Plastic Omnium prudent pour l’avenir
Sale temps pour les équipementiers. Production automobile mondiale au ralenti, guerre commerciale, Brexit, prix du baril du pétrole, dépréciation de l’euro, déclin du diesel, réglementations d’homologation : autant d’éléments qui sont venus ces derniers mois perturber fortement l’activité des équipementiers, malmenés en Bourse. Et Plastic Omnium ne fait pas exception. "Il n’y a pas un seul jour où une nouvelle ne met pas la pression sur notre marché", a résumé jeudi 13 décembre Félicie Burelle, directrice générale adjointe, directrice de la stratégie et du développement chez Plastic Omnium, qui organisait son Investor Day. Une journée qui, comme son nom l’indique, visait à rassurer sur la santé de l’équipementier, qui, en l’espace de six mois, a vu le cours de son action divisée par deux avec le plus bas niveau, à 18,62 euros.
Des résultats 2018 confirmés
Ce qui est passé par une confirmation de ses objectifs de croissance pour 2018. La hausse du chiffre d’affaires devrait ainsi dépasser les 5 %, soit, à périmètre constant et en valeur absolue, environ 8,9 milliards d’euros. Le résultat opérationnel devrait rester stable par rapport à 2017, soit environ 615 millions d’euros en 2017. Quant au résultat net, il devrait, fin 2018, finir en "forte progression" avec, en parallèle, un flux de trésorerie disponible supérieur à 100 millions d’euros. Mais c’est surtout sur l’avenir que les dirigeants de l’entreprise ont souhaité rassurer dans un contexte de production automobile mondiale atone : si, selon IHS, cette production devrait s’établir en croissance de 1,5 % par rapport à 2017, Plastic Omnium a établi son plan de bataille en misant sur une production mondiale atone. Au programme : un niveau d’investissement plus limité que durant les années précédentes et une réduction des coûts, notamment au niveau de l’outil industriel.
6 % du CA investi
Alors qu’entre 2016 et 2018, Plastic Omnium a consacré chaque année entre 7 et 8 % de son chiffre d’affaires, cette proportion devrait se limiter à 6 % sur la période 2019/2021, ce qui devrait générer une économie de 100 millions d’euros par an. Activités sacrifiées : le SCR, logiquement, mais aussi la partie design. En revanche, les sommes consacrées aux développements des systèmes de pile à combustible, notamment les réservoirs d’hydrogène, continueront d’être significatives, alors que l’équipementier français prévoit une part de marché de ce type de véhicules en forte croissance dans les décennies à venir.
Même tendance du côté des technologie d’hybridation, qui devrait peser selon Plastic Omnium pour environ 43 % des ventes mondiales d'automobiles en 2030. Cette réduction des investissements, n’empêchera pas l’équipementier d’inaugurer trois centres de R&D, l’un à Bruxelles, l’autre à Wuhan, en Chine, et un dernier à Lyon, mais aussi d’implanter comme prévu dix usines dans le monde à l’horizon 2021, dont quatre spécialisées dans la production de systèmes de carrosserie intelligents, une consacrée aux systèmes d’énergies propres et cinq dédiées à la production de modules.
Des sites industriels qui font d’ailleurs l’objet d’une attention toute particulière dans le cadre du programme usines 4.0. Objectif : accroître leur efficacité via trois leviers, la maintenance prédictive, la progression de la qualité via la big data et, enfin, l’automatisation. Alors que plusieurs sites pilotes ont éprouvé ce dispositif, les premières applications interviendront à partir de 2019 dans les usines prioritaires. Toutes les usines 4.0 seront opérationnelles d’ici à 2022. Au total, 200 millions d’euros ont été ou vont être investis pour booster les performances de l’outil industriel Plastic Omnium.
Rassurer sur l’avenir
En parallèle de ce plan d’économie, Plastic Omnium a voulu rassurer sur ses perspectives de croissance pour la période 2019/2021. "90 % de nos contrats sont sécurisés, a affirmé Laurent Burelle, PDG de l’équipementier. Pour atteindre nos ambitions 2021, seulement 10 % des nouveaux contrats doivent être confirmés." L’entreprise anticipe un gain en part de marché sur chacune de ses trois activités principales, sur les trois ans. Sur l’activité systèmes de carrosserie intelligents, la hausse devrait atteindre selon les prévisions +3 points de part de marché par rapport à 2018, soit 19 %, tandis que pour les systèmes d’énergies propres, la progression devrait s’établir également à +3 points, soit 25 % de pénétration.
Enfin, l’activité module devrait gagner un point de part de marché, soit 18 % en 2021, et ainsi générer 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Des annonces qui n’ont que très brièvement rassuré les investisseurs : si, dans la journée d’hier, le cours de l’action est remonté à plus de 21 euros, c'est pour aussitôt retomber à son plus bas niveau, soit 18,61 euros.