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Industrie

La FIEV s’inquiète du bateau France

Publié le 8 novembre 2012

Par Hervé Daigueperce
5 min de lecture
Entre rechange et export, les industries d’équipements, en France, arrivaient à s’en sortir. Il semblerait aujourd’hui que la barque commence à prendre l’eau. Trop de charges ?

Avant d’attaquer les chiffres communiqués par Claude Cham, le président de la Fiev, sur la situation des industries d’équipements en France, il peut être utile de situer l’ambiance en citant quelques-uns de ses propos de nature à nous édifier. “Le retour à la croissance forte n’est pas envisageable à court terme en Europe. Le marché français ne devrait pas échapper à cette spirale… Les équipementiers qui ont su abaisser leur point mort, diversifier leur clientèle et s’internationaliser sont désormais consolidés et s’en sortiront, les autres… C’est pourquoi, nous devons travailler à la consolidation financière de nos entreprises… Nous sommes sur un marché européen que l’on a dopé artificiellement, avec un certain nombre de mesures ou d’aides (en France comme en Allemagne), qui est un marché de renouvellement, déjà, depuis plusieurs années, et cela ne devrait pas changer. 2012 sera au mieux stable sinon baissier et comme il y a eu un soutien artificiel, la baisse se fera naturellement pour revenir au vrai marché… Dans ce contexte, la France va devoir défendre sa place avec âpreté, il en découlera des structurations évidentes mais ce ne seront pas les seules mesures à prendre…” Nous l’aurons compris, le climat n’était pas à l’euphorie à l’annonce des résultats du premier semestre 2012, alors que 2011 avait été plutôt faste. En clair, tant en première monte qu’en rechange, les indicateurs sont au rouge et les équilibres traditionnels ont du mal à se faire. Où il sera question de compétitivité…

Un bon bilan 2011 et une décroissance nette au 1er semestre 2012

“En 2011, la production de véhicules légers par les constructeurs français a augmenté de 3,2 % avec 1,97 million d’unités produites sur le territoire national, et plus légèrement, hors de France, avec + 0,7 % et 4,4 millions d’unités.” Et tous constructeurs confondus, la production de VL a crû de 2,6 %, pour arriver à 2,25 millions d’unités. Pas si mal, sauf si l’on compare avec les 35,7 % de croissance de la CEI ou aux 10,6 % de l’ALENA. Quant à la production mondiale de véhicules (VL, VI et Bus), elle a observé une croissance de 3,1 %, à 80,1 millions d’unités. Mais le premier semestre 2012 n’a rien à voir, la production de VL en France a fait une chute de 8,8 %, à 1 134 000 véhicules (par rapport à la même période de 2011) soit 110 000 véhicules en moins. Parallèlement, alors que le marché mondial des VL est en hausse de 6,6 %, à 40 millions d’unités (fin juin 2012), à fin août 2012, en France, “le marché des véhicules légers recule de 12,4 % à 1,55 million d’unités, soit – 13,4 % pour les VP qui totalisent 1,29 million d’unités et – 7,3 % pour les VUL à 257 000 unités.” Pourra-t-on compter sur un effet Mondial ? On le saura à la fin de l’année et, même si certains constructeurs tirent la couverture à eux, en annonçant des commandes en hausse par rapport au précédent Mondial, nul ne peut prédire qu’elles seront confirmées. D’autant que les actualités du monde de l’automobile en plein salon n’étaient pas faites pour encourager les acheteurs potentiels.

L’équipement en berne

Du côté des équipementiers, la rentrée 2012 a fait l’effet d’une douche froide. En effet, l’année 2011 avait renoué avec la croissance, évaluée à 4,3 %, par rapport à 2010, c’est-à-dire 18,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. A la fin du premier semestre 2012, “les ventes des usines françaises d’équipement automobile ont totalisé 8,76 milliards d’euros, ce qui représente un recul de 11,1 % par rapport aux six premiers mois de l’année précédente”. Un déclin qu’on aurait pu imputer à la baisse des commandes en première monte mais qui a gagné la rechange, pourtant traditionnellement un bon régulateur pour l’activité des fournisseurs. Quand, au premier semestre 2012, les ventes à la première monte descendaient de 11,3 %, celles destinées à la rechange (France + exportation) se repliaient de 10,2 %. Certes, les montants ne sont pas les mêmes, la première monte représentant 85 % du chiffre d’affaires des équipementiers, cependant la conjugaison des deux baisses est significative du malaise du produit automobile que les dernières taxations ne vont pas aider à lever. Ce qui est encore plus symptomatique de la fragilité de notre tissu économique porte sur le commerce extérieur de la branche équipement automobile dont le solde commercial à fin juin 2012 a dévissé de 40 % (!), passant de 1,017 milliard d’euros à fin juin 2011 à 616 millions d’euros à fin juin 2012. Ainsi, le “volume des échanges a baissé sur les six premiers mois de l’année avec des importations à – 1,8 % et des exportations à – 5,3 %”. L’export représente 51 % de l’activité des équipementiers, en revanche la Fiev ne sait pas combien pèse l’activité pièces à l’export chez les constructeurs. Mais connaît les moyens pour les constructeurs français de redresser la barre, à savoir “travailler la qualité (même si l’on compte de nets progrès en qualité, en qualité perçue, ils sont bien inférieurs à leurs voisins allemands), revoir l’image de marque qui doit se construire par le haut de gamme puis en descendant mais non l’inverse, et enfin repenser la compétitivité : on n’est pas plus chers ni moins chers mais on avait des volumes que nous n’avons plus. Il faut donc retrouver des marges de compétitivité par plus de flexibilité de l’emploi, retrouver des financements des protections sociales qui ne sont plus financées par le secteur du travail”, etc. Claude Cham était en pleine forme, reste à savoir si cette leçon de choses sera appliquée avec le sérieux nécessaire, par nos constructeurs, heureux de ce concours inespéré (sic !).

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