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Entretien avec Jean-Philippe Collin, directeur général de Peugeot.

Publié le 27 mars 2009

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
"Nous cherchons à créer plus de flexibilité."Conscient que l'année 2009 sera difficile, Peugeot continue de travailler...
"Nous cherchons à créer plus de flexibilité."Conscient que l'année 2009 sera difficile, Peugeot continue de travailler...
...sur la réduction de ses stocks, mais compte également beaucoup sur ses nouveautés, la 3008 en tête, pour grignoter des parts de marché.

Journal de l'Automobile. Comment jugez-vous la performance de Peugeot depuis le début de l'année ?
Jean-Philippe Collin. Nous gagnons des parts de marché sur les canaux particuliers et entreprises. Nous avons effectivement choisi délibérément ces canaux-là avec succès. Et cette situation se retrouve plus généralement en Europe. Nous recueillons ainsi les fruits d'une politique initiée depuis deux ans reposant sur une intense activité de management des opportunités. C'est-à-dire que nous sommes engagés dans une "guerre de position". La prime à la casse en Allemagne, en France, en Italie ou les prêts à taux 0 en Espagne, illustrent cette guerre de position où nous devons en permanence aller chercher les prises de vent du marché. De plus, nous effectuons également un intense travail au quotidien, avec le réseau, pour réduire les stocks et travailler avec des stocks les plus faibles possibles.

JA. Êtes-vous aujourd'hui revenu à des niveaux de stocks raisonnables ?
J-P C. Nous n'avons pas encore atteint le niveau souhaité. En revanche, nous sommes dans une dynamique de forte décroissance et faisons même mieux que notre plan initial. Nous avons travaillé en très étroite collaboration avec le réseau afin de faciliter son fonctionnement au quotidien et préserver sa trésorerie. Et ce vaste plan ne se limite pas à la France. Nous cherchons à créer beaucoup plus de flexibilité entre les pays afin de pouvoir répondre à la demande où elle se trouve. C'est-à-dire pouvoir réorienter en permanence notre flux logistique. En Allemagne par exemple, où Peugeot a enregistré une hausse de plus de 100 % de ses commandes en février, il est important de pouvoir fournir très vite les véhicules.

JA. Qu'en est-il des stocks VO ? Avez-vous mis en place des actions afin que cela ne devienne pas un problème ?
J-P C. Comme pour le VN, nous avons défini une feuille de route pour le VO. Nous avons mis en place des dispositifs commerciaux, mais aussi en amont du VO. Car cette activité se nourrit de flux amont. Pourquoi y a-t-il des stocks ? Parce qu'à un moment donné les flux aval ne sont plus en adéquation avec les flux amont. D'où des politiques très strictes sur la sélectivité des canaux commerciaux. Avec cet ensemble de dispositifs, nous travaillons notre VO au quotidien comme nous ne l'avons peut-être jamais travaillé.

JA. Citroën vient de présenter le futur visage de ses concessions. Qu'en est-il chez Peugeot, avez-vous des projets en cours en la matière ?
J-P C. Peugeot a eu des changements plus récents que note marque cousine, il y avait un agenda différent. Bien entendu, nous travaillons en permanence sur notre positionnement de marque et sur l'évolution de ce positionnement. Je voudrais quand même indiquer que dans le positionnement de Peugeot, il y a l'idée que vous avez en face de vous une marque qui écrit l'avenir de l'automobile depuis 120 ans. Même 130 ans de mobilité puisque nous sommes l'une des quatre marques mondiales qui proposent également des deux roues. De plus, le positionnement environnemental de Peugeot est incontestable mais surtout d'actualité, puisqu'un véhicule sur six en dessous de 120 g de CO2 vendu en Europe est une Peugeot.

JA. Citroën semble vouloir "spécialiser" certains de ses showrooms par type de produits. Peugeot va-t-il également développer cela ?
J-P C. Ce n'est pas le produit, mais le client qui demande des services ! Nous souhaitons que l'ensemble du réseau gagne en qualité de service. Nous sommes en train de nourrir des offres de services qui évolueront dans le temps, mais fondamentalement, notre philosophie est de ne pas le différencier. Nous souhaitons que le réseau Peugeot soit capable d'offrir l'ensemble de la gamme. Notre degré d'exigence continue de se renforcer, mais il ne va pas se traduire par une stratification du réseau ou par un réseau d'élite. Nous croyons que comme la marque Peugeot, qui est une marque monolithique, un réseau lui aussi monolithique est une force surtout en période de crise. Mais monolithique ne veut pas dire immobilisme. Au contraire.

JA. Vous présentez ici la 3008, le premier crossover de Peugeot. Quelles sont vos ambitions ?
J-P C. En 2009, Peugeot va introduire deux nouveaux véhicules, deux nouvelles silhouettes, sur des segments où nous n'étions pas présents jusqu'ici. Après le 3008, un crossover éco-responsable avec version à 130 g puis une version hybride Diesel en 2011, nous présenterons à l'automne un monospace compact 5 et 7 places. Ce sont deux véhicules différents qui ne s'adressent d'ailleurs pas au même type de population. Il ne faut pas croire que notre monospace compact sera une version 7 places de la 3008.
La 3008 est le premier crossover de Peugeot et donc un véritable véhicule de conquête sur un segment qui était en croissance en 2008 et le restera. Nous voulons absolument capter cette croissance avec un positionnement à la Peugeot, c'est-à-dire amener des technologies uniques sur ce segment des crossovers avec par exemple un système de vision tête haute.

JA. Quel volume espérez-vous avec cette 3008 ?
Le marché nous le dira, mais nous allons essayer d'approcher les 100 000 unités.

JA. Parmi les autres nouveautés, il y a la 206+.  Est-ce votre approche low-cost ?
J-P C. Non, car si l'on raisonne en termes de prix, la 107 est encore plus attractive. Je dirais qu'il s'agit de notre approche du segment B. Ainsi, aux côtés de la 207 - 3e véhicule le plus vendu en Europe -, de la 107 - dont nous vendons tout ce que nous pouvons fabriquer - , nous allons renforcer la 206 avec la 206+. Cette réponse n'est donc pas une réponse low-cost, mais une réponse qui a du sens pour le client sur ce segment B.

JA. Peugeot vient également d'annoncer le retour d'un véhicule électrique dans sa gamme, avec quelles ambitions ?
J-P C. Effectivement, Peugeot vendra un véhicule électrique fin 2010. Je rappelle qu'avec 3 500 d'unités de la 106 Electrique, Peugeot est le plus gros fabricant et vendeur de véhicules électriques à ce jour ! Nous avions stoppé ce programme car à l'époque la demande n'était pas là. Mais rien est perdu, nous allons réinjecter l'intégralité de cette expérience dans le programme actuel. Nous travaillons encore sur le mode de commercialisation ou le mode de financement.

JA. Comment imaginez-vous l'année 2009 ?
J-P C. La responsabilité d'un industriel de l'automobile et d'une marque comme Peugeot est d'avoir une forte lucidité. Nous avons donc planifié un marché européen à - 20 % par rapport à 2008. Toutefois, notre intention est de gagner des parts de marché tant avec les nouveaux véhicules qu'avec les existants. Même chose avec le VUL où Peugeot vient d'ailleurs de dépasser, en janvier, les 10 points de parts de marché en Europe. L'année 2009 sera difficile mais en 120 ans d'existence, Peugeot a déjà connu des crises.

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