Missions accomplies pour Solutrans
Aux missions principales que se fixe Solutrans depuis plusieurs années, définies par le triptyque business, échange et innovation, une quatrième, plus politique, est venue se greffer à cette 12e édition, qui se tenait du 19 au 23 novembre. Dans un contexte toujours morose, puisque les marchés des camions et des utilitaires accusent tous deux un net recul depuis janvier, mais également houleux, terni par le problème de l’écotaxe et les blocages des transporteurs, le salon lyonnais se positionnait cette année plus que jamais comme le défenseur et l’ambassadeur d’une filière à la fois malmenée et méconnue. “La filière est stigmatisée et réduite à quelques clichés, comme souvent. Les véhicules Euro 6 sont pourtant les moins polluants et les plus silencieux jamais produits. Il faut regarder ce secteur avec un autre œil et communiquer auprès du grand public”, a introduit Bruno Blin, président de Renault Trucks. Le rôle de “caisse de résonance de la profession” que revendiquent les organisateurs du salon prenait alors toute sa dimension. Les discours, tout à la fois engagés et optimistes, se voulaient ainsi unitaires et rassembleurs. Finalement, Solutrans 2013 ne pouvait pas mieux tomber. Dans l’adversité (la neige est venue s’ajouter au programme), à l’image de l’équipe de France de football qui disputait son deuxième match le jour de l’ouverture du salon, l’événement a pris toute son ampleur et gagné en crédit.
Une affluence en hausse de 8 %
Depuis le report de l’édition 2009, le salon, placé sous l’égide de la FFC, ne cesse d’explorer de nouvelles pistes, de proposer de nouveaux temps forts destinés à valoriser la profession ou encore des moments d’échanges et de débats sur les enjeux du secteur. L’événement, qui entend devenir “le premier salon européen dédié à l’innovation”, introduisait cette année l’allée de l’innovation à l’entrée d’Eurexpo, une initiative visant à présenter de façon interactive les candidats aux Prix de l’Innovation des Solutions de Transport (voir encadré). La formation et l’emploi étaient également à l’honneur pour cette 12e édition, avec pas moins de 450 élèves et 250 étudiants venus découvrir les 150 nouveautés présentées par les 800 exposants, en provenance de 16 pays. Le 3e rendez-vous de la filière camion, organisé en trois temps, a réuni 150 participants de l’ensemble des fédérations et institutions concernées sur le thème “Quels camions pour quels systèmes de transport ?”. Le Truck & Bus World Forum a rassemblé le troisième jour près de 300 décideurs internationaux de l’industrie des véhicules commerciaux. Autant d’initiatives et de rendez-vous qui ont séduit les visiteurs, au nombre de 35 000 cette année, soit une progression de 8 % par rapport à 2011, dont 10 % d’internationaux (+ 30 %).
Les camions Euro 6 en vedette
Au-delà des différents rendez-vous qui gravitent autour de l’événement, les produits présentés par les exposants sont l’autre composante fondamentale de la réussite du salon. Sur cette édition 2013, les stands des constructeurs de poids lourds représentaient un relais formidable, avec, en ligne de mire, l’entrée en vigueur de la norme Euro 6, au 1er janvier 2014. Si le salon d’Hanovre avait déjà levé le voile l’an passé sur quelques nouveautés, Solutrans avait la primeur de rassembler l’ensemble des nouveaux produits et des technologies des constructeurs, déjà commercialisés depuis quelques mois. Renault Trucks, qui avait révélé sa nouvelle gamme en juin à Eurexpo, présentait ses huit véhicules sur son stand, dont le nouveau modèle de distribution urbaine D Cab 2 m, disponible de 3,5 à 7,5 tonnes, et développé en partenariat avec Nissan Motor Ltd. Un peu plus loin, son “cousin” Volvo Trucks présentait lui aussi sa gamme de véhicules entièrement renouvelés, avec en vedette le nouveau FH auréolé de son titre de “Truck of The Year 2014”. Le constructeur transalpin Iveco exposait en avant-première les Trakker Euro VI et Eurocargo Euro VI, ce dernier représentant un enjeu particulièrement stratégique pour la marque qui représente 28,3 % de part de marché sur le segment Medium en France. En six ans, Iveco revendique un gain de 9,9 points de pourcentage sur ce marché. Déjà bien avancé sur le sujet de l’Euro 6, avec “plus de 25 000 camions qui tournent en Europe”, Mercedes-Benz présentait pour la première fois l’Actros 1863, doté du nouveau moteur OM 473 cubant 15,6 litres, le modèle Arocs dédié au BTP, la version lourde du Fuso Canter ou encore le nouveau Sprinter. Le constructeur néerlandais Daf, qui va réaliser, en 2013, une année record en termes de parts de marché, exposait pour la première fois en France l’intégralité de la gamme des séries LF, CF et XF en Euro 6, et dévoilait également le nouveau camion LF 19 tonnes Distribution ou encore les modèles CF Construction. Scania allait même plus loin en présentant un nouveau camion “porteur” doté d’un moteur Euro 6 à gaz, expérimenté par la société des transports Biocoop.
Des nouvelles solutions pour accompagner les changements de gammes
Comme souvent dans le domaine du véhicule industriel, les acteurs ont également mis l’accent sur les derniers services et solutions déployés pour améliorer l’utilisation du véhicule. Volvo Trucks a ainsi profité de Solutrans pour annoncer le lancement de Volvo Truck Rental, qui permettra aux professionnels, à compter du 1er janvier 2014, d’accéder à une offre de 200 véhicules neufs en location multiservice, pour des durées allant de un jour à huit ans. L’opérateur suédois a également remis au goût du jour son programme occasion Selected Used Trucks, qui propose désormais des véhicules Volvo FH ou FM Euro 5, sélectionnés et remis à niveau pour être conformes à la norme EEV. “Afin de limiter au maximum l’impact de la future Ecotaxe sur les véhicules de seconde main”, justifie le constructeur suédois, qui entend commercialiser 1 000 unités dans le cadre de son label. Pour accompagner le renouvellement de sa gamme Euro 6, Daf a introduit, pour sa part, le programme Paccar Parts Fleet Services, une nouvelle offre de gestion de pièces de rechange destinée à optimiser l’exploitation des flottes des clients grands comptes, ainsi que des nouveaux contrats d’entretien Daf MultiSupport, aux mêmes tarifs que les anciens contrats Euro 5. Enfin, MAN a profité de l’événement lyonnais pour sortir son Carré Magique, une offre complète qui vise à abaisser les coûts d’exploitation des flottes, et ainsi augmenter leur rentabilité, via quatre grands piliers : la technologie TGX EfficientLine Euro 6, la mise en main approfondie par un Expert Man qui intervient à la livraison des véhicules neufs, la formation ProfiDrive® à la conduite économique et les équipements TeleMatics® de suivi et d’optimisation des performances. “Chaque litre de carburant économisé aux 100 km via le Carré Magique permet de gagner 1 % de résultat net pour un transporteur”, argumente Jean-Yves Kerbrat, directeur général de Man Camions & Bus.
Le VUL éclipsé par l’effet Euro 6
Avec l’échéance imminente de l’Euro 6, cette édition de Solutrans était donc résolument tournée vers le poids lourd, une orientation particulièrement palpable à travers la communication qui a précédé la manifestation ou encore le choix des thèmes des tables rondes et forums. Bien placés à l’entrée du hall principal mais sous-représentés, les acteurs du véhicule utilitaire s’en sont retrouvés dès lors relégués au second plan. Voire même plus loin tant ils étaient peu nombreux cette année. Ce n’est pas nouveau, les acteurs du VUL ont du mal à trouver leur place sur les salons, et Solutrans ne déroge pas à cette problématique. Entre Batimat, Milipol, le salon des Maires et des Collectivités et les événements spécialisés dans des secteurs d’activités bien spécifiques, l’éparpillement est total. Seul le salon de Hanovre parvient à mobiliser l’ensemble des acteurs du marché. Conscient du défi, Patrick Cholton ne cachait pas, en 2011, son souhait de rassembler cette cible, en sensibilisant notamment la population des concessionnaires de la région Rhône-Alpes. Pourtant, les constructeurs, les aménageurs et les constructeurs-carrossiers étaient encore moins nombreux à exposer qu’il y a deux ans. La faute à qui ? Aux organisateurs qui ont trop mis l’accent sur le poids lourd ? Aux acteurs de l’utilitaire qui ne viennent pas ?
Le Trucks et Van Of The Year en jeu
Les restrictions budgétaires, compréhensibles par les temps qui courent, l’actualité produits ainsi que les stratégies de chacun sont autant de raisons qui expliquent cette désaffection. Il n’est pas impossible non plus que les absences des uns aient précipité celles d’autres acteurs. Le choix de Gruau avait de quoi surprendre au regard de la place que l’opérateur lavallois occupait sur le salon lors des dernières éditions, et se veut pourtant en phase avec les dernières déclarations de son président, dont les perspectives de croissance se dessinent davantage à l’international. “Nous sommes contents d’être présents sur cette édition, mais il est certain que nous nous posons des questions sur la place du VUL à Solutrans. Nous sommes d’ailleurs en discussion depuis longtemps avec les organisateurs afin d’orienter davantage ce salon en faveur de l’utilitaire, car il n’existe pas en France d’événement dédié à cette activité, qui est pourtant l’un des plus gros marchés européens”, réagit Patrice Bergonzi, directeur de Fiat Professional, qui présentait sur son stand deux nouvelles versions de véhicules carrossés. Un enthousiasme teinté de frustration également palpable chez System Edström, seul aménageur à avoir répondu à l’invitation. Présente pour la troisième édition de suite à Solutrans, la société suédoise, qui concourrait cette année aux Prix de l’Innovation, a fait du salon lyonnais un rendez-vous stratégique pour poursuivre sa croissance sur le marché hexagonal. “Solutrans est d’abord le salon de la carrosserie industrielle. Il y a, certes, moins d’acteurs du VUL cette année, mais les produits qui sont présentés sont à voir, car il y a beaucoup d’innovations vraiment étonnantes et, ici et là, beaucoup de petites idées intéressantes”, observe Jean-Luc François, directeur de la division VUL et poids lourd de Mercedes-Benz France. Sur ce qu’il a montré cette année, Solutrans a parfaitement justifié l’obtention du trophée du Van Of The Year en 2015, qu’il convoite ardemment afin de renforcer sa crédibilité, sa réputation et son rayonnement international. C’est même devenu une priorité pour assurer sa progression. En revanche, les organisateurs ne doivent pas perdre de vue que le prix du Truck Of The Year est lié à celui du Van Of The Year. Et sur celui-ci, sa légitimité est plus contestable.
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FOCUS - Et les vainqueurs sont…
Sept lauréats ont été distingués cette année lors des traditionnels Prix de l’Innovation des Solutions de Transport, organisés depuis 2001 par la CCI de Lyon en marge de Solutrans. Cette année, 52 dossiers de candidature ont été dénombrés dans deux catégories : Carrossiers-Constructeurs et Equipementiers. Trois niveaux de distinction ont ensuite été définis pour chaque catégorie : bronze, argent et or. Comme il y a deux ans, le jury a souhaité attribuer un prix coup de cœur “Paul Berliet”. Dans la catégorie Carrossiers-Constructeurs, l’or est revenu à l’entreprise Chereau pour son dispositif “double plancher breveté avec poutres captives, totalement compatibles multi-température”. Frappa (argent) et Lamberet (bronze) ont également été récompensés. Dans la catégorie Equipementiers, Dhollandia a été distingué lauréat Or pour son hayon DH-VOCS qui, associé au cadre arrière du véhicule, ne forme qu’une pièce. Les autres lauréats sont les sociétés Cramaro (argent) et PMS Industrie (bronze). Enfin, le prix coup de cœur “Paul Berlier” est revenu à Pommier pour son innovation Multis, “un crochet d’attelage mixte à la cinématique simple et intuitive, manipulable à une seule main, ce qui réduit par 10 le temps d’attelage/dételage”.
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