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Industrie

Comment Plastic Omnium tire profit de l’évolution de l’automobile

Publié le 19 février 2020

Par Alice Thuot
5 min de lecture
Dans un contexte de production automobile mondiale en forte baisse en 2019, Plastic Omnium affiche sa bonne santé. L’équipementier récolte les fruits de choix d’investissements stratégiques dans les nouvelles technologies.
Plastic Omnium, en pariant sur les nouvelles technologies, a su superforme le marché automobile dont la production mondiale.

 

Pour Laurent Burelle,  la bonne santé de son entreprise n’est plus nécessairement corrélée à celle de ses clients, les constructeurs automobiles. 2019 en a donné une preuve éclatante. Alors que l'an passé, la production automobile mondiale a subi un repli de 5,8 %, passant de 91,2 millions d’unités en 2018 à 86 millions en 2019, l’équipementier a toutefois présenté des ratios financiers satisfaisants. En consolidé, son chiffre d’affaires a atteint 8,5 milliards d’euros, en hausse de 17,2 %, grâce notamment à l’intégration de HBPO, spécialiste des modules. A périmètre constant, cette progression atteint 1,4 %. Tandis que le bénéfice avant impôt a culminé à près de 12 % de ce chiffre d’affaires consolidé, soit +9,5 %, la marge opérationnelle a atteint 6 %, en recul de 2,4 points par rapport à 2018. 7,2 % de marge sont à attribuer Plastic Omnium Industrie et 2,4 % pour HBPO. Pas d’inquiétude pourtant pour l’équipementier. « Cette marge opérationnelle est conforme à notre prévision », explique Laurent Burelle qui fait allusion à la baisse annoncée, dès octobre 2019, de la marge en raison des difficultés industrielles connues sur son site de production 4.0 de Greer, en Caroline du Sud.

 

« Ce repli résulte aussi d’un effet mécanique de la consolidation de HBPO, qui présente certes une rentabilité faible en valeur mais très élevée au regard du niveau d’investissements », complète Laurent Favre, nouveau directeur général. Enfin, dernier ratio significatif, le résultat net du groupe : celui-ci accuse un recul de plus de 50 %, passant de 533 millions à 258 millions d'euros. Avec, ici encore, une explication : en 2018 ce résultat intégrait un impact positif de 255 millions d’euros dû à la revalorisation de la participation de Plastic Omnium à hauteur de 33,3 % dans HBPO, dans le cadre de la prise de contrôle en juillet 2018.

 

Les nouvelles technologies planches de salut

 

Dans un contexte économique difficile, le salut de l’équipementier est venu de sa diversification dans les nouvelles technologies explorées. En 2019, le groupe a investi environ 400 millions d’euros en R&D, une somme qui devrait être identique cette année. Tout en continuant de soutenir ses clients sur des technologies matures, via l'optimisation des systèmes dépollution pour essence et diesel, l’équipementier souhaite devenir incontournable dans les énergies alternatives, de l’hybride à l’hydrogène. « Le marché automobile connaît certes une crise en termes de volume mais se transforme technologiquement. C’est ce qui en fait sa difficulté, mais aussi son charme », souligne Laurent Favre.

 

L’équipementier a ainsi ouvert les portes en 2019 de trois nouveaux centres de R&D, dont deux spécialisés dans les énergies nouvelles, et en particulier l’hydrogène, l’un situé en Chine et l’autre à Bruxelles. Sur les quatre dernières années, ce sont 200 millions d’euros qui ont été investis dans l’hydrogène à travers notamment le rachat de start-up spécialisées. Ces rachats devraient permettre à l’équipementier, historiquement positionné sur les seuls réservoirs, de maîtriser à terme toute la chaîne de valeur de cette technologie ainsi que la pile à combustible en elle-même.

 

4 constructeurs 100 % électriques en client

 

Cette stratégie a visiblement porté ses fruits puisque l’équipementier a ajouté à son portefeuille 10 nouveaux clients en 2019. 4 d’entre eux sont des constructeurs tournés à 100 % vers l'électrique, dont Polestar et Rivian. Un nombre important qui montre bien l’engagement de Plastic Omnium dans les nouvelles technologies. « Le véhicule électrifié constitue un point d’entrée très important pour de nouveaux modules et produits », résume Laurent Favre. « Les constructeurs ont besoin de partenaires en mesure de leur apporter des innovations. C’est ce qui nous permet de croître dans un marché mondial en décroissance », appuie Félicie Burelle, directrice générale déléguée, qui rappelle qu’entre 2001 et aujourd’hui, le chiffre d’affaires de Plastic Omnium a été multiplié par six.

 

Parallèlement, l’équipementier poursuit ses investissements dans sa division Intelligent Exterior Systems, qui peut désormais s’appuyer sur un nouveau centre de R&D, bâti à Lyon. Objectif : intégrer de la technologie dans les pièces visibles des véhicules comme les pare-chocs ou les portières. « Ces pièces ne sont plus passives et seulement esthétiques mais intègrent de plus en plus de technologies pour les véhicules autonomes, souligne Laurent Favre. Nous travaillons aussi sur des toits amovibles qui permettent de rendre des véhicules autonomes. » Le fil rouge est simple : vendre plus de technologies sur un même véhicule.

 

Un plan d’économie de 100 millions d’euros

 

Malgré sa confiance en l’avenir, l’équipementier n’est pas exempté de surveiller ses coûts. L’an passé, 100 millions d’euros ont été économisés par deux biais. Le premier, la réduction de l’ensemble des coûts de production sur les 130 usines réparties dans 30 pays. Un levier a été plus particulièrement actionné, celui de l’emploi en intérim, qui représente entre 20 et 30 % des effectifs des sites de production. Autre piste, celle de la diminution des coûts fixes, destinée à accroître la compétitivité. « Nous voyageons moins, nous regardons de prêt à quels salons nous souhaitons participer et qui nous embauchons », énumère Laurent Favre.

 

En 2020, l’équipementier poursuivra ces efforts en faveur de la flexibilité des effectifs et des coûts. Ce qui se traduira par la fermeture d’une usine en Allemagne, zone où Plastic Omnium affiche une surcapacité durable. Selon le directeur général, il n’est pas exclu que d’autres sites puissent fermer leurs portes à terme.

 

 

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