Pierre Guignot, Mitsubishi : "Les sociétés devraient représenter 30 % de nos ventes en France en 2025"
Le Journal de l’Automobile : Vous êtes nommé depuis bientôt trois mois à la tête des activités import du groupe Emil Frey France, comment s’est passée votre adaptation ?
Pierre Guignot : J’ai eu la chance d’avoir un parcours d’intégration très riche. J’ai commencé par découvrir les installations Emil Frey Europe à Zurich pour découvrir les infrastructures et le personnel. J’ai également pu passer du temps avec Mitsubishi Europe à Amsterdam, et surtout au Japon au mois de mars. J'y ai suivi des réunions de travail et visité les usines de fabrication de l'Eclipse et de l’Outlander.
J.A. : Le plan Momentum 2030 de Mitsubishi vient d’être annoncé, en quoi consiste-t-il ? Représente-t-il une mise au second plan du développement en Europe de la marque ?
P.G. : Le plan consiste à se montrer incisif dans le chemin vers l’électrification sur le marché nord-américain qui est historiquement très porteur pour les marques japonaises (le marché nord-américain est par exemple le premier marché de Subaru, il était le troisième plus important pour Mitsubishi en 2018, NDLR). Il consistera également en un élargissement de la gamme en Amérique du Nord et en l’agrandissement du réseau de distribution là-bas. Mais Mitsubishi ne délaisse pas pour autant l’Europe et souhaite se développer sur ce continent avec ce que les Japonais appellent le "Mitsubishiness", ce qui veut dire redonner une image de marque à ce constructeur centenaire.
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J.A. : Au niveau produit, quels mouvements y a-t-il chez Mitsubishi ?
P.G. : L’actualité, c’est le lancement en ce moment même de l’ASX phase 2, un modèle hérité de l’Alliance mais qui, avec ce nouveau design, reprend un peu plus les codes de Mitsubishi pour lui donner un caractère fort. Son arrivée dans les concessions françaises est prévue pour le mois de septembre 2024. Suivra assez rapidement le lancement de l’Outlander en version hybride et quatre roues motrices (modèle le plus vendu de Mitsubishi sur le marché français, NDLR), 100 % fabriqué au Japon. En 2025, viendront deux nouveaux produits électrifiés (Mitsubishi a promis en 2023 l’arrivée d’un véhicule 100 % électrique dérivé de l’Alliance pour l’année 2025, NDLR).
J.A. : Parallèlement à ces lancements, Mitsubishi a aussi annoncé l’extension de sa garantie à huit ans, pourquoi ?
P.G. : Il nous paraissait évident d’introduire dans ce plan de relance la garantie huit ans et 160 000 km qui est une garantie constructeur "tout sauf", donc une véritable offre intéressante. En réalité, les clauses sont identiques à l’ancienne, mais la durée est allongée. Ce n'est pas un hasard. L'objectif est d'être cohérent avec la garantie des batteries qui est également de huit ans et 160 000 kilomètres. Le client aura ainsi une visibilité claire, surtout sur les nouveaux véhicules hybrides comme l’Outlander, sur lesquels le pack batterie est important.
J.A. : Les dernières années n’ont pas été les meilleures de Mitsubishi sur le marché français, tout cela a-t-il pour ambition de signer un retour ?
P.G. : Si nous faisons notre retour, cela voudrait dire que nous sommes morts. Or, ce n’est pas le cas, même si, effectivement, Mitsubishi n'a pas traversé une bonne période. Toutes ces annonces ont surtout pour but de constituer une logique pour l’avenir. Il faut rassurer les 130 points de vente que nous avons en France, en accompagnant cette stratégie produit d’une vraie stratégie volume.
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J.A. : Quels sont les objectifs et les promesses pour le réseau ?
P.G. : Notre plan "Drive your ambition with confidence" présente au réseau une approche pragmatique et réaliste de la relance. Nous leur avons dévoilé une stratégie qui inclut la valeur du réseau. Sans l’impact d’un vendeur, sans un service de qualité en concession, il ne peut pas y avoir de retour des performances de Mitsubishi. Aussi, nous proposerons avant la fin de l’année notre nouvelle garantie de huit ans au travers d’un pack de services pour ramener de la rentabilité via les ateliers.
J.A. : Et pour les volumes ?
P.G. : Notre ambition est d’atteindre 7 500 véhicules neufs en 2025 sur le marché français, c’est-à-dire 0,5 % de part de marché (en 2023, le constructeur japonais a réalisé 2 665 mises à la route et représenté 0,2 % de part de marché, NDLR). 2024 ne devrait pas être une année de transition. Nous avons quand même des nouveautés produit et service qui arrivent. Le retour au volume devrait se ressentir dès 2025.
J.A. : Mitsubishi est assez faible du côté du BtoB. Vous qui êtes installé à sa tête depuis peu, est-ce une problématique que vous prenez à bras-le-corps ?
P.G. : La nouvelle garantie a également ce but-là. La garantie étant cessible, cela devrait nous permettre de nous positionner sur les ventes aux sociétés où nous avons du retard, et augmenter ainsi nos volumes sur le segment B, avec la Colt et l’ASX. Pour vous donner des chiffres, les ventes aux sociétés devraient représenter 30 à 35 % minimum des ventes de Mitsubishi en France en 2025. Aujourd’hui, elles atteignent péniblement les 12 %.
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