Faurecia en toute confiance
L'équipementier français semble résister au déclin de la production automobile mondiale entamé il y a un an et demi : il gagne des parts de marché et investit massivement dans l'électrification des modes de propulsion ainsi que dans l'électronique et les logiciels à bord. Faurecia table sur un chiffre d'affaires record de 20,5 milliards d'euros en 2022. Sa marge opérationnelle représenterait à cet horizon 8 % des ventes, soit également un niveau record. L'entreprise augmentera aussi sa capacité à dégager de la trésorerie, avec des flux positifs nets représentant 4% des ventes d'ici à 2022, contre environ 3% en 2018.
"Si on regarde 2019, nous allons atteindre tous nos objectifs malgré l'environnement économique auquel nous faisons face", s'est félicité le directeur général Patrick Koller, lors d'une conférence pour les investisseurs à Paris. Rappelant que le groupe anticipait en février un marché mondial en recul de 1 % cette année, alors qu'il chutera finalement de 6 %, M. Koller a vanté la capacité de résistance de Faurecia. "J'espère que nous commençons à vous convaincre que nous savons gérer ces conditions plus difficiles", a-t-il lancé à son auditoire.
Les annonces ont été bien accueillies à la Bourse de Paris où l'action a fini en hausse de 2,67 % à 48,46 euros, dans un marché stable. Pour justifier son optimisme, Patrick Koller a mis en avant "la croissance constante des entrées de commande" qui ont atteint 68 milliards d'euros, en valeur cumulée sur trois ans. Elles sont selon lui "le reflet de gains continus de part de marché".
Faurecia est capable de voler de ses propres ailes
Évoquant la fusion entre PSA et FCA, le dirigeant a estimé qu'elle représentait une opportunité pour son groupe qu'il juge prêt à prendre son indépendance du constructeur français. "Aujourd'hui Faurecia est une compagnie capable de voler de ses propres ailes", a-t-il dit. PSA, qui détient 46 % de l'équipementier, avait annoncé fin octobre qu'il pourrait se désengager de sa filiale dans le cadre du projet de fusion.
Cette opération n'aura en tout cas "aucun impact sur la stratégie" de Faurecia, a promis le directeur général. Le groupe a dit prévoir un marché mondial encore "légèrement négatif" en 2020, avant une croissance moyenne de 1 % en 2021 et 2022. L'an dernier, les ventes de Faurecia avaient atteint 17,5 milliards d'euros pour une marge opérationnelle de 7,3 %, des chiffres déjà record. Touché comme l'ensemble de la filière depuis l'été 2018 par le retournement du marché automobile mondial, Faurecia vise cette année un taux de marge limité à 7 %.
Habitacle et mobilité propre
Les nouvelles technologies qui transforment les habitacles des véhicules sont le principal pilier de la croissance de l'équipementier. Après le rachat du japonais Clarion en début d'année, Faurecia a regroupé ses compétences en matière d'électronique, de logiciel, de traitement d'image et d'intelligence artificielle pour "la réalisation de sa vision du cockpit du futur" au sein d'une nouvelle entité Faurecia Clarion Electronics (FCE).
Le groupe veut offrir de nouvelles prestations aux automobilistes "en combinant des fonctionnalités telle que l'infodivertissement, l'éclairage d'ambiance, le confort postural et thermique ainsi qu'un son immersif". En passant d'une clientèle essentiellement japonaise à un portefeuille mondial de clients, FCE vise 1,6 milliard de ventes en 2022 et 2,5 milliards en 2025, contre 1 milliard cette année. Cette entité est engagée dans un vaste programme de réduction des coûts pour atteindre 6 % de rentabilité en 2022 et 8 % en 2025.
Faurecia poursuit par ailleurs ses investissements dans la "mobilité propre", avec en particulier des équipements pour la réduction des émissions d'oxyde d'azote pour les moteurs thermiques et des technologies dédiées à la pile à combustible développées au sein d'une coentreprise avec Michelin. Le groupe estime qu'il atteindra une croissance de 9 % des ventes dans cette activité "mobilité propre" entre 2020 et 2025 puis de 11 % entre 2025 et 2030 "grâce à l'accélération de l'électrification". (avec AFP)