Preview Equip’ Auto, Michel Vilatte, président de la Feda et de la Figiefa.
Michel Vilatte. Tout a déjà été dit sur la crise économique et financière donc je n'y reviendrai pas. Sur le front industriel, nous traversons aussi une crise très grave et nous mesurons ainsi les effets des délocalisations massives des dernières années… Si on veut se bander les yeux, on peut se focaliser sur l'indice des ventes de VP, soutenues par la prime à la casse. Mais si ce dispositif maintient les volumes, associé au bonus-malus, il dégrade le résultat en valeur. Nous nous alarmons d'ailleurs pour les concessionnaires et les agents qui doivent souffrir beaucoup. En outre, les derniers chiffres communiqués par la Fiev, relatifs à la production industrielle des équipementiers, sont inquiétants, de l'ordre de - 36 %. Et il faut prendre en compte que l'impact sur la réparation est encore à venir.
JA. Est-ce à dire, selon vous, que le domaine de l'après-vente est encore épargné ?
MV. Nous sommes tout de même déjà confrontés à des facteurs négatifs, avec une baisse du kilométrage moyen et l'érosion du pouvoir d'achat, ce dernier élément engendrant un report des interventions, des négociations sur les tarifs et un essor des gammes de 2ème et 3ème choix - y compris chez les constructeurs - ce qui n'est pas sans poser des questions par rapport à la qualité d'origine, voire la sécurité. Toutefois, des facteurs amortissent la crise : le parc roulant reste de 36 millions de véhicules et les véhicules anciens sont encore nombreux. Ainsi, sur le marché des consommables, la baisse est comprise entre 0 et - 5 %, sauf semble-t-il chez les réseaux de marques où elle se situerait plutôt entre - 5 et - 10 %. En revanche, sur le marché des équipements de garage, nous déplorons une baisse à deux chiffres, et légèrement moindre sur le segment de l'outillage. Cela nous renvoie directement au problème de la LME, appliquée brutalement et sans aucune progressivité. Nos adhérents souffrent, mais les équipementiers se sont aussi tirés une balle dans le pied en refusant de négocier ! Et comme les banques ne jouent pas non plus leur rôle ! Enfin, une inquiétude plane sur les marchés PL et Industrie même si l'entretien n'est pas encore trop affecté. Bref, à bien des égards, on est plus en train de tuer l'économie que de la relancer.
JA. Vous évoquez la LME et les délais de paiement : le conflit ouvert avec les équipementiers et la Fiev est-il en voie d'apaisement ?
MV. Nous n'avons toujours pas bien compris… Face à l'absence de négociations, nos adhérents ont dû réduire brutalement les stocks pour compenser. Cette réduction est de l'ordre de 25 %. C'est une bonne chose pour les plates-formes, mais ça l'est beaucoup moins pour les équipementiers qui souffrent par conséquent sur les deux fronts : constructeurs et après-vente. Incompréhensible, n'est-ce pas ? De notre côté, il faut se réjouir du fait que les défaillances d'entreprises ont été très limitées et il faut rendre hommage à l'efficacité d'Oseo, par rapport aux besoins en fonds de roulement notamment, et du Médiateur du crédit. Toutefois, les entreprises sont majoritairement plus fragiles qu'elles ne l'étaient hier et c'est particulièrement sensible chez les réparateurs qui sont aussi affectés par les délais de règlement et la frilosité des banques pour les aider à financer leurs investissements d'équipements.
Retrouvez l'intégralité de cet entretien et de la présentation Equip'Auto dans notre prochaine édition du JA (n°1094).
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