Magneti Marelli change de mains
L'opération devrait être bouclée au premier semestre 2019, sous réserve de l'approbation des Autorités de la concurrence, ont précisé les entreprises dans un communiqué commun. Calsonic Kansei est détenu par le fonds d'investissement américain KKR. "La transaction représente une occasion unique pour combiner deux entreprises à succès, qui enregistrent à elles deux un chiffre d'affaires annuel de 15,2 milliards d'euros", créant ainsi "le 7e fournisseur indépendant de composants automobiles au monde", ont-elles souligné.
La nouvelle entité sera rebaptisée "Magneti Marelli CK Holdings" et disposera de près de 200 usines et centres de recherche et développement à travers l'Europe, le Japon, les Amériques et l'Asie Pacifique. Magneti Marelli gardera son siège en Italie, dans la région de Milan. La nouvelle société sera dirigée par Beda Bolzenius, actuel PDG de Calsonic Kansei, basé au Japon.
Ermanno Ferrari, le patron de Magneti Marelli, fera de son côté son entrée dans le conseil d'administration de Magneti Marelli CK Holdings. FCA avait confirmé au printemps son intention de se séparer de l'équipementier, en évoquant d'abord la possibilité de créer une entité indépendante cotée à la Bourse de Milan. Mais la presse avait par la suite fait état de pourparlers avec KKR, lancés par le patron emblématique du constructeur Sergio Marchionne avant sa mort fin juillet.
FCA va par ailleurs s'engager dans un "partenariat de plusieurs années" avec la nouvelle compagnie, qui marque ainsi son intention de "maintenir les opérations de Magneti Marelli en Italie et de préserver sa présence industrielle et l'emploi", selon le communiqué. Mike Manley, le nouveau patron de FCA, a salué "une opération idéale pour accélérer la croissance future de Magneti Marelli", à qui est reconnue sa "pleine valeur stratégique". "Ces dernières années, notre industrie a traversé une période d'importants changements et la prochaine phase sera encore plus dynamique (...) Ensemble, nous bénéficierons d'une présence géographique et de lignes de produits complémentaires" à même de faire face à ce défi, a jugé pour sa part Beda Bolzenius.
Il y a une semaine, le syndicat métallurgiste italien Fiom s'était inquiété de ce projet de cession et avait appelé le gouvernement populiste à intervenir, redoutant qu'il ait des conséquences sur les effectifs de l'entreprise. Mais lundi matin, les réactions syndicales étaient positives. "C'est une grande occasion de croissance", la création de cette nouvelle société "permettra de doubler les économies d'échelle de Magneti Marelli", a ainsi réagi le secrétaire du syndicat Fim-Cisl, Marco Bentivogli. "Pour au moins cinq ans, elle maintiendra la nouvelle société comme fournisseur (de FCA) et le siège à Corbetta (Milan), qui restera le quartier général du groupe pour l'Europe. Les garanties de maintien de l'emploi actuel dans notre pays sont importantes", a-t-il jugé.
La transaction "n'aura pas d'effets directs et immédiats sur les postes et conditions de travail", a souligné de son côté le secrétaire général du syndicat Uilm, Rocco Palombella. "Le fait que le Japonais Calsonic soit concentré en Asie devrait exclure des superpositions dangereuses, tandis que le maintien du lien avec FCA, en tant que fournisseur, devrait assurer la pleine continuité productive. Mais notre attention comme syndicat sera maximale", a-t-il néanmoins averti.
Magneti Marelli, fondé en 1919, compte 43 000 employés. Présent dans 21 pays avec 86 usines et 14 centres de recherche, le groupe a enregistré en 2017 un chiffre d'affaires de 8,2 milliards d'euros. L'équipementier est présent à la fois dans les systèmes d'éclairage, de télématique, de divertissement embarqués, de suspension, dans les pots d'échappement, les pièces moteur ou encore de freinage. Seul le secteur du plastique sera exclu de l'opération et rentrera dans le périmètre de FCA, d'après les syndicats.
Fondé en 1938, Calsonic Kansei fabrique des systèmes d'air conditionné, des compresseurs et d'autres pièces importantes de véhicules, pour un chiffre d'affaires annuel de 998,6 milliards de yens (7,7 milliards d'euros). La société, qui était une filiale du constructeur japonais Nissan jusqu'à début 2017, compte plus de 22 000 salariés. (Avec AFP)