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Constructeurs

Jean-Rene Talopp, directeur du Strate College Design.

Publié le 14 mars 2008

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
La griffe Ploué va s'imposer avec encore plus de force à l'avenirAlors que le Strate College va bientôt emménager dans des nouveaux locaux et ainsi changer de dimension (nous aurons l'occasion d'y revenir prochainement), nous avons demandé...

...à Jean-René Talopp, l'homme qui a hissé une école de design française aux premiers rangs de la scène mondiale, de nous parler de Jean-Pierre Ploué.

Journal de l'Automobile. Avez-vous une relation privilégiée avec Jean-Pierre Ploué ?
Jean-René Talopp. Déjà, nous avons fait la même école et nous nous connaissons depuis plusieurs années. Je ne pense pas qu'on puisse parler de relations privilégiées, mais à son arrivée chez Citroën, Jean-Pierre Ploué a souhaité continuer à travailler avec nous. Ce qui s'est traduit notamment par de nombreux stages et beaucoup d'embauches. Mais il a mis sa patte personnelle sur ces rapports : il a orienté les projets que nous développions vers une dimension plus concrète, alors qu'avant c'était plus prospectif. Par ailleurs, comme tous les constructeurs, Citroën s'investit vraiment dans ces projets et de nombreux designers de la marque assurent leur suivi, ce qui est très valorisant pour les étudiants.

JA. Quel regard portez-vous sur son travail chez Citroën ?
j-R T. Quand il est arrivé, le challenge était vraiment d'envergure puisqu'il s'agissait de reconstruire une marque. Il y est parvenu en partie et Citroën jouit aujourd'hui d'une image plus jeune et dynamique qu'auparavant et parvient à attirer les clients à elle. Par ailleurs, Jean-Pierre Ploué a su mettre en avant ses lieutenants, mais tout le monde conserve une saine humilité. Chez Citroën, ils ont les pieds sur terre et ne se prennent pas au sérieux, ce qui n'est pas la norme dans le milieu. Trop souvent, on voit des designers enfermés dans leur monde et coupés des réalités des clients et de la notion d'usage du produit automobile.

JA. Vous dites qu'il a redressé la marque en partie, qu'entendez-vous par là ?
j-R T. Si Citroën a retrouvé un réel attrait, je pense que la reconstruction de l'image n'est pas encore terminée. C'est tout à fait normal dans la mesure où la marque avait perdu son âme, notamment son rapport historique à l'innovation. La griffe Ploué se fait déjà sentir, avec une rupture sur certains modèles et une vraie cohérence de marque. Les produits récents vont dans le bon sens, qu'on les aime ou non d'ailleurs, là n'est pas la question. Je tiens aussi à souligner que sur les nouveaux produits de la marque, le soin porté à l'habitacle est aussi important, si ce n'est plus, que celui porté au style extérieur. Par les temps qui courent, c'est un atout essentiel. Mais, je pense que la reconstruction de la marque va se poursuivre et que la griffe Ploué va s'imposer avec encore plus de force à l'avenir.

JA. Jean-Pierre Ploué se méfie du dessin et des facilités qu'il peut entraîner pour certains designers, quel est votre point de vue de directeur d'école de design sur ce sujet ?
j-R T. Il est essentiel de savoir dessiner et bien dessiner, c'est l'un des fondamentaux. Toutefois, il ne faut jamais perdre de vue que le plus important reste l'homme et qu'il doit passer avant l'objet. Le dessin doit s'inscrire dans ce cadre.

QUESTIONS À

Claude Lobo - Ex-design Ford.

  • Journal de l'Automobile. Pour quelles raisons êtes-vous allé recruter Jean-Pierre Ploué chez Volkswagen ?
    Claude lobo. Je suis allé le débaucher à Sitges car c'est tout simplement un designer de grand talent. Des designers aussi talentueux que lui, il n'a y en a pas tant que cela dans la jeune génération !
  • JA. Quelles sont ses principales qualités ?
    Cl. Il allie une grande créativité à une aptitude à travailler en équipe. Il sait aussi diriger les équipes. Par ailleurs, il fait montre d'une grande exigence, à savoir qu'il est toujours critique tout en restant positif. Enfin, sa gentillesse et sa bonne humeur font qu'il gagne le respect de tous ses interlocuteurs.
  • JA. Et si vous deviez lui trouver un défaut ?
    Cl. Pas de problème : il est têtu comme un breton ! (rires)
  • JA. Selon vous, que lui avez-vous appris ?
    Cl. Ce n'est jamais aisé de répondre à ce type de questions, mais je pense que par ma façon de travailler, je lui ai appris à gérer un team. Et même si ma façon de faire pouvait parfois paraître peu orthodoxe, je l'ai incité à toujours aller de l'avant, à prendre des risques et à toujours oser durant ses présentations.
  • JA. Quel jugement portez-vous sur le style Citroën aujourd'hui ?
    Cl. Jean-Pierre a accompli un travail gigantesque au sein de la marque et il a clairement redressé son style. Je me souviens qu'avant le recrutement du responsable du style de la marque, on m'avait demandé mon avis et j'avais avancé le nom de Jean-Pierre. Je sais que chez PSA, certains craignaient qu'il ne soit un peu trop jeune et qu'ils ont donc hésité. Mais c'était le bon choix !
  • JA. Comment et où imaginez-vous Jean-Pierre Ploué dans dix ans ?
    Cl. Au premier chef, je ne pense pas qu'il changera. Si sa réussite est déjà éblouissante, il nous réserve encore de bonnes surprises. Jean-Pierre est un futur très, très grand du design automobile.
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