Homme de l’Année 2008 : les nominés !
Le poids des allemands
Martin Winterkorn
Régulièrement mis en avant les années précédentes, Martin Winterkorn présente l'avantage d'incarner aussi bien le succès d'Audi que celui de Volkswagen. Malgré un contexte difficile, la marque aux anneaux a signé un 13e record annuel consécutif, dépassant le cap symbolique du million de véhicules vendus. Sa gamme de modèles est très cohérente et son design pleinement abouti et souvent cité en référence. La réussite d'Audi doit beaucoup à Martin Winterkorn et certains n'hésitent pas à parler de "cycle Winterkorn". Les résultats sportifs, avec la traditionnelle asymptote des 24 Heures du Mans, complètent un tableau immaculé. D'autant que le rayonnement d'Audi ne rime pas avec aboutissement. Au contraire, comme le souligne un membre du jury, "la marque possède encore un important potentiel de développement, notamment aux Etats-Unis". Martin Winterkorn, c'est aussi Volkswagen. Seul "généraliste" à surnager, le groupe a vendu 6,23 millions de véhicules l'an dernier pour une précieuse progression de 0,6 %. Sa part de marché augmente en Allemagne et aux Etats-Unis, tandis qu'il sait tirer profit de la croissance des pays émergents : + 12,5 % en Chine (plus d'un million de ventes), + 8,9 % au Brésil (633 000 ventes), + 62,2 % en Russie et + 47,2 % en Inde. Un membre du jury tient aussi à relever que le groupe "est le premier employeur automobile du monde". Contre-vents et marées, Martin Winterkorn a d'ailleurs confirmé la construction d'une usine aux USA. Martin Winterkorn, c'est enfin l'un des principaux protagonistes du "dossier Porsche". Un membre du jury rappelle que le "fils préféré" de Ferdinand Piëch "a su passer d'Audi à la tête de Volkswagen tout en laissant entrer Porsche dans la bergerie pour le meilleur et pour le...meilleur, enfin peut-être...". Dans une ambiance de conclave de pré-élection papale, il a d'ailleurs publiquement tenu tête à Wolfgang Porsche. Méconnu dans le triangle latin, l'homme jouit en fait d'une forte notoriété outre-Rhin et s'appuie sur des valeurs immuables : une foi inébranlable en l'ingénierie et la technique (ingénieur diplômé de l'Université de Stuttgart, il a débuté sa carrière chez Bosch en pilotant une unité de recherche), un credo qualité intransigeant, une gestion méticuleuse et un management au carré. Supporter du Bayern de Munich et collectionneur de montres, Martin Winterkorn a été de loin le plus cité par les membres du jury au 1er tour.
Rupert Stadler
A seulement 45 ans, il est aussi régulièrement cité depuis quelques années et puisque le succès d'Audi ne laisse personne indifférent, il est tout à fait logique de le retrouver une nouvelle fois en première ligne. Entré au sein du groupe en 1990, ce spécialiste du business management au profil de financier reconnu, qui fut le directeur de cabinet de...Ferdinand Piëch de 1997 à 2003, a parfaitement relevé le défi que lui avait confié Martin Winterkorn en rendant un nouveau bilan brillant pour l'exercice 2008. Les ventes mondiales ont encore progressé notablement, au-delà du million (contre 964 200 unités en 2007), et un membre du jury met en exergue "la croissance en Chine et une position très solide aux Etats-Unis". De surcroît, les performances financières sont au diapason. Cependant, au risque de jouer les rabat-joie, deux bémols peuvent être avancés : d'une part, ces résultats sont aussi largement l'œuvre de Martin Wintekorn, d'ailleurs nominé en 2006 pour cette raison, et d'autre part, le pari de dépasser BMW est toujours loin d'être gagné. Encore un débat animé en perspective !
Ferdinand Piëch
Forcément cité ! Inutile de refaire son itinéraire, tout le monde le connaît, pour le meilleur et pour le pire... C'est d'ailleurs l'un des freins "historiques" à son élection. Inutile de revenir sur son immense influence, même si elle s'avère parfois difficile à mesurer précisément dans l'imbroglio "familial". Pour un membre du jury, "il a une nouvelle fois orienté le destin du groupe Volkswagen, désormais entre les mains d'un petit constructeur de voitures d'exception ! Après quoi, l'envolée de l'action VW en pleine crise financière, l'automne dernier, complétait avec ironie cet éloge du cynisme que Piëch n'a cessé de défendre et d'illustrer avec panache".
Wendelin Wiedeking
Lui aussi est immuablement cité chaque année. Principalement grâce à des résultats commerciaux et financiers de premier ordre. L'exercice 2007-2008 ne déroge pas à la règle et en dépit du ralentissement économique, la marque a vu ses ventes progresser de 1,2 % (98 652 unités), au même titre que son chiffre d'affaires, en hausse de 1,3 % à 7,46 milliards d'e. Si l'activité ralentit en Allemagne et aux Etats-Unis, elle poursuit son expansion en Chine et au Moyen-Orient. Bref, sous la houlette de Wendelin Wiedeking, Porsche a engendré la périphrase enviée de "constructeur le plus rentable du monde". En bientôt quatre mandats de président du directoire, il a non seulement restructuré une marque en difficulté, mais il a aussi réussi son pari d'en faire une marque multi-dimensionnelle. La success-story du Cayenne, l'introduction du diesel et la présentation de la Panamera en sont autant de symboles. Vanté pour ses qualités de gestionnaire, Wendelin Wiedeking est aussi réputé pour son sens du management. En outre, sa gestion opérationnelle du dossier Porsche-Volkswagen n'a pas laissé indifférent, surtout qu'avec le soutien de Wolfgang Porsche et le relais d'Holger Härter, il apparaît comme l'un des seuls à pouvoir résister à Piëch. "Il a entrepris un remarquable travail de consolidation et a réussi, qu'on le veuille ou non, à prendre le contrôle de plus grand que lui. De plus, il a su tenir tête aux fonds d'investissements, ce qui est rare dans l'industrie aujourd'hui et particulièrement difficile en Allemagne", souligne un membre du jury. En somme, l'homme le mieux payé d'Allemagne (plus de 70 millions d'e l'an dernier !) a bien des atouts dans sa manche.
Maria-Elisabeth Schaeffler
Volontiers discrète, mais néanmoins redoutable, Maria-Elisabeth Schaeffler a défrayé la chronique en lançant une improbable OPA sur Continental. Improbable, mais finalement aboutie, puisque David a eu raison de Goliath, avec plusieurs soutiens il est vrai, dont celui de...Volkswagen. Accessoirement l'opération a aussi eu raison de Manfred Wennemer, "sans doute piégé par péché d'orgueil", dixit un membre du jury. En 2001, Schaeffler avait déjà pris le contrôle de FAG, là encore un groupe plus important que lui, de manière comparable. C'était "l'opération Mozart", pour marquer la passion de Mme Schaeffler pour l'opéra... Maria-Elisabeth Schaeffler, qui a pris la tête du groupe en 1996, à la mort de son époux, transforme donc "une petite entreprise allemande en un grand équipementier mondial susceptible de titiller le géant Bosch", met en exergue un membre du jury. Toutefois, plusieurs objections sont émises : le prix de l'opération jugé élevé et lourd à porter, les zones d'ombre liées à l'accord de swap conclu avec Merrill Lynch ou la définition des synergies par exemple, l'opacité d'un groupe familial non coté et ne publiant pas de résultats. Enfin, les derniers mouvements de ressources humaines au sein du groupe ont un parfum de règlement de comptes. Débarqué sans ménagement, Hubertus Von Grünberg avait pourtant œuvré à la prise de contrôle de Continental...
Dieter Zetsche
Le grand artisan de la séparation avec Chrysler, certes coûteuse mais nécessaire, préside aux destinées de Daimler avec rigueur. C'est d'ailleurs principalement la solidité de Mercedes qui impressionne. En dépit de la crise, Dieter Zetsche répète ainsi à l'envi que le groupe "aborde 2009 avec une confiance mesurée". Si la gestion sera serrée, les projets en cours sont confirmés et aucune restriction ne touchera la R&D. D'ailleurs, les différents prototypes aux énergies alternatives se révèlent prometteurs et se rapprochent de la petite série. Enfin, comment ne pas saluer l'immense succès de smart aux Etats-Unis ! 24 622 Fortwo ont été vendues outre-atlantique, pulvérisant l'objectif initial de 18 000 unités.
Norbert Reithofer
Même si le groupe BMW déplore un recul de ses ventes mondiales de 4,3 %, subissant fortement l'impact de la récession américaine, Norbert Reithofer est cité plusieurs fois. Notamment parce le groupe reste financièrement très solide, sa valeur ayant crû entre 2007 et 2008. Par ailleurs, Mini et Rolls-Royce continuent de progresser et le groupe fait valoir une bonne présence sur les marchés dits émergents, dont la Chine (65 822 ventes soit + 28 %). En outre, le programme environnemental Efficient Dynamics a fait ses preuves, soutenu par la pertinence des équipes marketing. Enfin, Norbert Reithofer a dévoilé un plan stratégique ambitieux, sobrement baptisé "Number One", destiné à améliorer la marge du constructeur. Revers de la médaille, ce plan comprend un important volet social...
Courants alternatifs
Ratan Tata
Comme l'indique un membre du jury, Tata a "su se faire remarquer tout au long de l'année, avec l'épisode Nano, le rachat de Jaguar et Land Rover, et d'ambitieux projets de modèles électriques. Peu connu en Europe il y a dix ans, c'est aujourd'hui un constructeur à part entière, tout à fait capable d'avaler d'autres Goliath". Pour un autre, "il y aurait même une certaine élégance à élire un homme issu d'une autre région du monde que celles qui ont vu naître l'industrie automobile". Toutefois, les objections sont nombreuses, stigmatisant notamment que 2008 n'a pas été une année de grandes avancées et que trop de chantiers sont encore en suspens.
Nathalie Kosciusko-Morizet
Et non, ce n'est pas une erreur ! Plutôt que de distinguer Jean-Louis Borloo pour le bonus-malus, qui a permis au marché français de rester à flots, ou encore Dominique Bussereau, homme de l'ombre mais ayant la paternité du dispositif, plusieurs membres du jury décident de saluer le soutien de la sphère politique à l'automobile par le biais de Nathalie Kosciusko-Morizet. Principalement parce qu'elle permet de faire le lien avec la problématique environnementale proposée à l'industrie automobile et que son action énergique et protéiforme a été appréciée dans le cadre des Grenelle.
Eric et Hervé Neubauer
Pour certains membres du jury, cette période de crise est indiquée pour saluer le travail du terrain. Prosaïquement, pourquoi ne pas récompenser celles et ceux à qui il revient de vendre les voitures et d'assurer les services ? Dès lors, Eric et Hervé Neubauer sont mis en avant pour leurs prises d'initiatives, leur stratégie multimarque, et leur développement sur le haut de gamme.
Wahei Hirai
Avec l'iQ, Wahei Hirai, responsable du design Toyota et Lexus depuis 2004, laisse peu de gens indifférents... Pour un membre du jury, ce véhicule "est un remarquable objet de design industriel car Wahei Hirai et ses équipes sont parvenus à remettre en cause l'architecture, à infléchir des solutions techniques inédites pour parvenir à un rapport optimisé entre l'habitabilité et l'encombrement". Cependant, beaucoup de voix s'élèvent pour pointer du doigt l'aspect gadget du modèle et le manque de cohérence de l'habitacle, tout en soulignant que Toyota n'est pas à l'avant-garde sur la scène du style.
Ils sont cités au moins une fois :
Thierry Morin, Valeo
Jean-Philippe Collin, Peugeot
Gilles Michel, ex-Citroën et président du Fonds Stratégique d'Investissement
Lewis Hamilton, champion du Monde de F1
Ron Dennis, patron charismatique de McLaren
Eric Bataille, AutoScout24
Yvan Muller, champion du Monde FIA WTCC
Sergio Marchionne, Fiat
Luca di Montezemolo, Fiat
Vincent Besson, Citroën
Gildo Pastor, Venturi
Sébastien Loeb, champion du Monde des rallyes pour la 5e fois
Shai Agassi, Project Better Place
Wolfgang Ullrich, Audi Motorsport
Pascal Henault, R&D PSA
FOCUSLes membres du jury • Astagneau Denis, France Inter |
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