Navya prépare son entrée en Bourse
C'est un présent d'anniversaire à côté duquel il n'aurait pas voulu passer. Navya a annoncé avoir entamé les démarches en vue de procéder à une introduction en Bourse. Le constructeur de véhicules autonomes, qui a célébré ses quatre ans d'existance, ce 1er juin, a franchi l'étape de l'enregistrement de son document de base auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), sous le numéro I.18-048 en date du 5 juin 2018.
Navya vise le marché réglementé d’Euronext Paris. La réalisation de son opération demeure conditionnée, notamment aux conditions de marché et à la délivrance par l’AMF d'un visa sur le prospectus d’introduction en Bourse. Mais pour Christophe Sapet, le président-fondateur, cette nouvelle étape dans le développement de l'entreprise "permettra d'accroître la visibilité sur la scène internationale", confiait-il ce 5 juin à l'occasion d'une conférence organisée par le groupe.
Seul constructeur du programme H2020
Cette annonce de Navya intervient dans un contexte favorable. En effet, le constructeur de véhicules autonomes Navya a été sélectionné pour être le seul constructeur inclus dans le programme européen Horizon 2020 (aussi appelé H2020, NDLR). L'annonce a été faite, ce 5 juin 2018, par Christophe Sapet. Ce projet d'expérimentation de transport autonome est porté par le consortium Avenue (Autonomous Vehicles to Evolve to a New Urban Experience), qui œuvre à concevoir un système de mobilité adapté aux villes du futur.
Au total, Navya va livrer dix exemplaires de l'Autonom Shuttle aux quinze autres partenaires du programme H2020. Trois iront à Genève, autant à Copenhague, les villes de Lyon et de Luxembourg en accueilleront chacune deux unités. Elles seront intégrées aux réseaux respectifs des agglomérations et permettront d'évaluer leur intérêt dans une stratégie de gestion des besoins de mobilité. "Ce programme bénéficie d'un budget de 22 millions d'euros, dont 16 millions d'euros proviennent de la Communauté européenne", présente Christophe Sapet. Les livraisons de ces navettes débuteront sous peu, explique-t-il par ailleurs.
40 % de pénétration une fois à maturité
D'autres livraisons il sera aussi question, mais cette fois d'Autonom Cab, le robot-taxi conçu et produit par Navya. Le président, qui avait déjà abordé ce sujet il y a quelques semaines, confirme que Lyon et Perth, en Australie, recevront les voitures de six places au troisième trimestre. "Les Australiens sont rapides pour régler les démarches administratives, mais comme il y a six semaines de délai de livraison, alors Lyon sera peut-être la première ville au monde à déployer une flotte de robots-taxis sans chauffeur", rapporte le fondateur de Navya. Dans chacun des cas, le constructeur s'est engagé sur cinq unités. Cinq de plus traverseront l'Atlantique. Toutefois, Christophe Sapet n'est toujours pas en mesure de renseigner la destination que doit choisir Keolis, son partenaire exploitant – et actionnaire à 15 %, soit autant que Valeo.
Autant de projets concrets qui confortent Navya dans ses ambitions. "Nous voulons détenir 40 % du marché des navettes et taxis autonomes en 2025, lorsque le marché aura décollé", a fixé pour objectif, Christophe Sapet. A cette échéance, selon les prévisions du cabinet Roland Berger, le parc roulant mondial comptera 34 000 navettes et 2 millions de robots-taxis, pour un chiffre d'affaires du secteur estimé à 4,6 milliards d'euros. Le président de Navya conserve en revanche le silence sur ses propres prévisions de répartition des ventes. Il adresse à ce jour plusieurs cibles et juge "stratégique" cette donnée. Rien de surprenant à la lecture du bilan financier. Le groupe estime que 90 % des revenus, soit environ 9 millions d'euros si on se réfère au chiffre d'affaires 2017, proviennent de la vente des véhicules et 10 % à peine sont issus du récurrent (mise en service, entretien, supervision…). En tant qu'acteur actif de la création d'un marché, Navya se gardera bien de faire un bilan de ses rapports de prospection.
Rentabilité et montée en cadence
2019 ne sera pas encore une année rentable, quand bien même l'effervescence et le dynamisme des gouvernements encouragent les adoptions de véhicules autonomes. Cependant, Christophe Sapet affirme "qu'à partir du 4e trimestre 2019, nous allons arrêter de perdre de l'argent". En clair, la bascule va se faire et le constructeur va prendre la route de la profitabilité. En grande partie parce que la notoriété de la marque rassure les partenaires privés lorsqu'il faut financer les projets d'expérimentation. "Nos budgets n'augmentent pas significativement de ce point de vue", assure le président-fondateur lyonnais. De quoi, là aussi, lui donner l'envie d'explorer de nouvelles pistes. Un véhicule dédié à la livraison en milieu urbain, la vente de technologies sous licence et le codéveloppement de produits inédits dans sa gamme (bus…) sont autant d'idées qui lui trottent dans l'esprit.
En mai 2017, le site de production a déménagé de quelques kilomètres du site historique pour s'installer à Vénissieux (69). Il prépare en ce moment la montée en cadence. Les rythmes vont grimper de trois véhicules par semaine à un véhicule par jour, en apportant de légères modifications à la chaîne de fabrication. Dans un an, si la courbe de croissance tient ses promesses, le constructeur va renforcer l'équipe de 90 personnes de sorte à sortir, chaque jour, deux exemplaires de plus. Un volume auquel s'ajouteront les trente unités annuelles que peut assembler l'usine de Saleen, près de Détroit, d'une part, et le renfort d'une autre en Asie, d'autre part. Ce dernier point est à l'étude sur le bureau de la direction.
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