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Constructeurs

L’Alliance accélère pour prendre le contrôle d’AvtoVaz

Publié le 16 mai 2012

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
L’Alliance Renault-Nissan et les actionnaires d’AvtoVaz ont signé un MoU (Memorandum of Understanding ou protocole d’accord), afin de créer une co-entreprise qui doit permettre au groupe franco-japonais de prendre -enfin- le contrôle du fabricant de Lada en 2014.
Carlos Ghosn a réaffirmé les objectifs ambitieux de l’Alliance à l’horizon 2016 : une production de 1,6 million d’unités et une part de marché de l’ordre de 40 %.

La complexité du montage financier reflète la dimension politique du dossier… D’ici juin 2014, l’Alliance investira 580 millions d’euros dans cette nouvelle co-entreprise dont elle détiendra 67,13 % du capital, ce qui correspond, par extension, à 74,5 % de participation dans AvtoVaz. Renault, qui détient déjà 25 % d’Avtovaz depuis mars 2008, investira 230 millions d’euros, tandis que Nissan fait son apparition directe dans le montage et déboursera 350 millions d’euros. Le paiement devrait s’échelonner au gré de trois échéances fixées à décembre 2012, juillet 2013 et juin 2014. De son côté, Russian Technologies, la société publique qui intervient dans la co-entreprise, s’est engagée à céder une partie de ses actifs non stratégiques, afin de liquider la dette d’AvtoVaz, estimée à environ 1,4 milliard d’euros ! L’objectif est d’aboutir à une situation saine, solide et dénuée de problème de liquidités. Après la signature du protocole d’accord, Carlos Ghosn, président-directeur général de l’Alliance, a affirmé que cela marquait “une étape supplémentaire dans un processus de collaboration de plus en plus large qui doit aider à la modernisation du leader de l’industrie automobile russe”, avant d’ajouter que “Renault et Nissan allaient poursuivre les transferts de technologies vers les usines russes, tandis que les dirigeants russes allaient être de plus en plus présents au sein de l’équipe de management multiculturelle de l’Alliance”. Ce protocole d’accord intervient un mois après l’inauguration d’une nouvelle ligne de production dans l’usine de Togliatti, en présence de Vladimir Poutine. L’investissement de 400 millions d’euros a permis d’augmenter la capacité de production de quelque 350 000 unités par an.

Ne pas rater le retour de la croissance

En fait, si l’Alliance élargie se porte plutôt bien sur le marché russe, les trois marques représentant environ 31 % de parts de marché, il est aujourd’hui nécessaire d’insuffler une nouvelle dynamique dans AvtoVaz et ses Lada vieillissantes. Ainsi, au premier trimestre, sur un marché porté par une croissance vigoureuse de 13 %, AvtoVaz était en baisse de 15 %, à 109 388 ventes, pour une pénétration de 18 %. En outre, la concurrence s’intensifie, les groupes Volkswagen et Hyundai-Kia se montrant notamment de plus en plus agressifs. Afin de ne pas passer à côté du retour de la croissance, les analystes tablant sur environ + 10 % cette année à 2,8/2,9 millions de véhicules, les dirigeants de l’Alliance ont parfaitement compris qu’il fallait rajeunir les produits d’AvtoVaz. L’arrêt de la production de la Lada 2107, dérivée d’une Fiat des années 1960, a d’ailleurs valeur de symbole. Un vaste plan produits est par ailleurs programmé d’ici 2016, avec notamment des lancements de véhicules accessibles, mais modernes, principalement issus des plates-formes Dacia. Carlos Ghosn a réaffirmé les objectifs ambitieux de l’Alliance à l’horizon 2016 : une production de 1,6 million d’unités et une part de marché de l’ordre de 40 %. En outre, AvtoVaz a aussi pour objectif de renouer avec les exportations de véhicules, dans les pays limitrophes à la Russie, mais aussi vers le Moyen-Orient et l’Amérique Latine.

La carte du lobbying jouée par Carlos Ghosn devrait enfin payer

Au final, il apparaît que Carlos Ghosn touche enfin au but sur le marché russe. Après avoir dû essuyer les violentes secousses de la crise économique de 2008, il a fallu ensuite composer avec les spécificités, souvent opaques et non dénuées de corruption, de la gouvernance des grands groupes russes. C’est ce qui explique que le projet ait été si long à se matérialiser et qu’il doive passer par cette nouvelle étape intermédiaire du MoU. Cependant, la carte du lobbying jouée par Carlos Ghosn devrait enfin payer. Cette stratégie que l’on peut qualifier de “politique” constitue d’ailleurs sa marque de fabrique. Dans un registre très différent, c’est aussi de cette manière que travaille Sergio Marchionne à la tête de Fiat-Chrysler. Sur l’échiquier des grands groupes automobiles, chacun se bat avec ses armes et tout le monde n’a pas la puissance de frappe et le cash du groupe Volkswagen…

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