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Distribution

Entretien avec Bernard Nomblot, président du groupe Nomblot.

Publié le 27 juin 2008

Par Benoît Landré
7 min de lecture
"Nous ne pouvons plus assurer la rentabilité d'une concession avec l'après-vente"Le très discret groupe Nomblot œuvre depuis quatre générations pour la marque Peugeot. Un exemple fort de fidélité. Bernard Nomblot, président du groupe...

...éponyme, expose les raisons de cet attachement et livre sa vision de la distribution automobile.

Journal de l'Automobile. Décrivez-nous le groupe Nomblot.
BERNARD NOMBLOT. Nous sommes une confédération de PME-PMI, de dimension familiale, qui s'est développée à partir de 2000 en Bourgogne avec une prise de participation dans les sites d'Autun et de Chalon/ Saône. Il s'agissait, à l'époque, de participations "dormantes". Pour des raisons économiques, nous avons repris intégralement ces deux concessions en 2006. En 2003, Peugeot nous a proposé de reprendre Auxerre, Tonnerre, Sens et Joigny. Et, en 2004, le groupe Jugnet nous a revendu ses affaires de Montceau-les-Mines et Le Creusot.

JA. Quelles ont été les raisons de cette accélération, plutôt soudaine, du développement du groupe ?
BN. Mes deux fils, Serge et Bruno, ont tous les deux été formés chez les constructeurs et dans le réseau. Une fois cette expérience et les compétences acquises, ils sont revenus chez nous et ont pleinement participé à ce développement. Ils ont eu un rôle d'accélérateur assez fort.

JA. Existe-il un fonctionnement ou une recette Nomblot ?
BN. La recette, s'il y en a une, est simple : j'aime le travail, et le travail bien fait. La distribution automobile est un métier passionnant, mais aussi compliqué, complet qui nécessite des talents multiples. J'aime le contact avec les clients, les partenaires, les fournisseurs, les collaborateurs… Et je fais tout ce qu'il faut pour me faire apprécier des autres. Cela se traduit dans le contact par le sourire. Ces valeurs sont à la base de notre entreprise.
Ensuite, nous avons choisi de nous développer sur une seule marque et sur un espace géographique bien précis. J'insiste beaucoup sur cette notion d'exclusivité car cela implique de la fidélité.

JA. Justement, qu'est-ce qui vous a séduit et vous séduit toujours dans la marque Peugeot ?
BN. Notre nom est associé à la marque depuis quatre générations et c'est difficile d'imaginer une rupture. Notre engagement est naturel, c'est dans les gènes. Nous croyons en la marque, en ses produits ainsi que dans les gens qui la représentent. Cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes toujours d'accord avec eux. Et lorsque ce n'est pas le cas, nous le faisons savoir. Une relation comme celle-ci s'entretient tous les jours. Mais si je représentais une autre marque la conviction serait la même.

JA. Quelle relation entretenez-vous avec la direction de Peugeot ?
BN. La marque évolue, la famille Peugeot fait des choix. Nous pensons représenter quelque chose avec notre groupe. Mais de là à dire que nous sommes un acteur de la politique du constructeur… Nous avons la faiblesse de croire que sur certains sujets nous pouvons orienter les décisions de la direction de Peugeot.

JA. Votre fidélité historique à la marque vous donne-t-elle droit à un "traitement de faveur" ?
BN. Il n'y a aucun arrangement avec le constructeur du fait de notre position monomarque. Nous sommes tous traités de la même manière. Le constructeur regarde avant tout les performances.

JA. Les groupes monomarques sont aussi de plus en plus rares. Qu'est-ce qui vous persuade encore de ne faire confiance qu'en Peugeot ?
BN. Etre monomarque représente des avantages et des inconvénients. Nous subissons partout les forces et les faiblesses de la marque. Si la période est bonne, notre position est bénéfique. Dans le cas contraire, c'est plus délicat. Et les forces et les faiblesses sont identiques, à savoir la gamme, la politique commerciale, la qualité du service… L'avantage du monomarquisme est qu'une fois l'organisation mise en place, on peut la dupliquer et l'adapter aux autres sites. Par conséquent, le management est plus précis, la communication est plus simple puisque notre nom est associé à Peugeot. C'est ancré dans l'esprit des gens. L'identification et la personnalisation du point de vente dans une ville sont essentielles pour que le client revienne. Par ailleurs, nous nous appuyons sur 51 agents qui sont des compléments incontournables sur notre zone et qui permettent de développer des synergies pour accroître notre performance sur le terrain.

JA. Est-ce que vous projetez de réaliser de nouvelles acquisitions dans les années à venir ?
BN. Aujourd'hui, le milieu de l'automobile est vraiment dur. L'économie, de manière générale, est tendue, la concurrence est ardue et la clientèle attentiste. Tous ces éléments-là font que l'on ne peut pas vivre à coups de yo-yo, dans l'éphémère, et il faut nécessairement s'inscrire dans la durée. Aussi, nous ne sommes pas dans une logique de développement à tout prix, nous sommes encore dans une phase de rationalisation pour une exploitation durable. On veut asseoir notre position. Mais nous avons des projets, sinon ce serait triste.

JA. Êtes-vous régulièrement sollicités par des groupes ou des marques ?
BN. Fréquemment, ce serait vaniteux de l'affirmer, mais de temps à autre nous avons des propositions. Mais nous ne sommes pas en quête de propositions. J'ai parfois songé à investir selon des sollicitations ou des opportunités qui nous auraient permis de nous développer plus rapidement mais je ne l'ai pas fait.

JA. La distribution automobile est de plus en plus concentrée dans les mains de grands groupes de distribution. Comment vous situez-vous aujourd'hui dans ce paysage ?
BN. Notre entreprise est à sa place. Grossir n'est pas la meilleure solution. La force d'un groupe réside dans les moyens qu'il met en place pour réaliser des économies.

JA. Qu'est-ce que vous pensez de l'évolution de la profession ?
BN. Je pense que la dissociation de la vente et l'après-vente est une anomalie. Des entreprises de distribution et de réparation de véhicules ont souvent assuré leurs arrières par l'après-vente. Aujourd'hui, les services représentent 20 % du chiffre d'affaires mais presque 80 % des marges. Seulement, la distribution ne peut pas continuer comme cela car les véhicules ont une plus longue durée de vie, ils sont plus résistants et nécessitent moins de service, d'autant plus que les accidents et la vitesse diminuent. Nous ne pouvons plus assurer la rentabilité d'une concession avec l'après-vente. Nous devons retrouver dans la distribution VN et VO les marges nécessaires pour assurer la pérennité de l'entreprise.

JA. Que pensez-vous du programme ODAS ?
BN. Il a modifié sensiblement notre organisation et cela s'est traduit directement par une amélioration de la satisfaction client et de la rentabilité. Nous continuons de le développer en interne selon les besoins et les volumes. Mais cela représente un coût d'installation et de fonctionnement. Quand nous travaillons de cette façon, sur les clients, l'organisation et les méthodes, il faut savoir prendre le temps de bien intégrer le produit afin de l'implanter durablement et efficacement. Nous avons donc fait des pauses afin d'asseoir chaque étape. Le développement complet du programme représente presque une année.

JA. Avez-vous une organisation spécifique sur l'activité occasion ?
BN. Nous avons mis en place des règles d'échanges entre chaque site de manière à faire tourner les stocks plus vite. Mais nous ne disposons pas à ce jour d'organisation verticale comme chez certains autres groupes. Nous avons cependant décidé de centraliser la préparation des VO dans la concession de Joigny pour la plaque Nord. Les reprises réalisées à Auxerre ou Tonnerre sont expédiées à Joigny, où une soixantaine de VO sont en permanence en préparation, et sont ensuite redistribuées sur les sites. Je crois en ce système qui sera très certainement dupliqué à l'avenir.

JA. Vous êtes très représentatif de la Bourgogne et pourtant vous n'êtes pas présents à Dijon. Est-ce préjudiciable ?
BN. Nous entretenons de très bonnes relations avec le groupe qui distribue Peugeot à Dijon (Chopard-Lallier), ce n'est donc pas un souci.

JA. Comment analysez-vous ce premier semestre 2008 ?
BN. C'est une année très dure car la concurrence est active et les prix baissent.

Photo : Acteur majeur de la Bourgogne, l'entreprise familiale est pourtant née à Villefranche-sur-Saône en 1976, en Rhône-Alpes, où sont aujourd'hui implantés les bureaux.

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