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Constructeurs

Mercedes, Angela, Dieter et l’Automobile

Publié le 25 février 2011

Par Hervé Daigueperce
5 min de lecture
Après avoir envoyé, de Détroit, les cartons d’invitation aux cérémonies d’anniversaire des 125 ans de Daimler, Dieter Zetsche, président de Daimler AG a accueilli, le 29 janvier dernier, à Stuttgart, quelque 1 500 invités à la “première”, en compagnie de la chancelière allemande, Madame Angela Merkel.
Un trio gagnant pour le Land et l’Allemagne : autour de la Chancelière Angela Merkel, le Premier ministre de l’Etat du Baden-Württenberg, Stephan Mappus et Dieter Zetsche.

“Nul ne rencontre deux fois l’idéal. Combien peu le rencontrent même une fois !” s’exclamait Oscar Wilde. Pour Dieter Zetsche, le président de Daimler AG et de Mercedes-Cars, l’idéal se devait d’être au rendez-vous de son anniversaire, celui de Karl Benz qui, le premier, il y a 125 ans, déposait le brevet “d’une voiture à moteur à essence” presqu’en même temps que Gottlieb Daimler ; et donc aussi l’anniversaire de l’automobile. Sans vouloir entrer dans la polémique de l’inventeur réel ou supposé de l’automobile - qui va se reposer, vraisemblablement pour la voiture du futur - admirons l’habileté de Dieter Zetsche, qui, depuis le début de ces 125 ans, brouille les repères de façon à ce qu’on ne puisse plus distinguer les célébrations du groupe Daimler ou celles de l’automobile. Fondant dans un même tout séduisant, l’innovation technologique, l’histoire automobile, Karl Benz, Gottlieb Daimler, les ingénieurs en Recherche et Développement du groupe et l’Allemagne. Une fusion particulièrement révélatrice du leadership qu’entend bien conserver, à l’avenir, l’industrie allemande, un leadership auquel Angela Merkel a offert sa bénédiction, non sans quelques contreparties…

Au commencement, il déposa un brevet

Tout a commencé, donc, il y a 125 ans par le dépôt d’un brevet et le brevet sera le leitmotiv de toute la soirée inaugurale, se déroulant au Musée Mercedes-Benz de Stuttgart, et bien sûr, de la communication du groupe, à venir cette année. Avec 80 000 brevets déposés par l’entreprise depuis 1986, la revendication d’une culture de l’innovation s’avère on ne peut plus justifiée. A tel point que la présidente du bureau des marques et brevets allemand (notre INPI en quelque sorte), Cornelia Rudloff-Schäffler, invitée pour l’occasion, rappelait l’importance de l’industrie automobile dans le nombre de brevets déposés et la place qu’occupait Daimler en Allemagne comme dans le monde entier. Une position que la chancelière allemande Angela Merkel stigmatisait dans un discours volontiers engageant, et empreint de nationalisme industriel. Rappelant que l’Allemagne était portée par la vitalité et la capacité d’innovation de ses industries et entreprises, Angela Merkel a donné une coloration plus politique, sociale et économique en montrant que le pays pouvait prétendre à un leadership international grâce à la force de ses exportations. Et de demander à l’industrie allemande de continuer à investir en R&D et dans les hommes comme elle le faisait, elle-même, en injectant de solides sommes dans l’éducation et la formation initiale, et en maintenant un haut niveau dans les universités. Cette gentille mise au point effectuée - j’investis pour vous, investissez pour nous - , relayée par le Premier ministre de l’Etat Fédéral du Baden-Württemberg, Stefan Mappus au niveau social local, la Chancelière a véritablement exhorté l’assistance à la solidarité entrepreneuriale et montré son attachement au secteur industriel et à ce qu’il autorise pour le développement de l’homme. Réceptif, Dieter Zetsche, en célébrant les dizaines d’innovations technologiques conçues par le groupe a associé la mobilité à la liberté : “l’invention de Daimler et Benz a changé le monde pour le meilleur et elle continuera à le faire. L’histoire montre que lorsqu’une société devient physiquement mobile, elle le devient aussi socialement et s’engage sur la voie de la réussite économique”. A Paris, à la veille du Mondial, Dieter Zetsche avait même qualifié l’automobile comme vecteur de démocratie. Un propos fort, en pleine globalisation.

Trois pilotes ont la Classe… B !

Peu avant la cérémonie, le nouveau SLK était présenté en avant-première à la presse avec le concours de trois ambassadeurs de luxe, à savoir les pilotes Michael Schumacher, Nico Rosberg et David Coulthard. Tous trois convaincus - et, ma foi, nous aussi - du propos de Joachim Schmidt, le vice-président ventes et marketing de Mercedes Cars que “la voiture n’a rien perdu de sa fascination, et nous faisons tout pour maintenir son attractivité”, afin d’établir une fois pour toutes, le concept de “sportivité raffinée” auquel ont adhéré quelque 500 000 acquéreurs du SLK depuis 1996. Le patron du design, un brin lyrique, évoquera “le design intemporel qui interprète notre héritage” et reviendra sur la sportivité raffinée et très stylée, dégagée par les proportions du SLK, “capot très long, poupe très courte, les ailes arrière très musclées”. Entre tradition et avancées technologiques, ce sont ces mêmes pilotes qui donneront le coup d’envoi, le soir, au tour du monde, en 125 jours (!) en Classe B- F-Cell, c’est-à-dire “le premier véhicule à pile à combustible de série”. Désireux de montrer au monde entier que le groupe tient la route en matière de nouvelles technologies, qu’elles soient électriques, hybrides ou à pile à combustible, Daimler a lancé cette expérience audacieuse - rappelant les grandes virées de nos constructeurs au temps des pionniers - aussi pour promouvoir “un réseau global de stations-service d’hydrogène”. Un pari pas gagné d’avance si l’on considère la difficulté quasi insurmontable pour pouvoir, simplement, brancher un véhicule électrique dans une ville comme Paris ! 30 000 kilomètres, 4 continents, 14 pays traversés à bord de trois Classe B à l’autonomie de 400 km environ, voilà ce tour du monde initié par les pilotes et trois femmes ingénieurs qui ont pris le volant, en premier. Car, ce qui ressort de fort, également, de cette manifestation qui donne la part belle aux employés - dont un grand nombre était présent - c’est l’attachement du board au personnel - et à son savoir-faire. C’est ainsi qu’il fut mis à l’honneur et récompensé par 125 millions d’euros de primes décernées à l’occasion (montant par personne calculé en fonction de l’ancienneté) quand une autre enveloppe de 125 millions était versée par Dieter Zetsche à la fondation Gottlieb Daimler et Karl Benz. Une action méritée puisque le groupe annonçait le 16 février dernier, un bénéfice net de 4,7 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 97,8 milliards d’euros (merci aux marchés chinois et américains) et un résultat d’exploitation de 7,3 milliards d’euros. Les festivités peuvent continuer ! 

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