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Constructeurs

Le Rouge et le Vert

Publié le 17 février 2015

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Supercars et pick-up surpuissants étaient sous les feux des projecteurs lors du dernier salon de Detroit, comme le symbole d’une croissance enfin retrouvée. Mais contrairement à ce que disent nombre d’Européens, cela ne signifie pas que les Américains sont incorrigibles et qu’ils ont jeté l’enjeu environnemental aux oubliettes.
Supercars et pick-up surpuissants étaient sous les feux des projecteurs lors du dernier salon de Detroit, comme le symbole d’une croissance enfin retrouvée. Mais contrairement à ce que disent nombre d’Européens, cela ne signifie pas que les Américains sont incorrigibles et qu’ils ont jeté l’enjeu environnemental aux oubliettes.

L’année 2014 est à marquer d’une pierre blanche, au moins symboliquement, pour l’industrie automobile américaine. Le marché du véhicule léger a ainsi clôturé l’année à plus de 16,5 millions de ventes, en progression de 5,9 % par rapport à un exercice 2013 déjà solide. Il a donc enfin retrouvé son niveau d’avant-crise, ce qui inspire ce commentaire à Stephanie Brinley, analyste chez IHS Automotive : “Il s’agit d’un palier important qui peut signifier que la récession est bel et bien passée. La tendance de la reprise semble fiable et cela se traduit par un retour à l’optimisme des consommateurs. Le salon de Detroit était donc tout indiqué pour lancer des produits de niche. D’ailleurs, il n’y avait pas d’introduction de modèles mainstream à l’agenda de l’événement”. En outre, les perspectives sont plutôt engageantes pour cette année car les spécialistes d’IHS tablent sur une nouvelle croissance de l’ordre de 2,5 %, à 16,9 millions d’unités.

Supercars et “super” trucks

Dès lors, le salon de Detroit a retrouvé un lustre longtemps oublié en faisant la part belle aux supercars et aux trucks, principalement les pick-up. Dans la première catégorie, l’attente était très forte autour du grand retour de la Ford GT et le modèle a bénéficié d’une immense couverture médiatique, considérablement relayée par les réseaux sociaux. De son côté, après un teasing scandé par plusieurs concepts, Acura dévoilait la version définitive de la NSX. Du côté des trucks, le nombre des lancements était important. Nissan présentait sa nouvelle génération de Titan, qui arrive à point nommé, le précédent modèle ayant vu ses ventes baisser fortement, à 13 000 unités seulement, en 2014. Ford et Ram dévoilaient respectivement des variantes puissantes de leur best-seller F-150 et 1500, avec un F-150 Raptor de 500 chevaux et un Ram Rebel développant entre 305 et 395 chevaux selon les versions. On appréciera le champ lexical utilisé à sa juste valeur… Sur le segment des pick-up de taille moyenne, Toyota répondait à la concurrence (GMC Canyon et Chevrolet Colorado) en mettant en avant un Tacoma restylé, afin de garder sa position dominante sur ce marché. On peut ajouter à cela plusieurs nouveautés significatives sur le segment des grands SUV Premium, comme le nouvel Audi Q7, le MKX de Lincoln ou le GLE coupé de Mercedes-Benz, sans oublier les concepts Bentley Bentagya et Jaguar F-Pace.

Un salon cathartique

Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux observateurs et chroniqueurs en concluent qu’ayant renoué avec la croissance, les Américains en profitaient pour abandonner leurs bonnes résolutions environnementales. C’est aller bien vite en besogne et faire fi des spécificités du marché nord-américain. Tout d’abord, ôtons donc nos lunettes européennes pour bien comprendre que ces modèles, supercars comme trucks, constituent l’histoire des constructeurs aux Etats-Unis et qu’ils sont par conséquent des vecteurs d’image névralgiques. Par ailleurs, si on s’attarde sur la Ford GT, on constatera qu’au-delà de ses 600 chevaux, elle subit bel et bien un downsizing, passant du V8 au V6. Quant aux variantes surpuissantes des pick-up, n’oublions pas que c’est surtout une façon pour les constructeurs d’améliorer leurs marges sur un segment déjà généreux en l’espèce. En outre, les énergies alternatives étaient représentées sur la salon, notamment avec Chevrolet qui dévoilait la nouvelle génération de Volt et un nouveau modèle, la Bold, ou encore avec Honda qui annonçait une électrification de sa gamme d’ici 2018. Ne perdons jamais de vue que les Américains ont aussi leurs normes environnementales avec les échéances CAFE. “Il y avait moins de modèles “verts” que d’autres années sur le salon, mais cela ne signifie pas que les constructeurs délaissent cette voie aux Etats-Unis. Ils sont bien conscients qu’ils doivent poursuivre leurs recherches sur l’électrification pour répondre aux futures normes sur la consommation et les émissions, d’autant que la pile à combustible en est encore quasiment à l’âge des prototypes”, souligne Stephanie Brinley. En somme, le salon de Detroit s’est mué cette année en lieu cathartique où, après des années d’angoisse, on pouvait à nouveau afficher sa puissance et sa confiance. Sans pour autant jeter les efforts environnementaux aux orties, surtout que le cadre législatif n’autorise pas cette option.
 

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