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Constructeurs

Le Diesel n’en finit pas de progresser

Publié le 8 juillet 2005

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Omniprésent en Europe, le Diesel est encore loin d'avoir conquis la planète. Les constructeurs y travaillent. Cependant, les mécaniques essence n'ont pas dit leur dernier mot et les futures normes Euro V pourraient leur donner un coup de pouce. Qu'elles semblent loin et presque ridicules...

...les 186 050 voitures Diesel immatriculées en 1980. Vingt-cinq ans plus tard, le gasoil truste les ventes en France avec 1 392 925 unités immatriculées en 2004. La part du Diesel est ainsi passée de 9,9 % à 69,2 % ! Même au niveau européen, la progression a été spectaculaire, passant de 7,1 % à 48,3 % sur la même période. Seules la Suède et la Grèce ont résisté à cette déferlante avec respectivement 8 % et 2,9 % de véhicules Diesel immatriculés en 2004. Hormis ces deux exceptions, pourquoi le Diesel a-t-il donc gagné tant de terrain ? Le prix du gasoil fait, bien évidemment, partie de l'équation, surtout aujourd'hui, avec un baril de brut à 60 dollars, mais il n'est pas le seul facteur. Les progrès en agrément de conduite, combinés avec une anémie chronique des mécaniques essence durant la décennie 90, ont fait le reste. En effet, l'arrivée des premiers pots catalytiques, précipitant par là même les turbos aux oubliettes pour des questions de dépollution, a transfiguré les mécaniques essence. Elles sont devenues fades, sans saveurs, et même la généralisation des culasses 16 soupapes ne leur rendra pas leur lustre. Les R19 16S catalysées peuvent en témoigner ! Parallèlement, les mécaniques Diesel progressaient de mois en mois, devenant "agréables". Bien qu'encore bruyantes, ces mécaniques séduisaient par leur performance, leur couple et leur faible niveau de consommation. Une décennie où l'injection directe puis sa variante Common Rail (en 1997 avec l'Alfa Romeo 156) ont pris le pouvoir et régné en maître. Heureusement, depuis, les ingénieurs ont su desserrer l'étau de la dépollution et rendre les mécaniques essence plus attirantes avec notamment l'arrivée de l'injection directe, des distributions totalement variables ou de nouveaux systèmes de suralimentation offrant plus d'agréments, de performances tout en minimisant les consommations. Le 2,0 T FSI du groupe Volkswagen en témoigne. Ne va-t-on pas assister à la revanche de l'essence durant la prochaine décennie ? Elle a effectivement une belle carte à jouer face à des mécaniques Diesel qui, en 2010, devront avoir digéré la norme Euro V et ses contraintes toujours plus fortes en terme de dépollution.

Les Etats-Unis seront-ils séduits par les Diesel modernes ?

Toutefois, selon les prévisions de nombreuses entreprises du secteur, le Diesel et le Common Rail en particulier ne devraient pas connaître de fléchissement à moyen terme. Même si l'Europe semble aujourd'hui acquise à ce carburant, elle est encore loin d'être saturée et l'Asie et les Etats-Unis demeurent des réserves de croissance. Ainsi, en Europe, le Common Rail est appelé à représenter près de 80 % des 10 millions de véhicules Diesel qui devraient être produits en 2010, contre 6,2 millions aujourd'hui. Dans cette hypothèse, le Common Rail sera la technologie la plus représentée, selon Bosch. En effet, d'après les prévisions de l'entreprise, en 2008, le Common Rail atteindra un taux d'équipement de 78 %, puis de 83 % en 2013. L'injecteur-pompe quant à lui ne devrait pas faire mieux que les 20 % actuels avec une part qui s'approcherait des 18 % en 2008 et 16 % en 2013. Le groupe Volkswagen devrait rester le seul à utiliser cette technologie. Mais l'Europe ne sera pas le seul vecteur de croissance. Ainsi, en Asie, le Diesel devrait gagner du terrain pour représenter plus de 15 % du marché contre moins de 10 % aujourd'hui. Seuls les Etats-Unis, avec 300 000 unités produites par an, soit une part d'environ 5 % en 2010, ne semblent pas se diriger vers une diésélisation massive. Des prévisions qui contrastent toutefois avec les efforts déployés par DaimlerChrysler, notamment au travers des marques Jeep et Mercedes, pour faire découvrir le Diesel chez l'Oncle Sam. En effet, cette année, Jeep a lancé la Liberty CRD, (le Cherokee en Europe). Et, surprise, sur les 6 000 exemplaires livrés au réseau, 3 000 Liberty ont trouvé preneurs, et plus rapidement que la normale. En effet, ces modèles sont restés 23 jours sur les sites, en moyenne, c'est-à-dire seulement 1/3 du temps de stockage habituel. Pour Jeep, de la bouche même de son vice-président Jeff Bell, "il s'agit d'un excellent moyen de faire découvrir le Diesel aux Américains qui pensent pour la plupart que Diesel rime avec mauvaises odeurs, fumée noire, bruit et saleté". Un souvenir des années 70 ! Le groupe germano-américain semble donc croire au développement de ce carburant puisque Mercedes vient également de lancer sa Classe E 320 CDI avec le nouveau V6 développant 224 ch. Les Etats-Unis seront-ils séduits ? L'avenir nous le dira, mais l'annonce, par le président Georges Bush, d'un programme de recherche subventionné sur le Diesel propre pourra être un facteur déterminant. Raisonnant toujours en "indépendance énergétique" et donc en barils de pétrole, les Américains pourraient être séduits car une simulation montre que, si les Diesel atteignaient une pénétration de 30 % sur le marché automobile, cela permettrait d'économiser pas moins de 1,4 million de barils par jour ! L'administration Bush pourrait se montrer sensible à cet argument vu sa "passion", pour la conquête de l'or noir !

Christophe Jaussaud

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