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Constructeurs

Réorganisation et reconquête

Publié le 29 février 2008

Par Alexandre Guillet
9 min de lecture
La marque Citroën bénéficie actuellement d'une dynamique favorable, symbolisée par des produits redevenus attrayants, et parvient même à progresser sur des marchés atones. Avec le plan Cap 2010 pour cadre et une nouvelle équipe de direction, elle...

...doit désormais restructurer sa distribution et ses méthodes commerciales.

Gamme et plan produits

Avec le lancement de C5, la gamme Citroën apparaît enfin dense et cohérente. La tradition d'une présence forte sur les différents segments des petits véhicules est bien assurée par les C1 et C3 et, à un degré moindre C2, dont on attend le renouvellement. Sur les marchés des monospaces, la marque fait merveille et le C4 Picasso a réussi le tour de force d'innover sur un segment pourtant saturé par une offre très prolifique. La success-story de ce modèle ne doit cependant pas faire oublier les difficultés de la berline. Au chapitre des utilitaires, la marque est incontournable et les lancements des nouveaux Berlingo et Nemo incitent à l'optimisme. Au niveau du Premium, les résultats s'avèrent bien plus nuancés, la C6 n'ayant jamais réussi à surmonter ses problèmes de production initiaux et la difficulté du réseau à traiter ce type de transactions. Néanmoins, elle a permis de repositionner la marque sur le haut de gamme et cela devrait profiter à la nouvelle C5, voire à la remplaçante du C8 dans un autre registre. C'est sans doute là le plus important : la marque s'est reconstituée une image séduisante et bat en brèche certains de ses anciens carcans. Le lancement plutôt réussi du C-Crosser (10 000 commandes en Europe dont 3 000 en France) en est une parfaite illustration, dans la mesure où le véhicule n'a rien d'exceptionnel. Aucune inquiétude à avoir au niveau des produits, surtout par rapport aux lancements annoncés dans le cadre du plan Cap 2010. 29 lancements sont ainsi prévus au sein du groupe PSA d'ici 2010. La seule interrogation peut porter sur la qualité quand on sait que les délais de développement sont réduits et la pression économique sur les fournisseurs s'accroît. Cependant, la règle du jeu est la même pour tous les concurrents directs et les premiers indicateurs de qualité font apparaître des progrès conséquents en 2007 (voir encadré).

Internationalisation

On ne saurait aujourd'hui regarder Citroën avec des yeux franco-français ou même européens. Si ces marchés représentent toujours l'essentiel des volumes de ventes, Gilles Michel, directeur général de la marque, répète à l'envi que la croissance future viendra principalement des marchés dits émergents. L'an passé, la marque a véritablement décollé dans la zone Mercosur où ses ventes ont progressé de plus de 45 %. En Europe centrale et orientale, Citroën a suivi l'évolution positive des marchés, mais sans faire de miracle. En Chine, Citroën a vécu une année calamiteuse, mais Gilles Michel assure que les dysfonctionnements ont été identifiés et résolus. "Pour les années à venir, nous devons enregistrer une croissance très forte dans le Mercosur et en Chine", martèle-t-il. D'ailleurs, dans le plan produits de la marque, la moitié des modèles en cours de développement ou à venir sont destinés à ces marchés.

ZOOM

Les bons comptes de PSA

  • Le groupe PSA Peugeot-Citroën vient de publier ses résultats financiers pour l'exercice 2007, en ligne avec les temps de passage prévus par le plan Cap 2010. Le chiffre d'affaires du groupe s'établit à 60,6 milliards d'euros, en progression de 7,1 % par rapport à 2006 et fait important, le chiffre d'affaires de la division automobile est au diapason, en hausse de 6,5 % à 47,5 milliards d'euros. Le résultat opérationnel du groupe atteint 1,75 milliard d'euros, soit 2,9 % du chiffre d'affaires (contre 1,12 milliard et 2 % du CA en 2006). La direction du groupe annonce une marge opérationnelle consolidée de 3,1 %, supérieure à ses prévisions initiales. Cette nette amélioration s'explique principalement par les performances de l'activité automobile qui affiche un résultat opérationnel courant de 858 millions d'euros, soit 1,8 % du chiffre d'affaires (contre 267 millions et 0,6 % du CA pour le précédent exercice). Christian Streiff explique cette progression à l'aune des premiers effets du plan Cap 2010 : amélioration de la qualité (nombre de défauts par véhicule divisé par trois en 2007) et réduction des coûts de garantie (diminution de 20 % cette année), forte baisse des frais généraux et des frais fixes, et amélioration de la productivité de 8,8 % (à effectifs moyens, le chiffre d'affaires par employé est passé de 319 000 à 347 000 euros entre 2006 et 2007). Les réductions de coûts ont ainsi généré un gain de 932 millions d'euros, tandis que la croissance de l'activité en tant que telle représente 355 millions d'euros. Ces gains ont aussi été réduits sous l'effet de l'inflation des coûts (matières premières avec un impact moindre qu'en 2006, salaires, change). On peut encore noter que les produits et charges exceptionnels non courants ont représenté une charge nette de 632 millions d'euros en 2007 (contre 808 millions en 2006), notamment avec la charge de restructuration liée au plan de départs volontaires. Au final, la position financière nette des sociétés industrielles et commerciales du groupe s'établit à fin décembre 2007 à 1,4 milliard d'euros, contre 116 millions d'euros à fin 2006. Christian Streiff précise qu'il confirme ses objectifs pour 2008, notamment pour deux indicateurs clés : une croissance des ventes de 5 % et une marge opérationnelle consolidée de 3,5 % du chiffre d'affaires.
  • Réorganisation de la distribution

    Si ces nouveaux horizons vont cristalliser de nombreux investissements, notamment pour renforcer la distribution, les marchés traditionnels ne sont pas oubliés. On pense notamment à l'Espagne, l'Allemagne (où la part de marché de la marque n'est que de 2,7 % pour une moyenne européenne de 6,6 %…), au Royaume-Uni et en France. Dans l'Hexagone, la direction de la marque a été profondément remaniée. Après le "départ" de Claude Satinet et la nomination de Gilles Michel, de nouvelles têtes sont arrivées, dont Alain Favey. François Ruppli travaille actuellement sur la restructuration des succursales. Avec un choix différent de Renault, l'objectif est le même : retrouver la voie de la rentabilité. S'il se veut donc rassurant en soulignant qu'il n'y aura pas, a priori, de fermetures, il évoque simultanément l'optimisation de chaque m2 et une amélioration de tous les indicateurs de performances, gestion des stocks incluse, naturellement… Au niveau des distributeurs indépendants, l'heure est à la modernisation et à la concentration, avec l'expansion des grands groupes et la fin d'une certaine tradition "familiale" de Citroën. Logique d'un point de vue économique, mais toujours aisé à faire accepter (voir pages 42 et 13). D'ailleurs, chez les agents, on peut parler de grogne… (voir pages 46 et 47). Le réseau de distribution va donc se réorganiser et adopter une nouvelle charte de bonnes pratiques. Pour la maîtrise des coûts de garantie, ces efforts portent déjà leurs fruits et Citroën est devant Peugeot. Concernant l'éradication du recours systématique aux remises, de fortes disparités demeurent encore. Dans ce contexte, l'objectif de croissance des ventes de 13 % fixé aux distributeurs français semble un tantinet ambitieux (voir JA n°1029-30). Enfin, l'année 2008 s'annonce en chantier satellites : rationalisation du pricing PR, déploiement d'Eurorepar à l'échelle groupe, et refonte du label Eurocasion au second semestre avec changement d'appellation à la clé.

    L'argument environnemental

    Si Gilles Michel met en avant le fait que Citroën propose une offre environnementale très attractive, avec plus de 57 % des ventes bonussées ou neutres, la question du moyen terme reste problématique sous l'angle écologique. Ce n'est pas propre à la marque, mais bel et bien au groupe. Hormis la promesse d'hybrides Diesel, Citroën comme Peugeot ne sont pas en avance sur le dossier des énergies alternatives. Considérant l'ampleur des investissements nécessaires pour trouver des solutions dans ce domaine et les objectifs du Cap 2010, on doute fort que le groupe puisse y parvenir de façon autonome. Le recours à un partenariat ponctuel pourrait être une solution. Reste alors à faire vite et à prévoir de mieux valoriser les innovations qui pourraient en découler, car dans le cadre du partenariat sur les motorisations essence par exemple, c'est plutôt BMW qui a su faire fructifier son capital image…

    ZOOM

    La nouvelle DPR dévoile son plan

  • La réorganisation de PSA orchestrée par Christian Streiff a abouti à une simplification de l'organigramme et la création de nouvelles "business unit". La création de la direction pièces de rechange (DPR) s'inscrit dans ce plan et doit permettre au groupe de gagner des parts de marché et d'accroître la rentabilité de cette activité. Rappelons que l'activité PR a dégagé un chiffre d'affaires de 4,01 milliards d'euros en 2007, en progression de 3 %. Nommé, il y a tout juste un an à la tête de cette nouvelle direction, Daniel Marteau a mis en place un plan d'action visant à réduire ses coûts de fonctionnement et d'augmenter ses parts de marché. "Notre premier objectif est clairement une réduction et une optimisation des coûts de l'activité pièces de rechange", explique-t-il. Il s'agit pour PSA de peser sur tous les coûts liés à cette activité et en premier lieu sur la logistique qui représente 70 % du coût des pièces. Fini les doublons, PSA compte mettre à plat l'organisation et la gestion des stocks. "Nous souhaitons supprimer tous les éléments qui ne constituent pas une valeur ajoutée pour le client", explique Daniel Marteau. Deuxième volet du plan, l'accroissement de l'activité pièces de rechange, passera par la conquête de parts de marché sur les véhicules de plus de 4 ans et le développement de l'activité accessoires. "Le client reste fidèle au réseau du constructeur pendant les 4 premières années de vie du véhicule et nous échappe au-delà", explique Daniel Marteau. "Nous comptons donc partir à la conquête de cette clientèle". Pour cela, PSA va faire du neuf avec de l'ancien. Désormais, la marque Eurorepar, développée par Citroën pour le marché français, sera étendue à Peugeot avec, à terme, une distribution paneuropéenne. Elle proposera un catalogue de pièces spécifiques pour les voitures de plus de 4 ans. Une équipe d'ingénieurs travaille actuellement à la création du cahier des charges pour ces pièces. Ainsi ce catalogue, qui compte actuellement 3 000 références, devrait s'enrichir et atteindre entre 6 000 et 7 000 pièces en milieu d'année et 15 000 en 2009. Une force de vente dédiée devrait participer au déploiement.

    Pierre Millet

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