen et l'écossais Allan McNish ont triomphé au volant de l'Audi R10 TDI n°2. Mieux, en s'imposant pour la 8e fois sur le mythique circuit des "24 Heures", Kristensen enfonce encore un peu plus le clou au niveau du nombre de succès absolus. Désormais, il précède Jacky Ickx de deux unités. "Chaque victoire dégage une saveur particulière mais la dernière, celle pour laquelle l'on vient de se battre, paraît toujours géniale, déclarait le danois. C'est géant ! Il est certain que nous avons réalisé la course parfaite, sans connaître le moindre problème. En outre, côté stratégie, l'équipe a été formidable en effectuant le bon choix de pneus lorsque la pluie est tombée en abondance".

ZOOM

Avec les autres…

Des temps au tour supérieurs de 10 s par rapport à la meilleure "Diesel", une voiture (la n°16 de Collard/Boullion/ Dumas) perdue à 6h42 sur casse moteur… les choses ne se présentaient pas au mieux pour la valeureuse équipe d'Henri Pescarolo, en dépit du soutien inconditionnel (et passionné) de François Fillion, le Premier ministre. Pourtant, à l'issue de la course, l'équipe mancelle aura la satisfaction de terminer 1re des "essence", la n°17 de Primat/Tinseau/Treluyer se classant 7e du général (soit la meilleure place possible visée par le grand Henri) devant la Courage-Oreca du trio Ayari/ Duval/Groppi. "Nous savions qu'il y avait deux courses en LMP1 cette année et nous avons remporté l'une des deux contre Lola-Aston Martin, Courage-Oreca, Dome et autres… lâchait le patron peu après l'arrivée. Nos trois pilotes ont été fantastiques dans ces conditions extrêmement difficiles".

En LMP2, la Porsche RS Spyder du Van Merksteijn Motorsport (Bleekemolen/Verstappen/Van Merksteijn) s'est facilement imposée tandis qu'en LM GT1, Aston Martin a remporté de très peu son duel face à Corvette. Plus concrètement, la Corvette n°63 de Fellows/Magnussen/O'Connell finit dans le même tour (344 tours couverts) que l'Aston n°009 victorieuse de Brabham/Garcia/Turner ! En LM GT2, Ferrari réussit un quadruplé avec la F430 GT, la timbale revenant à la voiture du Risi Competizione que pilotait le trio Salo/Melo/Bruni.

Paradoxalement, c'est sans doute aux essais officiels qu'Audi a remporté la course

Pour ce qui est de la course, le duel tant attendu entre Audi et Peugeot a bien tenu ses promesses. Devant un public record de 258 500 personnes, les six voitures rivales à moteurs Diesel ont livré une fantastique bataille qui a finalement tourné à l'avantage d'Audi pour 4 minutes et 31 secondes. Durant toute la course, l'Audi R10 TDI victorieuse et la meilleure des Peugeot 908 HDI FAP n'ont jamais été séparées par plus d'un tour. Ainsi, en menant la course pendant 14 heures, Peugeot démontrait que les temps réalisés aux essais qualificatifs n'avaient rien de superficiel. En effet, si les trois Peugeot 908 passaient sous la barre mythique des 3'21''20 à l'issue de la première séance du mercredi soir, Stéphane Sarrazin signait une fantastique pole position en 3'18''513 (avec une 908 HDI FAP équipée de pneus Michelin "medium"), équivalant à une moyenne de 247,16 km/h ! Paradoxalement, en refusant de jouer le jeu de Peugeot dans la recherche de la meilleure performance, se concentrant davantage sur la définition du meilleur set-up en vue de la course (en fait, le meilleur compromis possible entre des conditions de piste sèches et humides), c'est sans doute aux essais officiels que l'équipe Audi Sport Team Joest a décroché la victoire finale. Indiscutablement, l'expérience a parlé !
Bref, comme prévu, la Peugeot n°8 de Lamy/Sarrazin/Wurz dominait les deux premières heures de course avant que le gardois, alors au volant, ne connaisse un problème au niveau de l'actuateur de commande de la boîte de vitesses. Bilan, 23'20'' d'arrêt, et une dégringolade à la 31e position. Pendant ce temps, la Peugeot n°7 de Gené/Minassian/Villeneuve lui succédait brièvement en tête avant de laisser la n°9 de Montagny/Zonta/Klien aux commandes après un quadruple relais mené grand train par Franck Montagny. Hélas, à la tombée de la nuit, le leader Christian Klien était poussé dans un bac à graviers lors d'une manœuvre de dépassement. Il perd alors un tour et cède le leadership à la n°7 à très exactement à 22h08…

En s'invitant à la fin de la nuit, la pluie s'est montrée un précieux allié pour Audi

Ainsi, Marc Gené, Nicolas Minassian et Jacques Villeneuve ont mené la 76e édition des 24 Heures du Mans toute la nuit. Mais à 4 h du matin, la pluie a fait son apparition sur le circuit manceau et les pilotes Peugeot ont peu à peu perdu du terrain sur leurs concurrents directs. A 5h17, l'Audi n°2 passe en tête de la course, avant de profiter des pluies matinales pour accroître son avance (1 mn à 6 h, soit après 15 h de course). A ce moment, les propos de Jacques Villeneuve traduisent effectivement une certaine impuissance : "nous avons commencé à avoir un problème de surchauffe (dû à l'encrassement du radiateur gauche, NDLR) peu après le début de mon relais, que nous avons réussi à solutionner, explique le champion du monde de F1 1997. Puis il a commencé à pleuvoir. Je me suis arrêté pour chausser des pneus pluie, mais ils étaient froids et il a fallu un certain temps pour les faire monter en température. J'ai passé un moment difficile". A une heure du drapeau à damiers, la pluie refait son apparition sur certaines parties du circuit. La course s'emballe. Deuxième au volant de la Peugeot n°7, Nicolas Minassian joue son va-tout en restant en pneus slicks face à l'Audi de tête qui a chaussé des pneus pluie. Le marseillais a tout donné, effectuant même un tête-à-queue à la chicane Dunlop. Néanmoins, l'écart avec la voiture allemande demeure désespérément stable. A 20 mn de la fin, Minassian rentre au stand pour monter des pneus maxi pluie, mais il est trop tard d'autant que les conditions météos se révèlent à nouveau changeantes. De son côté, la Peugeot 908 n°9 termine sur le podium, tandis que la n°8 est remontée de la 31e à la 5e place finale… avec la satisfaction d'avoir signé le tour le plus rapide en course. En effet, Stéphane Sarrazin, toujours lui, a bouclé le 102e tour en 3'19''394, à la moyenne de 246,068 km/h. Si le chrono du record du tour en course établi en 1971 par Jackie Oliver (Porsche 917) tient toujours avec 3'18''4 (sans les chicanes des Hunaudières), le gardois s'en est approché à moins d'une seconde. Une énorme performance ! Reste que, au Mans comme ailleurs, seule la victoire compte. Certes, Peugeot a perdu face à Audi, mais Peugeot a perdu la tête haute. "Bien sûr, nous étions là pour gagner et nous sommes forcément un peu déçus, concédait Michel Barge, directeur de Peugeot Sport. Cela dit, le bilan est positif et même si nous sommes passés tout près de l'objectif, nous avons réalisé une superbe prestation. Le duel avec Audi a été intense et nous reviendrons l'année prochaine pour croiser à nouveau le fer. On se fixera le même objectif, c'est comme ça qu'on avance". Certes.

FOCUS

Le classement

• 1er : Capello/McNish/Kristensen (Audi R10 TDI n°2), 381 tours (5192 km)
• 2e : Gené/Minassian/Villeneuve (Peugeot 908 HDI FAP n°7), à 4'31''094
• 3e : Montagny/Zonta/Klien (Peugeot 908 HDI FAP n°9), à 2 tours
• 4e : Luhr/Prémat/Rockenfeller (Audi R10 TDI n°3), à 7 tours
• 5e : Lamy/Sarrazin/Wurz (Peugeot 908 HDI FAP n°8), à 13 tours.

Photo : Dominée par Peugeot en performance pure, Audi a su s'entourer des meilleurs ingrédients pour signer un 3e succès consécutif dans la Sarthe avec sa R10 TDi.

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