Que du bonus !
Mise en place le 4 décembre dernier pour soutenir le commerce automobile, la prime à la casse* semble déjà faire son œuvre. Un mois après l'entrée en vigueur du dispositif, c'est précisément ce qu'étaient venus "vérifier" Patrick Devedjian, ministre en Charge de la Mise en œuvre du Plan de Relance, et Luc Chatel, Secrétaire d'Etat chargé de l'industrie et de la consommation sur le site Renault Retail Group d'Argenteuil. "Cette prime à la casse a d'ores et déjà eu un effet extrêmement heureux", a ainsi estimé Patrick Devedjan, s'appuyant sur les résultats de cette affaire du Val d'Oise (95). Renault y a, en effet, enregistré des commandes assez conséquentes durant le dernier mois de l'année. Entre novembre et décembre, cette filiale, composée des sites de Bezons et d'Argenteuil, a vu ses commandes augmenter de 40 %. "Le trafic en concession a été multiplié par 10 par rapport à novembre dernier ! Le 1er week-end après l'annonce, la fréquentation a été incroyablement importante. Nous avons d'ailleurs eu la visite de beaucoup de gens qui ne venaient plus chez nous. Ils nous ont clairement dit que le prix et les offres de financement les avaient attirés", témoigne Isabelle Lecluse, directrice du site. A l'instar de cette succursale, c'est l'ensemble du réseau Renault qui semble avoir bénéficié des effets de cette prime à la casse. "Ces résultats seront visibles à partir du mois de mars", confie à son tour Jacques Chauvet, directeur commercial de la marque. "Sur l'Ile-de-France, on a doublé les ventes de Scénic, de Clio, de Logan. Nous avons multiplié les ventes de Laguna par 1,5 et celles de Twingo par 4 !", développe-t-il. Une direction qui a donc décidé de maintenir son aide supplémentaire durant quelques mois pour bénéficier de ces effets positifs.
"Acheter un véhicule est un acte citoyen"
"L'impact de cette prime à la casse sur le marché 2009 sera de 5 à 10 %. C'est-à-dire 100 à 200 000 véhicules neufs en plus. Ce qui est tout à fait considérable", estime Patrick Pelata, directeur général de Renault, qui ne s'inquiète d'ailleurs pas outre mesure des effets de cette prime sur les comptes des réseaux de distribution. "Aujourd'hui, les concessionnaires sont inquiets pour leurs stocks, pas pour leurs niveaux de marges", assure-t-il en effet. Pourtant, les premiers chiffres sont assez clairs. Le dispositif gouvernemental semble ainsi accentuer le transfert d'achat vers les petits véhicules provoqué par le bonus-malus l'an dernier. A Argenteuil, sur les 67 commandes réalisées grâce à la prime à la casse en décembre, le site a vendu 52 Twingo, soit 76 % du total. Mais qu'importe. "Le réseau a terminé 2008 avec un stock disponible à la vente en baisse de 20 % par rapport à 2007", s'est félicité Jacques Chauvet. C'est bien là l'essentiel. "A nous de développer la vente des produits périphériques pour gagner la profitabilité que nous ne gagnons pas ailleurs", conclut Isabelle Lecluse. Un distributeur qui se frotte les mains donc. Tout comme Luc Chatel qui semblait, quant à lui, hésiter entre le costume de représentant de commerce cherchant l'argument choc, ou celui d'actionnaire de Renault : "Acheter un véhicule neuf est un acte citoyen car cela permet de sauver l'industrie de notre pays (Ndlr : M. Chatel oublie que la Twingo est fabriquée en Slovénie), mais également de mettre à la casse des automobiles polluantes au profit de véhicules plus vertueux", estimait-il en effet, comme une résurgence d'une antique campagne nationale ou du récurrent. "Nos emplettes font nos emplois". Un argument qui remet au goût du jour un autre vieux slogan. "En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées"… qui fonctionnent !
*Prime de 1 000 euros pour la mise à la casse d'un véhicule de plus de 10 ans et l'achat d'un véhicule émettant moins de 160 g CO2/km.
FOCUSLes Etats Généraux de l'Automobile Luc Chatel a profité de cette visite en concession pour annoncer l'ouverture, le 20 janvier prochain, des Etats Généraux de l'Automobile, de manière à trouver des solutions à la crise du secteur. "L'automobile, en France, ce n'est pas fini, ce n'est pas foutu ! Pour cela, nous devons être capables de lancer des grands projets de recherche et de développement ainsi que de réaliser certains gains de compétitivité", annonce en effet le porte-parole du gouvernement. C'est précisément le but de cette sorte de Grenelle de l'auto qui s'ouvrira prochainement. "Je souhaite que chacun amène sa pierre à l'édifice pour faire en sorte que l'industrie française automobile sorte confortée de cette crise", a-t-il précisé. Constructeurs, équipementiers, sous-traitants, représentants du personnel se réuniront donc à la table de cette commission de réflexion. |
Photo : En visite sur le site RRG d'Argenteuil le 6 janvier dernier Patrick Devedjian et Patrick Pelata ont également révélé que la prime à la casse n'avait pas encore eu d'effet visible sur les ventes de VUL, eux aussi concernés par l'aide du gouvernement.
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