Sortie de crise : des voitures plus vertes… ou moins chères ?
Plus écolo que ça, tu meurs empoisonné. Ou ruiné
L'industrie s'étant vraisemblablement fourvoyée en privilégiant l'extrémisme écologiste, elle n'a pas suffisamment investi dans la recherche (R&D) visant à faire tomber le prix des automobiles. Une partie importante de la clientèle "modérément écolo" ou indifférente en matière d'écologie continuera donc à trouver trop chère et non adéquate à ses besoins l'offre de l'industrie, ce qui en bonne logique la conduira à retarder le remplacement de son véhicule. Et le parc circulant continuera à végéter aux alentours de huit ou neuf ans d'âge moyen. On aura donc sur les routes, à cinq ans d'ici, des millions de bagnoles qui, comme aujourd'hui, auront dix, quinze, voire vingt ans d'âge et qui pollueront sans vergogne, comme cela ne devrait plus être permis depuis longtemps. Trop d'écologie tue donc l'écologie… et, malheureusement, l'industrie automobile par la même occasion (si l'on ose dire). Dans un marché mature, en effet, la demande ne peut être stimulée efficacement que par le renouvellement du parc. Il faut donc agir sur la gamme des modèles, et surtout sur les prix, qui doivent permettre aux consommateurs de remplacer la voiture qu'ils possèdent. Tout ce qui freine cette dynamique commerciale est un poison pour une industrie automobile fragilisée. On pourra certes se complaire dans l'illusion d'un succès momentané lorsqu'on lancera, par exemple, les imposants 4X4 hybrides annoncés par Mercedes, BMW et Volkswagen. L'enjeu n'est pas, cependant, de juxtaposer quelques centaines de milliers de véhicules écolo à un parc archaïque et figé. Il est de rétablir les marges de l'industrie grâce au renouvellement du parc.
Ecologie, baisse des prix et sortie de crise
L'industrie automobile européenne perd de l'argent ou en gagne peu. Il y a, comme on dit, péril en la demeure. Après le cas GM, d'ailleurs, nous savons tous que notre microcosme est vulnérable, susceptible de s'écrouler. On se doit donc de miser sur une stratégie solide et non polluée (qu'on nous pardonne…) par des considérations d'un autre ordre, écologiques ou autres. Bref, c'est l'écologie qui doit se plier aux nécessités économiques (de survie ou de progrès) de l'industrie automobile, et pas l'inverse. L'écologie, en effet, ne peut pas être un objectif en soi de l'industrie automobile. On peut le regretter, mais il en est ainsi : personne n'est en mesure de soutenir sérieusement que l'écologie favorisera peu ou prou la sortie de crise. Inversement, l'expérience acquise grâce aux primes à la casse, en France et ailleurs, n'a-t-elle pas démontré que la reprise des ventes passe par une forte baisse des prix de l'automobile ? A propos : verra-t-on un jour un modèle "hyper écolo" coûter moins cher et rapporter plus de marges que le modèle non écolo correspondant ? On respecterait ainsi une tendance modèles 2010 qui s'annonce : "plus riches (contenus) ; moins chers (prix). L'autre tendance ? "moins riches ; moins chers".
Ernest Ferrari, consultant
Photo : Verra-t-on un jour un modèle "hyper écolo" coûter moins cher et rapporter plus de marges que le modèle non écolo correspondant ?
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