Le dynamisme des enseignes
...de longs mois de crispation, le marché de l'emploi a retrouvé le chemin de la détente et du dynamisme en 2006. Ce que des spécialistes (Mercuri Urval, Michael Page…) laissaient entendre dès mi-2006 s'est donc confirmé. Et les prévisions pour l'exercice 2007 sont plutôt bonnes. Il y a lieu de s'en réjouir, même si de nombreux analystes stigmatisent que cette amélioration de l'emploi doit être relativisée. En effet, d'un point de vue général, il appert que ce sont surtout les emplois non marchands, l'effet CNE et le boom de certains secteurs, au premier rang desquels se trouve le bâtiment, qui tirent le marché vers le haut. Bref, souvent des emplois relevant directement ou non de financements publics. A l'inverse, l'examen des emplois marchands révèle que le bilan n'est pas meilleur qu'en 2005 et le nombre d'emplois dits précaires est en nette augmentation. Toutefois, la dynamique est manifeste et les volumes de recrutement annoncés par les entreprises ont une réelle envergure. Même si, pour le secteur automobile, le paysage change. Ainsi, les gros groupes ne figurent plus dans les palmarès des entreprises qui recrutent le plus publiés par nos confrères. Et pour cause… En France, PSA Peugeot-Citroën et Renault n'ont plus l'intention de créer des postes (ce qui ne signifie pas qu'ils ne recrutent plus) et la défense de milliers d'emplois sera par ailleurs d'actualité une fois les élections présidentielles passées. Chez les grands équipementiers, la période actuelle est très difficile et la création d'emplois se mue en luxe inaccessible. Même dans le cas de Valeo, qui affiche un bon bilan (voir JA n°991), l'heure est plus au grand déménagement hors Europe de l'Ouest qu'à l'embauche massive sur le marché domestique. Néanmoins, dans la famille des équipementiers, les pneumaticiens sont à contre-courant et annoncent des embauches : 500 pour Michelin (dont environ 100 cadres, principalement des ingénieurs) et 135 chez Bridgestone (surtout des profils commerciaux), par exemple.
Le vitrage : un marché porteur
Si les grands groupes ne tirent plus le marché vers le haut, quelles sont les entreprises qui recrutent ? Ce sont principalement les enseignes de services, très souvent adossées au principe de la franchise. A titre indicatif, dans le top 130 des plus gros recruteurs en France en 2007 récemment publié par Challenges, foin de Renault ou de Faurecia, mais on trouve ainsi Norauto (1 800
ZOOMLes cadres sont très recherchés Selon le rapport publié par l'Apec (Association Pour l'Emploi des Cadres), le marché de l'emploi des cadres a connu une année historique en 2006, avec un total de plus de 200 000 embauches. Un indicateur est particulièrement révélateur de cette vitalité : le solde net des nouveaux postes créés a augmenté de 16 % par rapport à 2005, soit 53 500 emplois. "Tous les secteurs et la quasi-totalité des fonctions sont orientés à la hausse", souligne le rapport. Le secteur de la construction est un véritable moteur, tandis que les fonctions "études, recherches & développement", traditionnellement révélatrices de la confiance des entreprises, enregistrent aussi une progression. Pour 2007, l'Apec table sur un nouvel exercice record. D'ailleurs, au dernier trimestre 2006, le taux d'offres d'emplois Apec pour les cadres avait progressé de 25 % par rapport à 2005. Du coup, l'Apec prévoit cette année une hausse des recrutements de 9 %. Ce qui représente 220 000 embauches. Toutefois, les entreprises continuent de rencontrer des difficultés pour recruter, principalement pour trouver les profils correspondant exactement à leurs besoins. Ce dernier élément pourrait donc impacter le marché, mais l'Apec place sa fourchette basse d'embauches à 207 000. Un chiffre toujours supérieur à celui de 2006. |
L'engouement très français pour le système de la franchise ne se dément pas
Ces différentes enseignes s'appuient majoritairement sur le système de la franchise. Une spécificité française, puisque la France est le pays leader de la franchise en Europe. La Fédération Française de la Franchise vient d'ailleurs de publier son rapport 2006 qui souligne qu'il y a 1 037 réseaux en France pour 43 680 franchisés. Les services automobiles représentent 38 réseaux et 4 153 franchisés, en très légère baisse par rapport à 2005, mais le poids des franchisés par rapport aux centres en propre demeure très fort. Selon la dernière étude FFF-CSA-Groupe Banques Populaires, la franchise continue de créer des emplois, chaque réseau ouvrant en moyenne 8 franchises par an, contre deux fermetures ou succursalisation. En outre, chaque franchisé emploie en moyenne 6,3 personnes et crée 1,6 emploi par an. Midas est un bon exemple de ce système, car le groupe compte 85 % de franchisés sur un total de 354 centres. Cette année, Midas table sur 40 recrutements, 30 dans le cadre de reprises de centres et 10 créations qui s'accompagneront à chaque fois de l'embauche d'environ 5 personnes. "Nous recherchons des gens ayant le sens du commerce et l'aptitude à gérer un centre de profit et une petite équipe de proximité six jours sur sept", indique Marielle Bujeaud-Grandjean, responsable du recrutement de l'enseigne, avant de poursuivre : "Nous recevons environ 700 candidatures par an et plus de la moitié sont exploitables. Les candidats sont plus jeunes qu'auparavant, avec une proportion significative de jeunes techniciens de 25 à 28 ans, ayant 3 à 5 ans d'expérience en concession ou chez des concurrents et désireux de se mettre à leur compte". L'attrait de la franchise joue alors à plein : "Ils veulent être à la tête de leur entreprise, mais ils ont aussi les pieds sur terre et cherchent à minimiser les risques en s'adossant à une structure. La franchise est donc la réponse adaptée à leurs désirs". Marielle Bujeaud-Grandjean estime que "la qualité des candidatures est en nette amélioration depuis quelques mois" et précise aussi "qu'avec un processus d'intégration de l'ordre de huit mois, le risque d'erreur de recrutement est limité".
Des candidatures plus nombreuses et de meilleure qualité
Autre exemple, Speedy, qui compte ouvrir 25 nouveaux centres en France (+ 15 à 20 à l'international) et recruter près de 150 personnes pour le développement de son activité vitrage. "Pour le vitrage, nous avons trois niveaux de recrutement : le management, le middle-management, et les opérateurs", précise Serge Laurent, DRH de Speedy, qui reçoit beaucoup de candidatures de salariés en carrosserie ou en concession. D'une manière générale, Speedy reçoit en moyenne une dizaine de candidatures spontanées par jour, "avec une demande croissante de gens travaillant chez les constructeurs, même des cadres", dixit Serge Laurent. "Après des années difficiles, en 2003 et 2004, où nous déplorions une raréfaction des candidats, nous constatons un élan nouveau de la demande et, élément important, la qualité des candidatures augmente", ajoute René Prévost, directeur général Franchise Speedy France&International, avant de préciser : "Nous faisons face à des candidats qui sont vraiment porteurs d'un projet. C'est souvent un projet familial avec la volonté de s'ancrer dans une ville ou une région. Nous rencontrons donc de nombreux agents, réparateurs, responsables de station-service etc." La problématique locale est gérée de façon très opérationnelle chez Speedy via les directeurs régionaux (chez Midas, on a grosso modo le même système avec les IOTC). L'exercice le plus difficile reste le recrutement de chefs de centre. Hors "promotion" interne, la part des candidatures extérieures idoines ne dépasse pas les 10 %. "La question du salaire de l'investisseur-exploitant reste cruciale et l'aptitude à la gestion devient primordiale, surtout que nous devons tenir compte d'une érosion de la rentabilité sur les pièces", commente René Prévost. "Nous sommes dans une dynamique positive, avec des candidatures plus nombreuses et meilleures et un turn-over très sain dans le réseau (Ndlr : inférieure à 13 %)", lance toutefois Serge Laurent avec entrain et confiance.
En somme, les enseignes de services vont clairement animer le marché de l'emploi cette année. Seules ombres au tableau, la difficulté de trouver du personnel qualifié, notamment pour les postes de mécaniciens, et l'obstacle du coût de l'immobilier dans plusieurs grandes villes pourraient parasiter cet élan et réduire le nombre annoncé d'embauches.
A.G.
FOCUSLes résultats de l'enquête Feda (voir graphique ci-contre) Les résultats de l'enquête "Recrutement-Formation" 2006 de la Feda viennent d'être rendus publics. L'enquête stigmatise la coexistence entre un besoin significatif en recrutement et d'importantes difficultés de recrutement. Dans le détail, elle révèle que les fonctions commerciales (tous niveaux confondus) couvrent près de 60 % des besoins des entreprises. C'est largement supérieur aux fonctions techniques (VL, PL et Moteurs) qui représentent 35 % des besoins exprimés par les adhérents de la Feda. Par ailleurs, l'enquête met en évidence que les adhérents privilégient la candidature spontanée comme mode de recrutement. Cependant, Internet gagne du terrain et se place désormais en second support de recrutement, prenant même la première marche du podium pour la recherche de commerciaux. |
ZOOMCas particulier Une enseigne comme Eléphant Bleu, proposant des stations de lavage automatisées, n'est pas un gros recruteur, puisque l'activité s'opère sans main-d'œuvre. Toutefois, le choix de l'exploitant de station n'est pas laissé au hasard. "Au-delà des moyens financiers relatifs à l'investissement, nous recherchons des gens qui ont déjà exploité un commerce et qui font valoir le sens de la proximité et de la vie d'un réseau", affirme Patrick Mary, responsable du développement de l'enseigne, avant de poursuivre : "Généralement, notre franchisé-type n'est pas à la recherche d'un emploi. C'est un concessionnaire, un exploitant d'un centre d'entretien auto, d'un centre de contrôle technique qui veut avoir une activité supplémentaire. Il est clair que la culture automobile est un plus, mais nous avons aussi des directeurs de centre commercial, des agriculteurs ou des professions libérales dans le réseau". En plus de son travail de prospection (mailings aux concessionnaires par exemple), Eléphant Bleu reçoit chaque année environ 1 500 candidatures spontanées, dont 80 % par le net et le téléphone. Sa présence sur les salons régionaux est efficace, avec de bons contacts locaux. En revanche, l'enseigne a délaissé Franchise Expo Paris. "Le vrai frein au développement à Paris relève du foncier et ce salon a en outre pris une dimension internationale qui ne nous convient pas forcément", explique Patrick Mary. Pour 2007, il mise dans l'idéal sur 50 ouvertures (donc 50 postes d'exploitant de station, voire moins car une personne peut s'occuper de plusieurs centres et Eléphant Bleu réunit, hors centres en propre, 470 franchises pour 240 franchisés). Un objectif difficile à atteindre (voir page 9), au même titre que celui du maillage de 1 000 centres dans l'Hexagone. |
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