S'abonner
Services

Un secteur face à une nouvelle donne

Publié le 13 juillet 2011

Par Armindo Dias
4 min de lecture
Les assureurs doivent désormais composer avec des dégradations régulières de la sinistralité, des coûts de réparation de plus en plus élevés et une législation appelée à évoluer dans plusieurs domaines. Ils ne peuvent en outre plus compter sur les aides gouvernementales. Elles ont été mises en place au lendemain de la crise et elles ont eu un impact non négligeable sur les immatriculations, et donc les souscriptions d’assurances. La profession ne baisse pas les bras pour autant.
Jean Péchinot, sous-directeur de la Fédération française des sociétés d’assurances.

A l’instar des constructeurs, les assureurs s’attendent à faire face à une nouvelle donne en 2011. Les effets conjugués de la fin de la prime à la casse et de la révision des montants du bonus-malus écologique risquent d’avoir un impact sur l’évolution de leur activité dans les prochains mois. “La prime à la casse a été bénéfique à l’ensemble du secteur”, indique Jean Péchinot, sous-directeur de la Fédération française des sociétés d’assurances qui a en charge le marché automobile. Elle a entraîné une hausse des immatriculations et donc des souscriptions d’assurances. Mieux : les nouveaux assurés ont opté pour plus de garanties que par le passé, contrairement aux propriétaires de véhicules âgés.

“En 2010, nous avons aussi assisté à une dégradation de la sinistralité et à une hausse des coûts, tant d’indemnisation que de réparation”, tempère Jean Péchinot. Or, les coûts de sinistres avec dommages matériels, et inclus les frais de gestion, avaient déjà augmenté de 8 % en 2009, selon l’association Sécurité et réparation automobile (SRA). Ils avaient représenté la modique somme de 10 milliards d’euros ! Les assureurs, qui ont globalement augmenté leurs tarifs cette année, ne font heureusement pas que subir les hausses de prix des partenaires qu’ils sollicitent, nombre d’entre eux évoluant dans le périmètre de Sociétés de Groupes d’Assurance Mutuelle (SGAM) type Covéa ou Sferen, ou alors bénéficiant de la création de groupements d’intérêt économique comme Karéo Services.

“La maîtrise des coûts restera l’une des priorités des assureurs”

Ces entités leur permettent de négocier des tarifs auprès de tout ou partie de leurs partenaires (carrossiers, réparateurs, fournisseurs de peintures…). “La maîtrise des coûts restera l’une des priorités des assureurs en 2011”, estime néanmoins le sous-directeur de la FFSA. Aussi, il n’est pas inenvisageable que de plus en plus d’assureurs s’intéressent au marché de la pièce de réemploi : il est normalement synonyme d’économies pour les compagnies d’assurance et les assurés. La Macif n’a pas mis en place pour rien un test impliquant à la fois des experts et des recycleurs, puis développé un portail Web qui permet aux réparateurs de consulter quelles pièces de réemploi sont à leur disposition !

Le monde de l’assurance ne semble en revanche pas craindre l’instauration d’un délai unique de résiliation pour les contrats (Christine Lagarde a déclaré il y a quelques semaines qu’il n’y aurait bientôt plus qu’un seul délai pour pouvoir résilier ses polices d’assurances, qu’elles concernent les automobiles, les deux-roues, les multirisques habitation ou les complémentaires santé). “Nous n’avons pas d’opposition de principe”, indique Jean Péchinot. Les assureurs estiment que cette nouvelle législation, qui doit prochainement faire l’objet d’une proposition de texte de la part du Comité consultatif du secteur financier, ou CCSF, entraînera simplement quelques adaptations internes, notamment informatiques. “Le marché français de l’assurance est déjà très concurrentiel”, explique le sous-directeur de la FFSA. Rien d’étonnant donc si nombre de compagnies d’assurances vont encore chercher à séduire de nouveaux assurés dans les prochains mois, tant particuliers que professionnels. “Les professionnels représentent un axe de développement important pour Aviva, nous a déclaré à ce titre Claude Zaouati, président-directeur général d’Aviva Assurances. Ils font partie de nos priorités au même titre que notre réseau d’agents généraux et que nos partenaires constructeurs, ces derniers participant de façon non négligeable à notre activité.” Aviva travaille en marque blanche pour le compte des constructeurs Ford, Volvo, Mercedes-Benz et Opel. “En plus de promouvoir tous nos services et packs auprès de nos sociétaires pour les fidéliser, nous comptons continuer à nous impliquer dans le véhicule électrique et à explorer d’autres formes de mobilité”, nous a fait savoir pour sa part Christophe Rougon, responsable des marchés à la direction marketing et développement du groupe Macif. La mutuelle revendique le fait d’être le premier assureur à avoir lancé une assistance dédiée aux véhicules électriques en cas de panne sèche de batterie. “Nous sommes aussi l’assureur des véhicules exploités par le réseau d’autopartage France-Autopartage”, relève Christophe Rougon. Bref, autant dire que la concurrence va continuer de faire rage dans le secteur de l’assurance et que les sociétés de courtage n’ont jamais eu autant de raisons d’exister.

-----------------------
CHIFFRES CLES

18,3 milliards d’euros

C’est le montant des cotisations automobiles récoltées par les assureurs en 2010, d’après la FFSA. Il représente une hausse de 2,6 % par rapport à 2009. Sur la même période, la sinistralité automobile a reculé de 1 %, restant toutefois à un niveau élevé dans la mesure où la dégradation avait été importante en 2009 (+ 8 %).

2,5 milliards d’euros

Il s’agit du montant estimé de la fraude à l’assurance de biens et de responsabilité, selon l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa). Les dissimulations d’informations lors de souscriptions et les fausses déclarations à l’occasion de sinistres sont les deux grandes catégories de fraudes.

 

Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle