Navya s'installe à La Défense... et pense à l'Australie
Le coup d'envoi a été donné par Valérie Pécresse et Patrick Devedjian, respectivement présidente de la région Ile-de-France et président du département des Hauts-de-Seine. Ce 3 juillet, le quartier d'affaire de La Défense (92) a officialisé le début d'une expérimentation de la Navya Arma. La navette autonome du constructeur lyonnais transportera des passagers sur le parvis, entre les gratte-ciel durant six mois.
Ce projet d'un montant global de 350000€ est à mettre au crédit du Stif, la société de transport francilienne, qui s'est entouré des compétences de Keolis, l'exploitant de moyens de transport et actionnaire de Navya, et de Defacto, qui est en charge de la promotion et de l'animation de l'espace public de Paris La Défense. Il fait suite au test qui avait été mené entre janvier et avril, entre les gares de Lyon et d'Austerlitz, à Paris.
Mais cette fois-ci, ce n'est pas Easy Mile, mais Navya qui a été retenu par le Stif pour couvrir les trois parcours définis. Ce qui marque une première pour la société lyonnaise. Jamais, en effet, le constructeur de l'Arma n'avait été sélectionné pour une expérimentation en Ile-de-France, contrairement à son principal concurrent. Les navettes autonomes passeront toutes les vingt minutes aux points d'arrêt et adopteront une rotation rapide (toutes les dix minutes) durant trois plages horaires, de 8 à 10h, de 12 à 14h et de 16 à 20h.
Un second site à Lyon et l'Australie en vue
Si Navya annonçait, la semaine dernière, son projet d'usine de production dans le Michigan, aux Etats-Unis, le constructeur s'est jusqu'à présent fait plus discret sur son expansion dans la région lyonnaise. Le groupe financé par Valeo a ouvert un second site d'assemblage dont l'inauguration aura lieu dans quelques semaines. Il porte ainsi les capacités à 500 unités annuelles, une fois les chaînes opérationnelles. En cas de besoin, des constructeurs tels que Gruau rassemblent les caractéristiques des relais industriels tout trouvés, laisse entendre le président de l'entreprise fondée en 2014.
Quid alors d'une usine en Asie, où Navya vient encore de lancer un programme à Hong Kong et pourrait être retenu sur la centrale nucléaire de Fukushima par Tepco ? "Nous sommes plus mesurés. Nous y avons songé, mais les nombreuses différences culturelles sur ce continent nous poussent à étudier davantage ce dossier. Mais nous pourrions bientôt nous implanter en Australie, où les coûts sont proches de ceux de la France et la culture similaire à celle des Etats-Unis. Ainsi, nous pourrions livrer nos clients en quinze jours, contre six semaines par bateau ou 14000€ par avion, depuis l'Europe", nous confie Christophe Sapet, le président de Navya.
Un semestre pour doubler les effectifs
Cet effet d'accélération des appels d'offres soutient la croissance d'un marché où seuls les deux Français, Navya et Easymile, ont la capacité de répondre aux attentes. Avec 80 unités, le constructeur a réalisé 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. "Sous réserve de ne pas faire de lourds investissements, nous estimons que nous devrions franchir le point d'équilibre de rentabilité en fin d'année 2018, annonce Christophe Sapet, mais il n'est pas exclu de dévoiler un tout nouveau projet dans un avenir proche." L'idée de navettes d'envergures différentes – plus petites ou plus volumineuses – refait surface. Le président en avait déjà fait allusion, lors d'un échange avec le Journal de l'Automobile, au CES de Las Vegas, en janvier dernier.
Navya ne pense pas faire entrer plus d'actionnaires dans le capital pour le moment, mais mènera une campagne de recrutement. Le groupe souhaite passer de 120 à 200, voire 250 personnes d'ici à la fin de l'année et poursuivre ensuite. Tous les domaines sont concernés, néanmoins, les ingénieurs sont ciblés en priorité, notamment ceux capables de perfectionner la fusion des données des capteurs. "Nous voulons aussi apporter la communication entre véhicules (VtoV), d'ici deux ans, glisse Christophe Sapet. Le phénomène de la voiture autonome intéresse et s'est déplacé de l'Amérique du Nord vers l'Europe, ce qui complique le recrutement des talents. La notoriété nous permet de contrer la problématique de raréfaction", achève-t-il sur une note positive.
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