"Une grande et précieuse aptitude à la synthèse"

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Connaissez-vous Vincent Besson depuis longtemps ?
VINCENT RAMBAUD. En fait, oui, car je l’ai côtoyé dès le début des années 80 quand il était à la Sogedac. J’étais de l’autre côté de la barrière, entre guillemets, car je représentais un fournisseur ! Par la suite, j’ai intégré PSA et nous avons eu l’occasion de travailler ensemble lorsque je supervisais les activités du groupe en Amérique latine. Nos dossiers portaient sur les produits des deux marques. Et bien entendu, depuis que j’ai été nommé à la tête de Peugeot, nous travaillons conjointement.

JA. La qualité de son approche du produit est régulièrement mise en avant, comment la définiriez-vous ?
VR. Tout d’abord, Vincent Besson est un homme très subtil et nuancé, ce qui se retrouve dans sa manière de travailler. C’est aussi un homme de métier, une “valeur sûre”, avec un socle de compétences fondamentales très solide, frappé du sceau d’une objectivité à toute épreuve, ce qui est essentiel pour un constructeur. Vincent se distingue encore par une réelle aptitude à écouter, à rassurer, puis à déclencher le mouvement dans le contexte positif d’une vision partagée. En outre, il a une très bonne intuition, surtout quand il s’agit de se projeter dans l’avenir et donc de quitter le territoire des sciences exactes. Sa maîtrise est d’autant plus remarquable aujourd’hui, car il compose avec deux marques.

JA. A ce propos, comment voyez-vous “l’homme Citroën” s’approprier la marque Peugeot ?
VR. Je dirais qu’il pratique bien la schizophrénie nécessaire à l’exercice ! Vincent arrive à un moment où il faut faire changer la marque donc il y a du mouvement et des espaces qui se créent. D’une certaine manière, c’est une chance, car nous sommes plus dans l’impulsion que dans la gestion. Le projet de marque de Peugeot est ambitieux. Certes, il faut soigner une tradition, mais nous avons aussi défini des points d’accélération, presque de rupture, pour la marque. Avec une volonté de monter en gamme et d’améliorer l’efficacité environnementale notamment. Dans ce contexte, Vincent s’affirme comme un élément très structurant.

JA. Quel regard portez-vous sur les années qui ont conduit au renouveau de Citroën ?
VR. Ce fut un formidable travail collectif, mais le produit avait évidemment une position centrale dans le processus. Dès lors, l’apport de Vincent Besson a été déterminant ! Je mettrais volontiers l’accent sur la remarquable gradation qu’il a orchestrée, des produits dits traditionnels, comme la C3 par exemple, jusqu’à l’exploration de nouvelles pistes, illustrée par DS, sans oublier les concept-cars.

JA. Vincent Besson est souvent loué pour son affabilité, est-ce une caractéristique majeure de son management ?
VR. Vincent est assurément affable, doué d’une souplesse évidente, mais c’est aussi quelqu’un de très, très déterminé. Comme je l’évoquais, il possède une excellente qualité d’écoute et il sait prendre le temps de la réflexion, mais une fois que les choses sont enclenchées, il avance franchement. De toutes les façons, à son niveau, il est nécessaire d’avoir de la suite dans les idées ! D’un point de vue personnel, je vis davantage son management transversal que stricto sensu hiérarchique.

JA. Considérant qu’il évolue au carrefour de nombreuses disciplines, dans quel domaine sa touche personnelle est-elle la plus perceptible ?
VR. Par rapport à ce carrefour de disciplines, je mettrais précisément plus en avant sa grande et précieuse aptitude à la synthèse. C’est là qu’il est vraiment très fort, d’autant qu’il sait ne pas édulcorer les choses. Il fait une synthèse au sens noble et complexe, jamais de compromis bancal… Par ailleurs, comme ingénieur de formation, il fait valoir des compétences techniques très fiables et on trouve aussi chez lui une réelle sensibilité pour les sciences humaines. Enfin, il a la faculté de créer le mouvement dans l’harmonie, en évitant les conflits, ou pour le moins, en les lissant.