Vedecom lance ses navettes autonomes à Versailles
Framboise et Litchi. Tels sont les noms de baptême des deux navettes Easymile EZ10 lancées par Vedecom et Transdev, ce 10 décembre 2019, dans la zone du plateau de Satory, aux abords de Versailles (78). Deux véhicules autonomes qui assureront une mission de transport public durant une période de dix-huit mois reconductible. Un troisième exemplaire servira à de la recherche pure sur le même tronçon.
Pour mener à bien ce projet, l'Institut Vedecom, Transedv et les pouvoirs publics, dont la ville de Versailles, le département des Yvelines, la Région Ile-de-France et l'Etat ont investi la somme de 2 millions d'euros. Les deux navettes serviront à compléter le dispositif de bus, sur un trajet en ligne droite de 1,1 km. "Aux heures de pointe, nous pourrons donc transporter jusqu'à 100 personnes par heure", confie au Journal de l'Automobile Jean-Richard Pinheiro, le chef projet véhicule autonome de Vedecom, en marge de la cérémonie d'inauguration.
Plus qu'une expérimentation, Vedecom veut en faire un laboratoire des mobilités. Le service sera donc gratuit pour les utilisateurs, afin de maximiser le volume. Dans les jours qui suivront, une application sera téléchargeable. BlushMeUp leur permettra, d'abord, de géolocaliser les navettes pour calculer avec plus de précisions le temps de déplacement et, ensuite, de commander une course. "A plus long terme, nous ajouterons le stationnement intelligent en amont du parcours", glisse une autre responsable du projet.
Il est question du stationnement intelligent car la Région va continuer de soutenir le programme de Vedecom en aménageant un parking relais à l'entrée de la zone d'activité. Les employés et visiteurs de Nexter, Arquus, PSA Motorsport et du MobiLab de Vedecom pourront donc profiter de ce service de transport du dernier kilomètre. "Il y avait une véritable demande, raison pour laquelle nous avons retenu ce site", affirme Jean-Richard Pinheiro. Un enthousiasme qu'il faudra toutefois mesurer avec le temps.
Un modèle locatif
Si le transport est gratuit, il existe néanmoins un schéma de facturation. Il faut savoir que ce service est exploité par Vedecom Tech, une SAS détenue à 100 % par Vedecom, qui a pour rôle de monétiser les produits de l'Institut. Officiellement, cette entité loue à Vedecom et à Transdev les infrastructures de recherche disponibles, à savoir le parcours des navettes et le poste de supervision. "Nous attendons des fabricants d'unités de bord de route et d'équipements communicants, qui, contre rémunération, profiteront de notre laboratoire à taille réelle", nous explique Axelle Gigou, décrivant le modèle économique, similaire en bien des points à celui de Transpolis.
Transdev et Easymile n'ont pas le monopole de la rue. Vedecom ne cache pas son désir d'intégrer d'autres opérateurs et d'autres constructeurs, comme Keolis et Navya, de sorte à mettre au point un poste de supervision interopérable. Vedecom Tech espère à terme pouvoir commercialiser une plateforme capable de convenir à toutes les collectivités, sans restriction technique. "La clé de celle-ci, explique un directeur scientifique, sera de pouvoir intégrer des données de capteurs extérieurs au véhicule pour lui offrir une perception étendue de l'environnement." L'Institut espère être en mesure de faire des recommandations sur le mix entre capteurs à embarquer et ceux à déporter pour un parfait équilibre coût-efficacité.