F1 : Le rouge est remis
...m'appliquant à bien défendre ma position. J'attendais les attaques de Fernando et voilà…" Vainqueur pour la 85e fois de sa carrière sur le circuit d'Imola, théâtre du GP de Saint-Marin, Michael Schumacher commente sa course avec la satisfaction du travail accompli. Durant 28 tours, il a réussi à tenir tête à la Renault du champion du monde en titre (auteur du 5e temps de la séance qualificative), pourtant plus rapide. Les propos de Pat Symonds, le directeur exécutif de l'ingénierie de Renault, l'attestent : "Nous avons assisté à un Grand Prix de Saint-Marin typique, et le résultat est l'inverse de celui de l'an dernier. La Renault était la monoplace la plus rapide, mais cette perception est accentuée par le fait que Schumacher ait connu un deuxième relais plutôt lent. Nous avons essayé d'aménager un tour complet libre à Fernando pour qu'il puisse battre la Ferrari au moment du ravitaillement de cette dernière, mais cela n'a pas fonctionné". Explication. Au cours du deuxième relais, les performances de la Ferrari se dégradent, notamment en raison d'un grainage de ses pneus Bridgestone. En moins de 10 tours, Alonso revient sur lui et commence à lui mettre la pression. Logiquement, les ingénieurs de Renault auraient dû laisser leur pilote en piste plus longtemps pour espérer dépasser la Ferrari au jeu des ravitaillements. "Nous n'avions pas l'essence nécessaire pour prendre cette décision et nous n'aurions sans doute pu faire qu'un tour de plus que Michael, commente Pat Symonds. Pendant ce tour, il aurait été en pneus neufs et nous avons pu voir en qualifications que les Ferrari étaient particulièrement fortes dans ces conditions. Nous avons donc dû nous montrer inventifs et prendre la seule autre option envisageable pour essayer de décrocher la victoire : faire rentrer Fernando plus tôt". Et c'est ainsi qu'Alonso rentre aux stands au 41e tour tandis que Schumacher rentre au… 42e tour ! Pour ressortir en tête.
La victoire de Schumacher a mis fin à une période de disette de 18 mois et 22 GP
"Nous avons changé de stratégie pour se caler sur celle de la Renault, déclarait après-coup le vainqueur. Alors, c'était assez clair, il ne fallait pas se louper !" Et voilà comment, sur un circuit aussi atypique qu'Imola, sur lequel tout dépassement s'avère impossible, la stratégie de course se révèle capitale. Au même titre que les dixièmes de secondes (voire les secondes pleines !) gagnés lors des ravitaillements. Que la Renault d'Alonso ait pu prendre l'avantage sur la Ferrari en bout de ligne droite des stands, et le résultat aurait certainement été tout autre…
Reste que cette victoire, arrachée par Ferrari dans son jardin, devant les tifosi et en présence du président Luca di Montezemolo, a mis fin à une période de disette de 18 mois et de 22 Grands Prix. En effet, exceptée la victoire obtenue lors de la "farce" d'Indianapolis la saison dernière, Michael Schumacher n'avait plus gagné un GP digne de ce nom depuis le 10 octobre 2004, à Suzuka au Japon. Ce retour au premier plan, s'il s'avère excellent pour le moral des Rouges (de là à affirmer que les Ferrari joueront constamment les premiers rôles lors des prochains Grands Prix, il y a un pas…), a permis à son pilote de revenir au 2e rang du championnat du monde, à 15 points d'Alonso ; ce dernier réalisant une excellente opération grâce à sa 2e place. L'espagnol augmente même son avance au championnat, si l'on s'attache au fait qu'avant Imola, il possédait 14 points d'avance sur son équipier (Giancarlo Fisichella) et sur Kimi Räikkönen. Ce dernier, peu satisfait du comportement de sa voiture, a dû se contenter d'une anonyme 5e place à 17'' du vainqueur, tandis que son équipier Juan-Pablo Montoya s'est quelque peu racheté de ses bévues récentes en arrachant la 3e marche du podium à 15''8 du vainqueur. Victime du trafic sur la piste, il n'a jamais pu se mêler à la lutte pour la victoire. Chez les constructeurs, Renault conserve bien sûr le leadership, avec 18 points d'avance sur McLaren-Mercedes.
Marc David
ZOOMHumeur Certes, Michael Schumacher est un immense champion et il l'a encore prouvé ce dimanche 23 avril en remportant la 85e victoire de sa carrière. Certes, les chiffres bruts sont ce qu'ils sont : indiscutables. Comme cette 66e pole position obtenue la veille (en 1'22''795), record absolu. Mais que certains se plaisent à établir un parallèle direct avec le regretté Ayrton Senna sans autre forme d'explications a quelque chose de choquant. Voire d'indécent, si l'on tient compte du fait que le record de 65 "pole" codétenu par l'allemand et le brésilien, est précisément "tombé" sur le circuit sur lequel ce dernier a perdu la vie dans les circonstances que l'on sait. Sans tomber dans le piège de l'idolâtrie puérile, Senna restera à nos yeux (et aux yeux de beaucoup) le maître incontesté de l'exercice de la "pole", quoiqu'il advienne. En effet, Schumacher aura mis 232 GP pour égaler le record et 235 GP pour le battre, soit 14 saisons plus 10 qualifications (les 6 de 1991, sa 1re saison, plus les 4 de 2006). De son côté, le triple champion du monde brésilien a réalisé sa performance en seulement 161 GP disputés en 10 saisons plus 3 séances de qualification (les 3 du début 1994). Les records sont faits pour être battus, d'accord, mais encore faut-il que ce soit équitable ! Bref, pour rappel, Jim Clark et Alain Prost se classent immédiatement après, avec 33 pole positions chacun. Déjà une belle perf ! |
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