"Le véhicule électrique ; l'avenir de l'automobile ?"
Christophe Chevreton, représentant Renault, fait mine de ne pas croire à l'hybride : "Comme nos objectifs en témoignent, nous pensons que le véhicule électrique est promis à un marché de masse. Ce n'est pas une niche. En revanche, nous ne croyons pas aux véhicules hybrides".
Nota bene : Il faut sans doute voir dans cette dernière déclaration la stricte application d'une stratégie de communication car chacun sait que Nissan commercialise des véhicules hybrides et que ce savoir-faire est maîtrisé au sein de l'Alliance. Que Renault ne compte pas –pour l'heure- commercialiser des modèles hybrides est une chose, de là à penser que les équipes de Renault ne croient pas aux véhicules hybrides, alors que Nissan en vend, c'est sans doute un raccourci bien simplificateur.
Christophe Decultot, responsable des ventes Honda France, pense qu'on peut très bien concilier hybrides et véhicules électriques, tout étant affaire de calendrier : "Nous proposons des modèles hybrides depuis un certain temps déjà et nous en vendons de plus en plus. C'est une bonne réponse à la problématique environnementale et c'est une réponse actuelle. Pour ce qui est du véhicule 100 % décarboné, c'est le véhicule électrique qui s'imposera, c'est acquis et tout le monde y travaille. En plus, à l'avenir, avec une meilleure maîtrise de l'hydrogène, on peut envisager de grandes choses. Des mini-flottes pilotes existent déjà chez Honda d'ailleurs. Mais actuellement, les solutions électriques basées sur le lithium ont encore des écueils à éviter : l'autonomie, le poids et le prix de revient. En fait, ce sera une question de timing. A un horizon 2016-2020, plusieurs études estiment que le véhicule électrique représentera 2 % du parc mondial, soit environ 20 millions d'unités. Le développement des véhicules électriques passera par les flottes. Bref, aujourd'hui l'hybride est la réponse la plus pertinente, d'autant qu'elle représente un pont idéal vers le tout électrique".
Christophe Chevreton confirme que Renault cible effectivement prioritairement les flottes : "Ce sont bel et bien les flottes qui ouvrent les plus belles perspectives dans un premier temps et c'est pour cela que nous proposerons d'abord le Kangoo électrique. Suivront un véhicule statutaire tri-corps en Israël et un tout nouveau modèle en France en 2011 puis une 5 places de type Clio en 2012".
Gilles Furet, représentant d'EDF, dit la vérité sur les limites de l'autonomie : "Nous sommes partis de 70 km d'autonomie et les premiers modèles qui seront commercialisés afficheront environ 120 à 150 km. Peut-être moins parfois selon les équipements désirés par le client. Pour une plus grande autonomie, on entend parfois des chiffres déraisonnables comme 600 km, c'est totalement illusoire dans l'état actuel des choses. Par ailleurs, reste à savoir quel type de recharge sera choisi et quelles nouvelles infrastructures en découleront. Enjeu capital car les sommes en question sont colossales. Au début, avec une recharge normale, soit une prise sous puissance de 3 KW, le temps de la recharge sera de 8 heures. Donc soit la nuit, soit pendant la journée de travail".
Gildo Pastor, figure emblématique de Venturi, se voit en petit pionnier et annonce un partenariat avec La Poste : "En France, on n'a pas de pétrole, mais on a de l'électricité ! L'Etat français veut bientôt imposer un objectif de 100 000 véhicules décarbonés, ce qui signifie qu'il y aura de la place pour plusieurs acteurs. Chez Venturi, nous sommes lucides et nous n'avons aucune volonté hégémonique. Nous sommes là avec enthousiasme pour faire démarrer ce marché et dès 2010, nous tablons sur 1 000 livraisons de véhicules électriques. Peut-être que nous passerons par des réseaux de distribution existants pour la commercialisation, pourquoi pas… Mais ce sera plus tard car dans un premier temps, il s'agira de contrats flottes donc d'un deal en direct. De son côté, Bolloré a choisi la distribution sur internet. D'autres acteurs du marché, des fast-fitters comme Speedy ou Midas étudient différents scenarii de positionnement. A voir… Très concrètement, nous menons actuellement un test avec La Poste avec des Berlingo électrifiés. Et pour l'après-vente, 15 concessions Citroën sont déjà certifiées pour l'entretien et la réparation de ce type de véhicules".
Michel Schuller, président du groupe MSA, élargit le débat : "Le segment des collectivités et des entreprises est un marché prioritaire, mais bien d'autres potentiels existent pour le véhicule électrique. Au sein du groupe, nous avons créé une cellule d'observation pour pouvoir bien nous positionner le cas échéant. Mais avec le véhicule électrique, c'est tout le schéma traditionnel de la filière qui est bousculé, avec l'émergence de nouvelles PME spécialisées ou l'arrivée de géants non issus de l'automobile, comme Bolloré par exemple. A suivre donc. Et dans certains pays, comme l'Inde ou l'Iran par exemple, il ne s'agit pas d'une logique de substitution de parc, mais bel et bien de création de parc. Les choses peuvent donc évoluer très vite là-bas et certains rapports de force historiques peuvent changer. A suivre également".
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