Un repli limité en 2009

...fins annoncées de certaines aides ont parfois du bon : elles permettent souvent à un secteur d'engranger temporairement plus de commandes. Et sur l'exercice écoulé, c'est le secteur automobile qui a pu le constater. En effet, le chiffre d'affaires d'une partie importante de ses intervenants est reparti à la hausse au moment même où le gouvernement annonçait un arrêt progressif de ses aides sur 2010. C'est en tout cas ce qui ressort du dernier baromètre trimestriel du CNPA, un outil de suivi d'activité conçu en partenariat avec la société d'études I+C. En effet, il révèle que l'activité commerce et réparation de véhicules (VP + VUL) a augmenté de 4 % au dernier trimestre 2009, les périodes précédentes ayant toutes enregistrées des reculs (- 4 % sur les premier et deuxième trimestres et 0 % au troisième). Résultat : le chiffre d'affaires des professionnels de l'auto en commerce et réparation n'a reculé que de 0,5 % sur l'ensemble de l'exercice 2009, des différences sensibles ayant bien sûr été constatées entre le VN et le VO. Sur la période, si les recettes des professionnels ont progressé de 6 % au niveau des ventes VN (+ 29,5 % sur le dernier trimestre 2009), elles ont reculé de 2 % au niveau des ventes VO (+ 1 % sur le dernier trimestre 2009). Le chiffre d'affaires qu'ils ont engrangé au niveau de l'après-vente s'est lui contracté de 2 %, une stabilisation ayant été enregistrée sur le dernier trimestre.

Tous les acteurs de la réparation n'ont pourtant pas été concernés par l'embellie de la dernière période de 2009 : les recettes après-vente des agents ont progressé de 2 % alors que celles des concessionnaires se sont stabilisées et que celles des MRA ont reculé de 1 %.
"Nous aimerions que le marché de l'après-vente reste ouvert et qu'il ne soit pas uniquement porté par les prix", s'inquiète toutefois Francis Davoust, le président de la branche de l'artisanat au CNPA. Les agents et artisans craignent en effet de devoir subir un manque à gagner avec les quelque 600 000 véhicules ayant bénéficié de la prime à la casse l'an dernier mais aussi et surtout de devoir subir les effets cumulés de plusieurs guerres des prix et des services. "Nous assistons à la fois à une lutte entre les constructeurs et les réseaux spécialisés, à une bataille entre les constructeurs sur le coût d'entretien de leurs véhicules, à une tendance à un allongement des extensions de garanties et enfin à un développement des contrats d'entretien commercialisés par les concessionnaires", poursuit Francis Davoust.

Ils risquent donc de voir leur rentabilité sérieusement entamée si "les constructeurs continuent de faire des remises." Résultat : les agents et artisans devraient suivre de près leurs niveaux de rentabilité au cours des prochains mois, à l'instar de nombreux autres professionnels. Ils sont en effet nombreux à avoir constaté une dégradation de leurs marges sur la fin 2009, aussi bien en VP+VUL qu'en VI (voir tableaux ci-après). Les professionnels du VI y seront en tout cas particulièrement attentifs. Ils peuvent en effet être considérés comme les grands perdants de l'année 2009.

L'an dernier, ils ont vu leurs recettes en vente et réparation chuter de 30 %, soit un recul à peu de choses près équivalent à celui constaté sur le dernier trimestre 2009 (- 25 %). Sur cette dernière période, leurs chiffres d'affaires VN et VO se sont contractés de respectivement 39 % et 3 %. Leurs recettes en réparation ont chuté, elles, de 10 %. Les professionnels du véhicule industriel ont-ils néanmoins réussi à résorber leurs stocks ? Pas vraiment : sur le dernier trimestre 2009 et à un an d'intervalle, ils ont augmenté pour 30 % d'entre eux en VO et pas moins de 60 % en VN (40 % trois mois plus tôt). "Les résultats financiers de nos entreprises ont été mauvais en 2009, reconnaît Jean-Claude Lenormant, président d'honneur des concessionnaires VI du CNPA. Nous avons toutefois pu nous en sortir car nos "vieilles" sociétés avaient des fonds propres". Et elles devraient encore en avoir besoin. Sur le premier trimestre 2010, les professionnels du VI sont 50 % à anticiper une baisse de leur chiffre d'affaires tant en réparation qu'en ventes de VN et de VO. Une inquiétude qui semble également concerner les acteurs intervenant sur le marché du VP et du VUL. Ici, les professionnels sont 60 % à anticiper une baisse de leur chiffre d'affaires en ventes de VN (5 % s'attendent à une hausse) et 57 % en ventes de VO (9 % s'attendent à une hausse). En revanche, ils sont 26 % à estimer que leurs recettes en réparation vont augmenter sur le premier trimestre 2010, seuls 19 % s'attendant à une baisse. "Nous pouvons aussi nous attendre à une reprise du marché des ventes à sociétés", conclut Patrick Bailly, le président du CNPA.

Photo : Patrick Bailly, président du CNPA.