Tazzari devance l’appel
Imola, à quelques encablures de Bologne. Terre d'automobiles, s'il en est, mais également berceau des Tazzari, une famille d'industriels italiens un poil touche-à-tout : Sous-traitant d'un des leaders mondiaux de la céramique, spécialiste de la découpe laser, de la tôle acier, propriétaire de deux fonderies, le groupe fournit également en aluminium des constructeurs de camions, d'automobiles et de navires. Bientôt, la firme fera ses débuts dans l'automobile. C'est du moins le souhait d'Erik et Rafael Tazzari, qui président aux destinées de l'entreprise familiale. Erik, pilote et passionné d'automobile - sur ses terres, les gens du cru martèlent à qui veut l'entendre, que sa collection de véhicules ferait pâlir la famille Agnelli - a, en effet, engagé le groupe familial dans un drôle de projet. Devenir constructeur automobile, rien de moins. Fort de son expérience dans l'aluminium, le groupe a profité d'une absence d'offre produits, pour tenter d'émerger sur un marché encore vierge de concurrence : l'électrique. Depuis quelques jours, le constructeur Tazzari a d'ailleurs commencé à vendre des véhicules. Son seul et unique modèle, la ZERO, attaque, sans vergogne, la chasse gardée d'acteurs traditionnels à la réactivité relative. "Les grands constructeurs en parlent, mais n'y arrivent pas. Ils sont sans doute tenus par des problèmes économiques et politiques que nous n'avons pas. Nous sommes indépendants. Nous arrivons avec deux ans d'avance sur tout le monde", commente Luca Bonarelli, directeur des ventes et du marketing. En réalité, les premiers véhicules "tout-électrique" des grands noms de l'automobile arriveront dès cette fin d'année. Peugeot avec sa iOn, puis Mitsubishi avec sa I-Miev, mais aussi Nissan avec sa Life, débouleront, en effet, avec une offre. Mais qu'importe. Tazzari ne joue pas dans la même cour.
Un concentré d'italianité
"Nous voulions donner quelque chose de nouveau au marché. Créer une niche", détaille Luca Bonarelli, comme pour se démarquer. Tazzari joue la carte du style et de la sportivité pour séduire. "Avec son châssis en aluminium, ZERO a une technologie comparable à Lotus, Aston Martin ou bien Lamborghini au niveau de la structure. C'est une sorte de petite Maserati électrique", détaille Luca Bonarelli. La comparaison est sans équivoque. Tazzari veut sa ZERO, sportive, écolo et avec un fort accent italien. Quitte à flirter avec les poncifs. La ZERO n'a pourtant rien de commun avec ce qui existe. Tout a d'ailleurs été fait pour la rendre dynamique, attractive et différente. Traction arrière, centre de gravité très bas, jantes alu 15 pouces, 4 freins à disques, ou encore volant Momo…
Une vitesse maximum de 100 km/h, pour une autonomie de 140 km
Avec ses 4 modes de conduite : course, standard, économique, pluie/verglas, la ZERO jouit d'une autonomie de 140 km (90 km en mode sport). Malheureusement, avec son statut de quadricycle lourd, la ZERO ne peut rouler ni sur périphérique, ni sur autoroute. Celle-ci se contentera des villes. Tant mieux, c'est précisément là qu'est sa clientèle. Même si les infrastructures pour le rechargement des batteries se font encore attendre.
Justement, côté batterie, le fabricant annonce un rechargement complet en 9h sur une prise classique, en 50 minutes avec une prise triphasée. Garantie un an, la durée de vie des batteries annoncée est de 80 000 km, puis entre 1 500 et 2 000 cycles de chargement. Pour un coût de 50 euros par mois, Tazzari propose de prolonger la garantie d'un an. Si un problème survient hors garantie, la batterie est reprise, régénérée puis remplacée par une nouvelle, pour un prix de 3 800 euros. On peut aussi changer une seule des 24 cellules qui composent la batterie. Plus économique. Néanmoins, la direction commerciale n'envisage pas véritablement cette possibilité. "Cela nous paraît peu probable. Selon de nombreuses études effectuées en Europe, en moyenne, nous parcourons moins de 20 km par jour. A ce rythme, ZERO n'atteindra cette limite qu'au bout de 10 ans ou plus.", explique Luca Bonarelli.
Commercialisée à 19 000 euros HT
Malheureusement, tous les aficionados du genre ne pourront être servis. "La production est déjà bookée jusque fin avril", précise Luca Bonarelli. En 2010, Tazzari s'est fixé un objectif de 700 exemplaires, même si les premiers éléments laissent espérer davantage. Le cap des 1 000 unités annuelles, que le constructeur s'était fixé à moyen terme, pourrait être atteint plus rapidement que prévu. La faute à l'engouement des pays du Nord. Les pays scandinaves, à eux seuls, devraient en effet truster environ 600 véhicules dès cette année. Qu'importe, l'usine d'Imola a encore une belle marge de manœuvre. Elle peut potentiellement atteindre une production annuelle de 2 000 unités. Mais le manufacturier italien n'entend pas atteindre ce chiffre. "Nous ne voulons pas un véhicule de masse", précise Luca Bonarelli. Curieux pour une voiture électrique…
ZOOMTrois distributeurs en France En France, Tazzari a, pour l'heure, finalisé trois accords de distribution. Le plus important d'entre eux a été conclu avec Abo Antoun, à Paris. L'opérateur Fiat et Land Rover de la place de l'Etoile, installera prochainement ses ZERO en face de l'Arc de Triomphe. Ce dernier nous a confié qu'il recevrait ses premiers véhicules au début du mois de mars. Tazzari compte également sur GoElectrix et BeGreen, ses partenaires pour la région Paca et Toulouse, pour lancer la machine dans l'Hexagone. Notons d'ailleurs que le constructeur ne s'interdit pas d'étendre son "maillage". Il est actuellement en quête de nouveaux distributeurs pour le marché français. |
Photo : A l'instar de la stratégie mise en place par le groupe Kaddoura lors de la commercialisation de Smart à Paris, Tazzari a pensé son marketing comme une voiture haut de gamme de complément. La comparaison s'arrête là. La ZERO a le statut de quadricycle lourd et peut donc être conduite dès l'âge de 16 ans.
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