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Eric Laforge, Stellantis : "Les VU électriques représenteront un tiers de nos ventes en 2025"

Publié le 20 avril 2022

Par Christophe Bourgeois
5 min de lecture
Lors du lancement des Fiat e-Scudo et e-Ulysse, rencontre avec Eric Laforge, directeur Europe élargie de la division véhicules utilitaires chez Stellantis. L'occasion de faire le point sur le marché du VUL électrique en Europe et la stratégie du groupe.
Eric Laforge, directeur en charge des véhicules utilitaires pour la région Europe élargie au sein du groupe Stellantis, indique que, dans 80 % des cas, l'électrique répond aux besoins des professionnels.

Le Journal de l’Automobile : Quelle est la situation du marché de l’utilitaire aujourd’hui ?

Éric Laforge : En Europe, avec ses quatre marques (Peugeot, Citroën, Fiat Professional et Opel NDLR), Stellantis représente environ 30 % du marché. Le marché de l’utilitaire n’est pas été impacté de façon différente de celui du véhicule particulier car nous souffrons des mêmes problématiques industrielles. À la sortie du premier confinement, le marché était fortement reparti à la hausse mais avec une structure de gamme différente. Le van a en effet été boosté grâce au développement de la livraison à domicile ; cela a dès lors permis de compenser en partie le démarrage plus lent des utilitaires carrossés. Et c’est grâce à cette augmentation de la demande de la livraison du dernier kilomètre que nous allons voir les ventes d’utilitaires thermiques basculer vers l’électrique.

 

J.A. : De quel ordre ?

E.L. : Le marché du véhicule électrique est aujourd’hui porté par les géants du secteur, comme DHL par exemple. Mais nous estimons que les véhicules électriques représenteront un tiers de nos ventes en 2025 et 75 à 80 % en 2027. Pour rappel, la part de marché de l’utilitaire électrique était de 5 % en 2021. Avec notre offre électrique, nous couvrons tous les segments de l'utilitaire.

 

J.A. : Quels sont les freins au développement de l’électrique ?

E.L. : Si je devais résumer d’une phrase la situation actuelle, cela se traduirait par "ce qui n’est pas connu, inquiète". C’est le cas pour l’utilitaire électrique. C’est pourquoi nous devons accompagner le réseau dans cette transformation du marché, notamment avec des programmes de formation. Nous devons également renforcer notre communication, notamment sur le TCO. Nos clients, et notre réseau, ont encore comme premier réflexe de pointer du doigt l’autonomie. Mais nous avons étudié avec attention le comportement de nos clients. Nous nous sommes rendu compte qu’un utilitaire électrique correspondait dans 80 % des cas à leurs besoins quotidiens.

 

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J.A. : Le groupe Stellantis est un important fournisseur de véhicules de loisirs, marché qui connait une croissance exponentielle. Dans un contexte de pénurie de matières premières, quelle est votre stratégie sur cette activité ?

E.L. : Nous commercialisons jusqu’à 135 000 châssis sur base Fiat Ducato, Citroën Jumper et Peugeot Boxer à destination des acteurs du véhicules de loisirs. Cela représente pour Stellantis jusqu’à 40 % de la production du segment des gros fourgons. Et rien que pour la marque Fiat, c’est plus d’un châssis sur deux. Il reste dès lors un axe stratégique pour le groupe. Pour plusieurs raisons : le véhicule de loisirs apporte du business en après-vente à notre réseau. C’est également un formidable moteur d’innovations. Le Ducato a ainsi été développé avec les acteurs du véhicule de loisirs et cela nous a permis d’apporter des prestations inédites sur le marché, notamment sur les volumes utiles. Pour autant, nous ne souhaitons pas assécher le réseau en produits. C’est pourquoi nous réalisons des arbitrages entre certaines marques du groupe, comme Citroën qui a été poussé sur le devant de la scène. Mais je reconnais que pour le client final, qui avait l’habitude d’aller faire réviser son véhicule dans le réseau Fiat Professionnal, cela peut être plus compliqué d’aller chez un autre opérateur.

 

Le Fiat e-Scudo est produit en France, sur le site de Sevel Nord.

 

J.A. : Le groupe Stellantis a annoncé l’arrêt de la production des versions thermiques pour les déclinaisons transport de personnes pour ne proposer que de l’électrique. Une mesure qui peut paraître surprenante...

E.L. : Nous connaissons aujourd’hui des problèmes de production, il a fallu donc rationaliser l’offre produit. La clientèle de transport de personnes se divise en deux catégories ; les particuliers, qui représentent 25 % de part de marchés, et les professionnels que sont les hôtels, les VTCistes, les navettes d’aéroport, etc, ce que nous appelons l’activité du "shuttleling". Dans la plus grande majorité des cas, nos modèles qui affichent 330 km d’autonomie suffisent amplement à bien effectuer les missions.

 

J.A. : Une nouvelle génération du Fiat Doblo est-elle prévue ?

E.L. : Elle arrivera en 2023.

 

J.A. : Prévoyez-vous de proposer la technologie hybride sur votre gamme d’utilitaires ?

E.L. : Ce n’est pas un choix stratégique que nous avons fait. Principalement pour des raisons techniques. Pour résumer, l’hybridation, c’est un moteur et des batteries en plus du bloc thermique. Cette architecture a un impact sur la charge utile. Nous estimons que l’électrique correspond mieux aux attentes du marché.

 

J.A. : Le Scudo va-t-il disposer d’une version hydrogène comme c’est le cas pour les autres modèles des marques du groupe Stellantis ?

E.L. : Pour l’instant, les Peugeot e-Expet, Citroën ë-Jumpy et Opel Vivaro-e à hydrogène sont commercialisés en France et en Allemagne, car en Europe, ce sont les deux pays les plus avancés sur ce sujet. Mais il existera bien prochainement une déclinaison hydrogène du e-Scudo pour toucher d'autres pays. Aujourd’hui, les modèles thermiques représentent 85 à 90 % des ventes, mais nous pensons qu’avec le développement des restrictions de circulation dans les agglomérations, l’électrique va inverser la tendance. Néanmoins, pour les gros rouleurs, nous estimons qu’à terme, l’hydrogène sera la technologie la plus adaptée.

 

 

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