Magna entre dans le dur !
Comme nous l'annoncions déjà la semaine passée (voir l'article), près du quart des effectifs d'Opel en Europe sont aujourd'hui menacés suite à l'opération de reprise conduite par Magna. L'équipementier travaille ainsi sur une coupe franche de 10 952 emplois. En Allemagne, le site de Bochum est pointé du doigt (à hauteur de 2 000 postes) et pourrait être re-localisé en Autriche. L'usine d'Anvers et ses quelque 2 500 salariés, en Belgique, sont clairement menacés. Enfin, des sites espagnol et britannique paieraient aussi leur écot. Pour l'heure, personne n'a encore infirmé ces fuites provenant d'un document confidentiel. Au contraire, le commissaire européen à l'Industrie, Günther Verheugen, a affirmé sur les plateaux de télévision que "des suppressions d'emplois étaient inévitables chez Opel et que les gouvernements devaient cesser de prétendre que l'argent public règlerait le problème".
Magna : un nouveau statut presque intenable
Dans le même temps, suite aux mises en garde appuyées émises par la direction du groupe Volkswagen, Donald Walker, co-CEO de Magna, a cherché à calmer le jeu et propose de rencontrer son partenaire pour le rassurer. En filigrane, on trouve la volonté de sauver des contrats avec les constructeurs, notamment Audi, BMW, Daimler, Chrysler ou Ford au-delà de GM. Selon José-Maria Alapont, CEO de Federal Mogul, rencontré sur le Salon IAA de Francfort, la situation de Magna est très clairement difficile à tenir en tant qu'équipementier : "Le problème n'est pas financier, mais il touche au respect du schéma concurrentiel. Or sous l'angle de la concurrence, les risques sont énormes ! La direction de Magna va devoir faire attention, plus encore, elle va devoir faire un effort extraordinaire pour garantir son intégrité et son indépendance d'équipementier…". José-Maria Alapont sait d'autant mieux de quoi il retourne qu'il a œuvré chez de grands constructeurs (GM, Ford, Fiat…) et de grands équipementiers (Valeo, Delphi, Federal Mogul).
Intrigues russe et chinoise
Dans ce contexte opaque, la direction de Magna doit encore faire face à deux dossiers problématiques. Primo, l'épineux volet russe qui met en scène des élus allemands par rapport à l'utilisation des aides d'Etat (600 millions des 4,5 milliards d'aides profiteraient directement à la Russie) et bien sûr, GM. Un compromis doit être trouvé entre GM et Opel sur la question du business en Russie et sur l'éventuel partage de la distribution. Rappelons que GM possède des parts dans trois usines russes et que la marque Chevrolet est 2ème sur ce marché, après Lada, avec 235 466 ventes en 2008. Ajouté aux 98 800 Opel et Vauxhall immatriculées en 2008, cela portait la part de marché de GM à 11,2 %. Or le marché russe, en dépit de ses grandes difficultés actuelles, est capital pour l'avenir d'Opel. Le rôle de Sberbank sera névralgique car comme l'indiquait Ferdinand Dudenhöffer, directeur du centre d'études automobiles de l'Université de Duisbourg-Essen, sur le site du New-York Times, il va falloir composer : "La Russie est un marché encore très protectionniste avec un Etat omniprésent. Et c'est toujours une très bonne chose de ne pas prendre les russes par surprise…". Avant d'ajouter qu'Opel pouvait tabler, en estimation haute, sur 750 000 ventes en Russie en 2015, soit environ 15 % de parts de marché. Par ailleurs, la rumeur sur l'arrivée d'un partenaire chinois ne cesse d'enfler. Dernière hypothèse en date : Geely. Donald Walker fait mine de ne rien savoir et laisse le poker menteur se poursuivre. Pour information, Goldman Sachs vient d'investir 334 millions de $US dans Geely, ce qui, au-delà d'Opel, relance aussi la piste Volvo ! Au final, selon l'avis de plusieurs dirigeants rencontrés à Francfort, le feuilleton Magna-Opel va encore se poursuivre : "On a dit que c'était la fin, alors que ce n'est sans doute que le début…".
Photo : "La direction de Magna va devoir faire un effort extraordinaire pour garantir son intégrité et son indépendance d'équipementier", estime José-Maria Alapont, CEO de Federal Mogul.
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