VSP : l'âge de la maturité !
...les premières voitures sans permis (VSP) des années 80, leurs roues de bagagère, leur moteur de Mobylette et leur inimitable style de cube à roulettes. C'est sur cette base que s'est pourtant construit un marché solide et durable (30 000 VN/an en Europe) ainsi qu'un véritable tissu industriel, où des entreprises comme Aixam ou Ligier sont devenues d'authentiques spécialistes de l'aluminium et du thermoformage.
Cette révolution, la minivoiture la doit à l'arrivée du moteur Diesel qui lui a offert une fiabilité et un confort d'utilisation que le moteur 2 temps ne pouvait évidemment pas offrir. En parallèle, les constructeurs se sont de plus en plus inspirés de l'automobile, Aixam ouvrant la brèche avec une voiture qui n'était pas sans rappeler la Twingo. Le résultat fut sans appel : Aixam domine de la tête et des épaules les marchés français et européens, en s'y attribuant presque la moitié des ventes !
Plus récemment, Microcar (une filiale du groupe Bénéteau) est allé encore plus loin avec sa nouvelle MC1, dont l'esthétique n'a pas à rougir face à une Audi A2...
Accidents "zéro"
En fait, même si ce marché de la minivoiture s'appuie toujours sur une clientèle de seniors, les constructeurs semblent avoir perdu leurs complexes, n'hésitant plus à développer de vraies mini... voitures.
Une tendance qui est certainement le résultat de l'ouverture du marché européen, au milieu des années 90. Jusqu'alors limitée à la France, la minivoiture s'attaquait d'un coup à l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la Belgique, l'Autriche... De 8 000 voitures en France, on passait en quelques années à 30 000 voitures en Europe. Une véritable aubaine pour la petite dizaine de constructeurs (on en compte aujourd'hui six en France et trois en Italie) qui sautaient sur l'occasion pour développer leur production en même temps qu'ils rationalisaient leur mode de construction.
ZOOMPrix moyen : 10 700 euros Le prix moyen des minivoitures vendues en France s'établit à 10 700 euros, soit 70 000 F environ. Chez certaines marques, c'est même plus proche de 72 000 F que de 70 000 ! Les clients recherchent en effet les voitures les plus confortables, les mieux équipées. Aixam avait tenté dans les années 90 de "casser" les prix avec des versions à moteur monocylindre : sans succès ! |
Mais ce développement soudain de la minivoiture en Europe était de courte durée. Trop vite "gavés" (en VN, mais aussi en VO, pas toujours de première jeunesse !), les nouveaux marchés stagnaient rapidement. L'Europe de la minivoiture n'était pas l'eldorado espéré : on passait vite de 32 000 à 25 000 ventes. On était loin des 50 000 unités un moment envisagées ! Il était temps de redescendre sur terre et de bétonner ces nouveaux acquis. Car la réaction des pouvoirs publics de plusieurs pays ne se faisait pas attendre. Inquiets de la prolifération de ce nouveau véhicule, certaines administrations dégainaient des menaces de permis, voire même passaient à l'acte, comme en Norvège. Une situation vite analysée par les constructeurs, qui agissent aujourd'hui avec plus de subtilité. En premier lieu en s'appuyant plus fortement sur l'Afquad, leur association européenne, qui prend une nouvelle dimension sous la présidence d'Antoine Fouchard. A l'Afquad de faire les premiers pas vers les nouveaux marchés et d'installer dans chaque pays une antenne locale. Dorénavant, plus question d'aborder les futurs marchés que représentent la Pologne ou la Hongrie comme des conquérants. A l'Afquad d'aller présenter le dossier, et éventuellement de déminer le terrain.
Car si elle a atteint une maturité certaine, l'industrie de la minivoiture vit toujours dangereusement. En effet, son statut de "voiture sans permis" est souvent contesté. D'abord par les usagers de la route, pour qui la VSP est souvent jugée comme un "danger public", car trop lente. C'est pourtant le véhicule le moins accidentogène, avec une vingtaine de morts par an. Et il en va de même dans tous les pays. Au point que l'Afquad a du mal à établir des statistiques d'accidents : ils ne sont pas assez nombreux pour être correctement "visibles" !
Une mini... voiture
Mais cette mauvaise image de marque auprès du grand public tend à disparaître. D'abord parce que les véhicules sont plus intégrés en termes de style ("C'est une voiture sans permis, ça ?"), ensuite parce que la lutte contre l'insécurité routière a fait lever le pied aux automobilistes français. D'un coup, le différentiel de vitesse entre les VSP et les autres véhicules s'est réduit et la limitation à 45
EN BREFFrance : + 1 % à fin août Après un très bon démarrage durant le premier quadrimestre, le marché a ralenti depuis le mois de mai, le cumul s'établissant à + 1 % à fin août. Aixam domine toujours le marché avec 39 % de pénétration, tandis que JDM réalise la plus grosse performance de l'année avec 51 % de progression à fin août. |
Reste que ce véhicule est souvent amalgamé aux deux-roues motorisés sur le plan de la réglementation et, de ce fait, se retrouve régulièrement dans la tourmente provoquée par les accidents de motos. D'où la nécessité d'expliquer en amont aux administrations que la minivoiture est une mini... voiture.
Le dernier exemple en date concerne l'Italie, aujourd'hui le second marché européen derrière la France. Devant la hausse des accidents des deux-roues en Italie, des parlementaires ont proposé la mise en place d'une "Patentino", l'équivalent de notre Brevet de sécurité routière (BSR) en France (nécessaire pour conduire un cyclomoteur entre 14 et 16 ans). Et là, miracle, au pays de Piaggio, le projet "Patentino" prend forme et va même plus loin puisqu'il est question de le rendre rétroactif. Une horreur pour les constructeurs de deux-roues motorisés légers, évidemment, mais aussi pour la minivoiture, englobée dans cette réglementation alors qu'elle n'a rien, mais alors vraiment rien à voir avec les accidents de scooters ! C'est ce genre de problème que les constructeurs ne veulent plus rencontrer. Pour eux, une seule solution : sortir de leur mutisme et "vendre" au grand jour la minivoiture comme un véhicule sûr, moderne et social.
Un rôle social
Si tous les constructeurs scrutent avec le plus grand intérêt le développement de la minicitadine, aucun d'entre eux n'investit pour l'instant dans cette niche. Certes, Chatenet a présenté un cabriolet Speedino (en 21 ch, avec permis B1 ou A) de toute beauté, mais sans autre ambition que d'en
EN BREFOccasion : 19 000 unités/an Le marché de l'occasion représente environ le double du marché VN, avec une progression constante depuis 1993. |
Enfin, il faut aussi compter avec le fait que nombre de jeunes citadins ne passent pas le permis de conduire, l'importance des moyens de transport autour des grandes agglomérations ne les incitant pas à investir dans un permis coûteux et long à obtenir. Avec des ventes enregistrant une légère mais constante progression, la minivoiture démontre au fil des ans qu'elle possède un réel potentiel de développement. Mais elle se heurte à des problèmes de distribution dus à la spécificité de sa clientèle, à une carence évidente d'image de marque et enfin à la dimension de ses entreprises. Si Aixam et Microcar sont adossés à de puissants groupes (Norbert Dentressangle pour le premier et Bénéteau pour le second), les autres sont totalement indépendants et de dimensions très variées. Alors que Ligier joue dans la cour d'Aixam et Microcar et possède un très gros potentiel industriel, JDM, Chatenet et Bellier sont plutôt des entreprises familiales. Une profession assez hétérogène, donc, où la personnalité des chefs d'entreprise était jusqu'alors plus forte que la volonté de structurer et développer un marché européen.
Un temps aujourd'hui révolu, les constructeurs semblant dorénavant suffisamment fédérés pour offrir à la minivoiture la place qu'elle mérite. L'âge de la maturité sans doute...
Pascal Litt
ZOOMLombardini travaille aussi l'électricité Avec un peu plus de 50 % de taux d'équipement, Lombardini est le premier motoriste de la minivoiture (plus de 15 000 moteurs/an). Une part de marché qui s'étend depuis que JDM doublonne son offre de moteurs Yanmar avec des Lombardini. Lombardini ne s'endort cependant pas sur ses lauriers, avec plusieurs nouveautés au programme : |
FOCUSEurope : l'Italie en forme Longtemps limité à la France, le marché de la minivoiture a connu une véritable révolution avec l'ouverture de la plupart des pays d'Europe, sauf l'Allemagne, encore en négociation. Très vite, les volumes flambent, avec un record de 32 000 unités en 1998. Malgré l'arrivée de nouveaux marchés, comme les pays scandinaves, la fièvre européenne s'est pourtant calmée : il s'est vendu 28 500 VSP en Europe en 2002. Les deux plus grosses baisses ont été enregistrées par l'Espagne et l'Autriche, qui ont perdu la moitié de leurs volumes depuis 1998. La situation semble s'améliorer en 2003, avec un volume qui devrait avoisiner les 30 000 unités en fin d'année. A ce jeu, l'Italie est le pays qui enregistre la plus forte progression, au point qu'il pourrait passer devant la France fin 2003 ! Les constructeurs rêvent toujours à l'ouverture de l'Allemagne, qui représente évidemment un fort potentiel de ventes. Il faudra attendre la fin de l'année pour connaître les conditions d'accès à ce marché. Les autres nouveaux marchés sont les ex-pays de l'Est, Pologne, Hongrie, Lituanie, etc. Des marchés plus restreints, certes, mais où les constructeurs espèrent cependant s'installer rapidement. |
ZOOMPetits volumes, grosse rentabilité ! Si la minivoiture ne réalise que des volumes limités, elle garantit en revanche de grosses marges à ses revendeurs. Un concessionnaire minivoiture travaille en effet avec environ 20 % de marge, sachant que le prix moyen marché est de l'ordre de 10 700 € TTC. Pourtant, la principale difficulté à laquelle se heurtent les constructeurs est le recrutement réseau. Longtemps appuyée sur les réseaux du 2 roues motorisé, la minivoiture a dû changer de cible avec l'arrivée du diesel et la hausse du prix moyen de vente. Les réseaux minivoiture sont aujourd'hui majoritairement constitués de spécialistes, de distributeurs de matériel d'espaces verts et de réparateurs automobiles. Pourtant cette dernière catégorie de revendeurs ne constitue pas la majorité des troupes, alors qu'elle pourrait y trouver un complément d'activité tout à fait rentable. Pour l'instant, le recrutement réseau se fait donc en allant piocher parmi les concessionnaires du voisin ! Cette difficulté de recrutement a pour effet de limiter la couverture du territoire national. Ainsi, seule Aixam peut se vanter d'occuper à peu près toutes les régions de France. Même Microcar n'y arrive pas, et encore moins les autres, parfois complètement absents d'une ou plusieurs régions ! Cette situation est évidemment une aubaine pour quelques gros spécialistes (200 à 300 VN/an) qui couvrent d'immenses territoires en animant d'importants sous-réseaux d'agents. Aussi la minivoiture pourrait-elle constituer une activité d'avenir pour les agents automobiles, surtout à la veille des bouleversements que va rencontrer leur statut. Les agents automobiles disposent en effet de la compétence et des installations nécessaires à la distribution des minivoitures. L'investissement de base est relativement limité (en général une voiture en stock et des PR en nombre limité), mais la vente réclame plus de savoir-faire. En effet, une minivoiture "se vend" : il faut aller au-devant de la clientèle, avec la voiture sur une remorque et couvrir les foires et marchés. En échange de quoi la clientèle est fidèle et renouvelle de plus en plus souvent sa voiture... |
ZOOMDes minis de plus en plus ... maxis ! Si la minivoiture est limitée en poids (350 kg) et vitesse (45 km/h), elle ne l'est pas en dimensions. Et en l'espace d'un an, la taille est devenue le grand débat de la VSP. C'est Aixam qui déclenche les hostilités en 2002 avec le lancement de sa nouvelle 500.4, avec une longueur de 2,90 m et une largeur de 1,44 m. Et Aixam fait une "carton" commercial. Chatenet saute sur l'occasion et bascule sa Barooder 4 places en 2 places : 2,95 m de long et 1,55 m de large. On se rapproche de plus en plus de la Twingo ! |
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