Malus automobile : les loueurs courte durée au bord de l’asphyxie

Dure période pour les loueurs de courte durée. L'exercice fiscal 2024 pour la plupart des grands acteurs s'est soldé par des pertes abyssales : -13 millions d'euros de résultat net pour Sixt, -17 millions pour Europcar France, -32 millions pour Avis et -263 millions d'euros pour Hertz France... Visiblement l'année 2025 verra les déficits s'enfoncer davantage dans le rouge.
Terminée la période bénie d'après-Covid en 2023. Le secteur est entré dans le dur de la transition énergétique. Soumis aux obligations de la loi d'orientation des mobilités (LOM), comme toutes les entreprises dont la flotte dépasse 100 véhicules, les loueurs de courte durée doivent coûte que coûte verdir leur offre à destination de leurs clients.
Un rythme de verdissement insoutenable
"Nous avons réussi à être exemptés de la Taxe annuelle incitative (TAI) qui frappe aujourd'hui les entreprises dont la flotte dépasse ce quota de 100 véhicules", fait remarquer Guirec Grand-Clément, directeur d'Enterprise France et président du secteur au sein de Mobilians. "Mais pour autant, nous avons une obligation de résultat. En 2025, celle-ci nous impose d'intégrer 15 % de véhicules électrifiés (véhicules émettant au maximum 50 g de CO2 par km, NDLR)".
Les loueurs de courte durée échappent à la sanction car leur flotte est destinée à des clients et non à des collaborateurs. Leur rythme de renouvellement, environ tous les neuf mois, est aussi bien plus rapide que celui des loueurs de longue durée ou des entreprises (entre 36 et 48 mois).
Entre janvier et septembre 2025, ces acteurs n'ont immatriculé que 12 000 véhicules électriques, soit 8,8 % de la totalité de leurs achats. Contre un niveau de 15 % de véhicules à faibles émissions prévu dans la LOM. Mais être exempté de la TAI n'est qu'une petite bouée de secours au regard de l'électrification de leur flotte.
Le malus met en risque beaucoup de loueurs courte durée
"Notre problème aujourd'hui n'est pas le verdissement de la flotte mais bien le rythme auquel nous sommes soumis", ajoute Guirec Grand-Clément. Car dans le même temps, le gouvernement poursuit sa trajectoire de durcissement du malus CO2 et du malus au poids. Le président des loueurs courte durée chez Mobilians a fait un rapide calcul auprès de ses adhérents.
En 2024, ces derniers ont versé 40 millions d'euros de malus à l’État français. En 2025, ce sera 50 % de plus avec une ardoise globale de 62,5 millions d'euros. Et si rien ne bouge au niveau du PLF 2026, les taxes pourraient grimper à 131 millions d'euros. De quoi mettre au tapis tout un pan du secteur. "Cela devient insoutenable. Notre métier est fait à 90 % de TPE, avec beaucoup de franchisés de grandes enseignes ou même de réseaux régionaux.
Pour éviter la faillite du secteur, le syndicat multiplie les actions auprès de l'administration, des députés et des sénateurs. Rien n'est laissé au hasard pour tenter de freiner cette fuite en avant.
Moins d'achat de voitures neuves en 2026 pour limiter la facture
Pour autant, le combat est loin d'être gagné. Et pour limiter la casse fiscale en 2026 et le nouveau tour de vis des malus, les loueurs jouent l’anticipation.
La stratégie est d'ailleurs bien visible dans les immatriculations. Entre janvier et octobre 2025, le canal a mis à la route 158 395 voitures neuves contre 140 986 sur la même période en 2024. Et surtout, ces derniers augmentent les achats cet automne alors que la période de l'année est habituellement marquée par un faible niveau de stock.
"C'est clairement la fiscalité qui nous pousse à acheter en avance, reconnaît Guirec Grand-Clément. Nous essayons d'acheter un maximum de modèles dont le malus augmentera fortement en 2026." Une aubaine également pour les constructeurs qui craignent de garder sur les bras des stocks de véhicules que les clients ne voudront plus acheter car trop taxés.
Mais les achats d'aujourd'hui ne seront pas renouvelés l'année prochaine. Le marché 2026 commence déjà par un endettement !
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