Fitch Ratings s’attend à une année de transition en Europe

...Explications.

Analystes, journalistes ou collaborateurs de marques automobiles… Tous ces professionnels vont devoir faire très attention avec les chiffres qui seront publiés par les constructeurs. C'est en substance le conseil que vient de donner à tous ces spécialistes l'agence de notation Fitch Ratings. En effet, si elle estime que leurs chiffres ne pourront être que meilleurs par rapport à ceux de l'exercice écoulé, elle est aussi d'avis qu'ils ne se traduiront pas forcément pas une amélioration de leurs ratings (évaluations et donc notations). Les constructeurs vont devoir affronter un grand nombre d'incertitudes en 2010. "Nous ne pouvons notamment pas chiffrer le nombre de consommateurs qui ont anticipé leurs achats grâce aux différentes aides gouvernementales mises en place", explique Emmanuel Bulle, le directeur senior au département entreprises chez Fitch Ratings. En outre, l'agence considère que personne ne peut dire aujourd'hui comment va évoluer le marché des ventes aux entreprises et encore moins si la détérioration du mix produit constatée ces derniers mois va perdurer ou non (elle a eu bien sûr un impact négatif sur les marges). "Nous ne savons pas non plus comment vont évoluer les fonds de roulements, ajoute Emmanuel Bulle. Or, ils ont un impact important sur les cash-flows opérationnels." La liste des incertitudes est-elle terminée ? Pas vraiment. Fitch Ratings estime aussi qu'il est légitime de s'interroger sur le vrai potentiel du futur marché des véhicules électriques. "Les évaluations des constructeurs se sont révélées pour le moins très variables", indique le directeur senior au département entreprises. Au final, rien d'étonnant donc si l'agence s'attend plutôt à ce que les notations des constructeurs se stabilisent en 2010 (voir tableau ci-après pour notations actuelles). Certaines marques devraient toutefois être favorisées.

"A ce jour, Volkswagen est pour nous le constructeur le plus stable en termes de ratings", indique Emmanuel Bulle. Il a notamment l'avantage de posséder un portefeuille produits relativement varié et d'être très présent à l'international. Ses marques Skoda et Audi continuent en outre de grignoter quelques parts de marché. "Les constructeurs allemands devraient globalement être au-dessus du lot au cours de l'année de transition 2010", poursuit Emmanuel Bulle. Un responsable qui ne considère par ailleurs pas anormal le fait qu'en matière de qualité de crédit son agence classe toujours Renault en dessous de Fiat. "Renault a annoncé qu'il allait ramener sa dette à 3 ou 4 milliards d'euros alors qu'elle est actuellement de l'ordre de 7 milliards", relève-t-il. Aussi, il n'est pas illogique de se demander si des ventes d'actifs sont d'ores et déjà dans les tuyaux chez Renault. Tous ces éléments auront bien évidemment un impact sur l'activité des équipementiers, l'année 2009 ayant déjà été caractérisée par des niveaux d'insolvabilité importants chez les équipementiers de rangs 1 et 2. "Ils devraient à nouveau traverser une année difficile", estime Markus Leitner, directeur au département entreprises chez Fitch Ratings. Non seulement ils vont devoir faire face à l'incertitude sur l'évolution du marché mais aussi devoir affronter la pression des constructeurs sur les prix. "Les niveaux de ventes et de profitabilité qu'ils ont dégagés en 2007 ne devraient pas être de retour avant 2013 ou 2014", conclut Markus Leitner en se basant sur des données issues d'une étude menée récemment par le cabinet de conseil Oliver Wyman et la fédération allemande de l'automobile VDA. Ils sont prévenus.

ZOOM Du côté des USA Fitch Ratings s'attend aussi à ce que le marché auto américain connaisse un rebond en 2010. "Les ventes de véhicules particuliers devraient y atteindre les 11,1 millions, soit une hausse de 7,8 % par rapport à 2009", indique Mark Oline, managing director chez Fitch Ratings USA. La stabilisation du secteur dépendra pourtant de très nombreux paramètres, ces derniers devant fortement impacter les capacités de production des constructeurs : l'évolution du marché de l'emploi et la politique suivie par le gouvernement fédéral en matières d'aides et de taxes en font parties. "Le gouvernement continuera à jouer un rôle essentiel", poursuit Mark Oline. Ce responsable considère donc qu'il y a encore des incertitudes sur la viabilité de certaines marques. Fitch Ratings n'en a pas moins réévalué d'un cran les notes de Ford et de Ford Crédit (B -). Une réévaluation justifiée entre autres par "une amélioration de la conjoncture [ainsi que] les tendances actuelles de coûts, de prix et de marges de Ford". Ses perspectives en matière de trésorerie et la compétitivité de ses produits ont aussi été prises en compte. Tout ceci explique que la note du constructeur ait aussi été assortie d'une "perspective positive."

Photo : Markus Leitner, directeur au département entreprises chez Fitch Ratings.