Heuliez attend toujours…
Le Fonds Stratégique d'Investissement (FSI) et la région Poitou-Charentes, qui doivent respectivement injecter 10 et 5 millions d'euros pour aider la relance d'Heuliez, ont conditionné leur aide au versement complet des sommes promises par BKC. Heuliez confiant la semaine dernière, reste donc dans l'expectative.
Louis Petiet voulait peut-être simplement laisser à Segolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, et à Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, le plaisir de passer des fêtes sereines. Car, juste avant la trêve des confiseurs, le sémillant p-dg était parvenu à rassurer tout le monde sur ses engagements. Bien sûr que BKC allait injecter les 16 millions promis ! On assista alors à un déluge d'autosatisfactions. Ségolène se félicitant, Estrosi se gargarisant de la qualité de suivi du dossier par le gouvernement…
Deux semaines plus tard, le traîneau du père Noël est, semble-t-il, tombé en panne aux portes des Deux Sèvres, et les 16 millions se font toujours attendre chez le constructeur de Cerizay (79). Louis Petiet, repreneur du constructeur automobile (et de nombreuses autres entreprises ces dernières années, comme les magasins SOHO, DMC Fil), a, en effet, fixé une nouvelle échéance au 15 janvier, pour verser la somme, initialement prévue cet été. Mais doit-on se rassurer d'une nouvelle annonce ?
Les raisons invoquées pour ce retard tiennent au montage financier réalisé par BKC pour sortir l'argent de ses comptes, sans trop faire de vague. Accrochez-vous, car le schéma n'est pas courant. Pour commencer, un million d'euros provient directement des comptes courants de BKC. Jusque-là tout va bien. Pour le solde, c'est-à-dire les 15 millions restants, la technique se révèle plus complexe. Dans un premier temps, BKC injecte 25 millions d'euros dans Initiatives & Développement, une entreprise partenaire de BKC, spécialisée dans la conception et l'animation de programmes de fidélisation. En contrepartie de ce généreux geste, I&D rachète à BKC 10 % du capital de la holding Heuliez Concord Capital, qui gère les actifs immobiliers et industriels de Heuliez, pour 15 millions d'euros. Les fameux 15 millions d'euros qui sont ensuite transférés à la trésorerie d'Heuliez VE. Curieux, d'autant que I&D précise officiellement, chez nos confrères du Figaro, qu'elle "n'a pas vocation à investir dans des activités industrielles de production, ni dans celles du groupe BKC, ni ailleurs".
Pourquoi alors BKC n'investit-il pas directement et simplement dans le capital d'Heuliez ? Pas de réponse claire. Une interrogation qui suscite, par ailleurs, de nombreuses inquiétudes quant aux futurs investissements qui seront forcément nécessaires pour sortir de nouvelles voitures… Si, à chaque fois, il faut alambiquer un dossier courant sur plusieurs mois, on n'est pas prêt de voir des voitures Heuliez à grande échelle sur la route… Affaire, plus que jamais, à suivre.
Photo : Louis Petiet, p-dg de Bernard Krief Consulting (BKC)
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