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Constructeurs

La "fermitude" de Christian Estrosi

Publié le 11 septembre 2009

Par Frédéric Richard
3 min de lecture
On savait Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, homme de dossiers complexes depuis Heuliez ou New Fabris. Le voilà servi, avec Molex. Lui, qui se gargarisait la semaine passée d'avoir obtenu une amorce de discussion avec...
...la direction américaine de l'équipementier, là où tout le monde, même son médiateur, avait échoué, vient de subir un sérieux revers.

En effet, comme on pouvait l'imaginer, la direction américaine de l'équipementier américain Molex, qui avait promis d'entamer le dialogue, n'a pas bougé d'un iota sa position.

Pire encore, elle a mandaté son directeur du développement, pour converser (par téléphone !) avec M. le Ministre. Crime de lèse majesté insupportable pour Christian Estrosi, qui annonce alors dans un communiqué qu'il n'est pas très content… Et avec la plus grande "fermitude", il affirme : "La direction américaine de Molex ne se comporte pas comme elle devrait". Un euphémisme, ou, plutôt, une déclaration pour le moins timide… Il ne faudrait pas montrer de faiblesse, certes, mais il ne faudrait pas non plus froisser les industriels américains, au sens large… Car, si les entreprises qui ferment en France pourraient en profiter, le locataire de l'Elysée pourrait aussi assez mal voir ce manque d'autorité…

Bref, au cours de ce contact téléphonique très tendu avec M. Eric Doesburg, Directeur du développement du groupe Molex, durant lequel M. le ministre a assuré que le Gouvernement français était prêt à financer intégralement le projet de reprise du repreneur, et à donner au repreneur l'ensemble des garanties financières nécessaires pour que la question du financement soit réglée en amont et ne soit plus un sujet, il s'est vu adresser une fin de non recevoir ! En cause, toujours, la position du groupe Molex, qui bloque toute solution d'avenir pour le site de Villemur-sur Tarn et ses 283 salariés. En fait, Molex accepte de vendre les bécanes et les gars qui travaillent dessus, mais hors de question de livrer ses clients et contrats à un repreneur potentiel. Normal, puisque le groupe dispose encore de moyens de production susceptibles de palier le manque de Villemur-sur-Tarn. Face à tant d'entêtement, Christian ESTROSI a tapé (pas trop fort) du poing sur la table et a sommé M. Doesburg et Molex d'aboutir à un projet de reprise validé par les deux parties d'ici au début de la semaine prochaine. Sans quoi, il l'a dit, ca ira mal ! Sans un accord, "le Gouvernement français en tirerait toutes les conséquences, et demanderait officiellement aux constructeurs automobiles français de suspendre immédiatement toute commande de matériel incluant des produits fabriqués par le groupe Molex". C'est vrai que Renault, Peugeot et Citroën n'ont que ça à faire en ce moment… Qu'est-ce que c'est que révoquer un fournisseur, au risque de faire passer la décision pour du protectionnisme, puis d'en trouver un nouveau, en pleine crise économique, si c'est pour faire plaisir à un ministre… Quoi qu'il en soit, la réponse de Molex à cette gifle médiatique ne s'est pas faite attendre. Vraisemblablement pas impressionnée, la direction américaine de l'équipementier a suspendu complètement les négociations. Un partout, la balle au centre… Avec deux semaines perdues !

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