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Constructeurs

"Surmonter la crise, préparer la reprise"

Publié le 26 juin 2009

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Verbatim version temps forts de la table-ronde organisée par le CNPA dans le cadre de Planète Auto :Edouard Colin, distributeur Renault à Montrouge, ne cache pas son inquiétude : "Nous faisons face à de telles fluctuations d'un mois à un autre...
Verbatim version temps forts de la table-ronde organisée par le CNPA dans le cadre de Planète Auto :Edouard Colin, distributeur Renault à Montrouge, ne cache pas son inquiétude : "Nous faisons face à de telles fluctuations d'un mois à un autre...

...que nous avons forcément peur et que cela peut faire craindre le pire pour la fin de l'année".

Richard Moreau, distributeur VI, s'inquiète aussi : "Dans notre secteur, nous avons beaucoup investi ces dernières années et au moment de l'amortissement, voire du retour sur investissements, la crise arrive, terrible, avec une chute vertigineuse de l'activité (ndlr : - 40 % en immatriculations mais – 70 % en commandes !). Pour la plupart, nous pourrons tenir une année, mais pas deux…".
Un distributeur Peugeot : "Quand le concessionnaire n'a pas une bonne capitalisation, cela devient très difficile de se faire prêter de l'argent. Dans ce cas de figure, le risque est important".

Nicolas Baverez, économiste de renom : "La crise est immense pour au moins trois raisons. D'une part, à l'heure de la mondialisation, elle est mondiale et les cinq continents tombent en même temps. D'autre part, le temps s'accélère et où il avait fallu deux ans pour aboutir au krach de 1929, cela a pris 10 jours entre la chute de Lehman Brothers et la crise générale du crédit. Enfin, ce n'est pas seulement une crise financière, mais bel et bien aussi une crise économique".
"La crise est partie des USA, mais ce sont l'Europe et le Japon qui souffrent le plus. Il y a de grandes disparités selon les pays. Si l'Allemagne s'en sort bon an mal an en étant le pays le mieux armé de la zone euro, l'Espagne est entrée dans une phase de longue récession. Et l'inquiétude est forte pour la France. Son fameux modèle social est trompeur car ce sont les transferts sociaux qui maintiennent la consommation à flots. Mais au moment de la sortie de crise, il n'y aura du coup pas de rebond notoire… En fait, la France c'est un peu Cendrillon et la reprise de l'économie sonnera comme les douze coups de minuit et le carrosse redeviendra alors citrouille".

René Ricol, médiateur du crédit, charge les constructeurs et les grands équipementiers et les met en garde :"C'est la première crise financière qui n'est pas liée au surinvestissement et elle n'est pas terminée, loin de là. D'autant qu'on ne sait pas encore exactement quel sera le montant des pertes finales des banques. Cette crise financière, c'est la grande distribution sans les stocks en magasin ! Que d'incompétences à la direction des banques ! Aujourd'hui, ce doit être le retour de la compétence et le grand retour du politique.
Nous avons assuré les liquidités interbancaires et les banques jouent le jeu. Nous avons réglé le gros problème de l'assurance crédit, qui était en fait plus problématique encore que celui des banques. Nous mobilisons des fonds pour sauver les entreprises en difficultés que nous ne voulons pas voir disparaître. Mais dans la filière automobile, nous avons un problème avec les constructeurs et les grands équipementiers… Ils refusent de jouer le jeu de la solidarité intelligente et c'est inadmissible car ils ont reçu des aides de l'Etat. Certaines pratiques, pressions, retenues sur factures, modélisation des achats sur le modèle de la modélisation financière, intérêts délirants sur les délais de paiement, etc… sont inacceptables. Ca ne pourra pas durer bien longtemps !
Bref, au-delà de cet avertissement clair et net, je m'adresse à toutes les entreprises en difficultés : appelez-nous ! Nous pouvons vous aider et nous ne vous jugerons pas. Nous faisons aujourd'hui des choses impensables il y a seulement neuf mois, avec des tiers de confiance, une assistance public-privé, etc…".

Jean-Paul Charié, député du Loiret, dénonce aussi les pratiques des constructeurs et des grands équipementiers : "Ils ont tout simplement des pratiques inadmissibles et ils vont devoir s'arrêter rapidement !".

Un représentant d'un constructeur pas inquiet pour deux sous : "C'est le jeu, de fortes attaques en public pour bien montrer que les hommes politiques ont de l'autorité et surveillent de près l'argent de l'Etat. Mais on se connaît bien et depuis longtemps, et quand on travaille avec eux, c'est différent".

Patrick Bailly, président du CNPA et du groupe Bailly, prône une sortie progressive de la prime à la casse : "Le problème des stocks VN est résolu, mais il est quand même en large partie déplacé sur le VO… Sur un total de 340 000 emplois que nous représentons, on déplore une destruction de 7 000 emplois depuis le début de l'année…".
"Il ne faut pas sortir de la prime à la casse brutalement, sinon on vivra un trou d'air destructeur. Il faudra créer un effet sifflet, diminuer progressivement et pas trop le montant de la prime, mais au moment idoine, c'est-à-dire le plus proche possible de la reprise économique".

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