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Constructeurs

Vieux clous dans la rue et nouveaux modèles en vitrine

Publié le 30 novembre 2007

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Le succès de Logan a démontré qu'un véhicule neuf pouvait convaincre une clientèle VO. Mais il y a encore toute une frange de clientèle, aujourd'hui rétive à la voiture et à tout ce qu'elle représente comme contraintes, à séduire.Le parc...
Le succès de Logan a démontré qu'un véhicule neuf pouvait convaincre une clientèle VO. Mais il y a encore toute une frange de clientèle, aujourd'hui rétive à la voiture et à tout ce qu'elle représente comme contraintes, à séduire.Le parc...

...circulant n'a jamais été aussi vieux (plus de huit ans d'âge moyen), et l'offre de nouveaux modèles n'a jamais été aussi vaste. En paraphrasant une marque bien connue, on en tirerait presque le "théorème" suivant : "Plus on leur propose de nouveaux modèles, plus les automobilistes conservent longtemps leurs vieux clous". Attention aux paradoxes : même les plus artificiels contiennent une part de vérité. N'est-il pas surprenant, par exemple, qu'avec la surabondance en expansion continue de l'offre nouvelle, le marché de l'occasion continue à être trois fois plus élevé que celui du neuf ? Il y a toujours une pléthore d'automobilistes qui ne trouve pas ce dont elle a besoin, en termes de prix et de contenus de l'offre, dans les salons d'exposition des concessions. Et il y a une quantité non négligeable de nouveaux produits qui languissent dans les showrooms, dans l'attente désespérante d'un futur propriétaire qui ne vient pas. Personne n'a intérêt à une pérennisation de cet état de fait : ni les consommateurs, ni les réseaux, ni les constructeurs. Ni, d'ailleurs, la société dans son ensemble, qui paye l'addition en termes de pollution et de sécurité, les vieux clous ayant des défauts que les nouveaux modèles n'ont plus. Il faudrait, comme on dit, faire quelque chose.

Rééquilibrer les demandes du neuf et de l'occasion

On sait que les six millions de véhicules d'occasion qui sont vendus chaque année correspondent à une grande variété de situations spécifiques. Il y a des achats tout court, des échanges (un véhicule d'occasion contre un autre), des ventes en cascade (un même véhicule est revendu plusieurs fois la même année par ses propriétaires successifs), etc. Il y a des achats "coup de cœur" (telle merveille de tel millésime), et des achats économiquement très pondérés, qui font parfois préférer le VO au véhicule neuf. Mais un nombre indéterminable et sans doute important d'automobilistes achètent un VO parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement. Il ne s'agit pas seulement d'une contrainte économique, mais aussi d'une lacune dans l'offre de véhicules neufs. Inversement, dès que la lacune est comblée, la demande de véhicules neufs sort du bois. La chose a été mise en évidence par le succès inattendu du modèle Logan, qui a provoqué un transfert de demande du VO vers le nouveau modèle. La demande pourrait-elle bénéficier d'autres "réservoirs" auxquels puiser ? Il y en a certainement un autre, difficile à cerner : c'est celui des consommateurs qui refusent l'automobile, qu'elle soit neuve ou d'occasion, dans sa définition actuelle (contenus du produit, entretien, lieu d'achat obligatoire…).

De nouveaux modèles dans la rue, les vieux clous à la casse, moins de vitrines

De quoi les acheteurs latents évoqués ci-dessus ont-ils effectivement besoin ? Si on le savait, on éviterait, entre autres, la multiplication des modèles qui mûrissent sur stock avant d'être bradés. S'il y a une demande VN latente, la première chose à faire est bien de la définir, qualitativement et quantitativement, au moyen d'études pas si compliquées que ça. On aura sans doute la surprise de constater à la fois l'énorme potentiel des voitures à bas coût… et le fait que celles-ci ne sont pas le seul concept de produit auquel il faudrait travailler. On devrait en outre, de façon complémentaire, s'attaquer au vieillissement du parc circulant, en réduisant réglementairement la durée de vie maximale d'une automobile. Compte tenu de ses implications humaines et sociales, la question est complexe mais il n'en demeure pas moins qu'elle doit être traitée. Elle pourra l'être si l'offre de nouveaux modèles est enfin de nature à satisfaire les attentes (et respecter les contraintes) des automobilistes qui continuent, faute de mieux, à utiliser leurs véhicules au-delà d'une limite d'âge raisonnable (10 ans ?). Un parc "normal", en effet, ne devrait pas dépasser un âge moyen de 5 ans. Tout ceci pour avoir de nouveaux modèles dans la rue et les vieux clous à la casse. Quant aux vitrines, on sait qu'il y en a beaucoup trop, et qu'elles sont trop grandes. Et surtout trop chères.

Photo : On devrait, de façon complémentaire, s'attaquer au vieillissement du parc circulant, en réduisant réglementairement la durée de vie maximale d'une automobile", estime Ernest Ferrari.

Ernest Ferrari, consultant

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