Entretien avec Sandro Malatto, président de GM France.
Le Journal de l'Automobile. Avant d'évoquer les nombreuses nouveautés du Groupe, comment jugez-vous vos performances jusqu'ici ?
Sandro Malatto. La performance du groupe est aujourd'hui satisfaisante compte tenu des difficultés que nous avons connues en début d'année. En effet, durant les 5 premiers mois de l'année, la mise en place du bonus-malus nous a mis dans une situation assez délicate. Opel va mieux sous l'effet notamment de l'Agila et de la Corsa, qui sont largement bonussées, mais d'autres modèles de la gamme comme le Meriva ou le Zafira rencontrent plus de difficultés. Inévitablement, Opel a payé le prix du nouveau contexte législatif puisqu'aujourd'hui seulement 24 à 25 % de nos ventes sont bonussées alors que certains de nos concurrents affichent un taux de 50 % voire plus.
JA. Comment Saab et Chevrolet ont vécu cette période de mise en place de l'écotaxe ?
SM. Le fait que les véhicules fonctionnant à l'éthanol soient traités comme des véhicules normaux a fortement pénalisé Saab. C'était d'autant plus dommage que Saab, sous l'impulsion de ce carburant, connaissait un vrai décollage fin 2007. Une phase de fort développement qui a été brutalement stoppée. Cependant, cette situation pourrait renaître. Selon les déclarations du Président Sarkozy, il semblerait que le malus sur les voitures fonctionnant à l'éthanol soit reconsidéré. Quant à Chevrolet, après une période d'adaptation, la marque a enregistré de bons résultats. Elle a su tirer profit de la forte croissance du marché des petits véhicules. Nous avons même connu des problèmes de disponibilité faisant gonfler notre portefeuille, notamment de Matiz.
JA. La répartition de vos ventes a évolué au cours de l'année. Est-ce que ce changement aura des conséquences sur votre rentabilité et celle de votre réseau ?
SM. Je pense que pour le réseau, sur l'ensemble de l'année, l'impact sera marginal. Il devrait être en ligne avec 2007. En revanche, pour nous, ce sera différent car nous avons largement pris à notre charge le malus et même quelquefois un bonus qui n'existait pas. Il y a donc eu une forte augmentation du support à la vente par rapport à 2007.
JA. Pensez-vous que le marché français va rester relativement porteur en cette fin d'année ?
SM. Il faut d'abord souligner que jusqu'ici, le marché français, en légère progression, est une exception en Europe de l'Ouest. Et dans ce contexte, GM se porte plutôt bien. Opel accuse un retard de 1 000 à 1 500 voitures par rapport aux 9 premiers mois de l'année dernière, ce qui n'est pas une contre performance. Chevrolet enregistre de bons résultats mais surtout a devant elle de grandes opportunités de croissance. Quant à Saab, compte tenu du contexte des biocarburants, la performance est stable. Je dirais donc que la situation globale est satisfaisante. Mais dans ce contexte, rien n'est sûr. D'autant que le niveau de prises de commande ne cesse de reculer depuis le mois de juin. Pour l'heure, les immatriculations, grâce à l'effet portefeuille, ont masqué cela.
JA. Quelles sont vos ambitions avec l'Insignia que vous lancez en janvier prochain ?
SM. Notre ambition est de réaliser 10 000 ventes au cours de l'année 2009. Ce volume représentera un gain net de 8 000 unités par rapport à la Vectra, qui est proche des 2 000 immatriculations aujourd'hui. L'Insignia est vraiment un véhicule de classe supérieure. La seule chose qui peut être comparée avec la Vectra est le prix. En effet, nous avons réussi un véritable tour de force vu ce qu'offre l'Insignia. Notons pêle-mêle le châssis FexRide, l'éclairage AFL+ ou encore l'Opel Eye capable de lire les panneaux de signalisation. L'Insignia va contribuer fortement à la croissance d'Opel l'année prochaine.
JA. Les flottes représenteront-elles toujours 40 % de vos ventes sur ce modèle ?
SM. Cette part représente simplement la structure du marché français. On s'y adapte. Et parmi ces ventes, près de la moitié sont faites en location courte durée. Certes, un constructeur peut décider de ne pas être acteur sur ce marché, mais pourquoi s'en priver dès lors qu'il est profitable. Pour nous, en France, ces ventes aux loueurs courte durée sont plus profitables que certaines ventes à particuliers dans d'autres pays.
JA. L'année 2009, malgré l'Insignia, ne risque-t-elle pas d'être assez difficile avec l'Astra et le Meriva en fin de vie ?
SM. L'Astra et le Meriva représentent 23 000 à 25 000 unités et il est logique qu'elles réalisent moins en 2009. Mais comme pour tout produit en fin de vie nous serons assez agressifs pour réduire les pertes au maximum. Mais il ne faut pas oublier la Corsa qui a encore un potentiel important en France. Les résultats de l'année 2007, malgré le bonus-malus et un positionnement prix pas réellement compétitif, laissent augurer d'un bon potentiel pour 2009.
JA. La barre des 2 millions peut-elle être atteinte l'année prochaine ?
SM. Je ne pense pas que nous puissions y arriver. Le gouvernement a mis en place une série de mesures pour enrayer la crise financière, mais nous allons entrer maintenant dans une crise de l'économie réelle.
JA. Quel canal de ventes risque d'être le plus touché ?
SM. En temps de crise, tous les domaines sont touchés. Les particuliers comme les flottes. Même les segments élevés pourraient être touchés car il ne faut pas négliger l'effet psychologique. 2009 sera une année extrêmement difficile pour l'automobile mais pas seulement. Il faut se préparer à cela.
JA. Que pouvez-vous faire pour limiter les conséquences ?
SM. Dans de telles situations, nous ne pouvons pas sacrifier la rentabilité. Nous devons être raisonnablement compétitifs. Si toutefois nous devions adopter une stratégie défensive, pour protéger notre rentabilité et celle du réseau, nous le ferions.
JA. Etes-vous satisfait de votre réseau ?
SM. La gestion d'un réseau est une histoire sans fin où l'amélioration doit être permanente. Durant les trois dernières années nous avons changé une grande partie du réseau. Pour Chevrolet, par exemple, depuis la fusion des structures, nous avons remplacé la moitié du réseau existant. Chevrolet a un grand potentiel et logiquement le réseau doit être à la hauteur que l'on considère la formation, les outils, etc. Pour Opel, nous avons lancé un vaste programme intégrant une nouvelle identité visuelle il y a un peu plus d'un an. La moitié du réseau répond d'ores et déjà à ces nouvelles normes. Nous avançons progressivement car il s'agit d'un investissement important.
JA. Parmi les marques de GM France, Chevrolet semble être la plus porteuse, est-ce le cas ?
SM. Opel est une marque qui doit défendre et confirmer ses volumes. Saab peut, dans l'univers premium, notamment avec l'arrivée du SUV et de la nouvelle 9-5, atteindre plus de 5 000 unités. Quant à Chevrolet, si elle est aujourd'hui un acteur marginal sur le marché français, son potentiel est extraordinaire. Pour moi, elle vaut au moins 20 000 unités. A court terme, nous avons le levier de l'offre GPL. En effet, les français vont se rendre compte des économies que génère ce carburant. En plus, grâce au bonus gouvernemental de 2 000 euros, la transformation nécessaire ne coûte rien au final. Ensuite, à moyen terme, la marque va pouvoir compter sur de nombreuses nouveautés. Au Paris, nous avons découvert la Cruze et l'Orlando mais d'ici 2010, la gamme sera profondément et radicalement changée. De plus, Chevrolet offre une base coût fantastique. La preuve avec la Matiz et l'Aveo que nous vendons à des prix exceptionnels. Le marché français a commencé à se rendre compte de ses avantages, mais pour l'heure nous avons encore des problèmes de disponibilité assez sérieux. Nous sommes en train d'importer 300 à 400 Matiz de Grèce. Chevrolet est la marque qui a le plus grand potentiel en Europe. Partie de quasiment rien, Chevrolet va vendre 300 000 unités en Europe en 2008 et l'objectif de 500 000 unités d'ici quelques années sera atteint.
Photo : Après les Opel Insignia 4 et 5 portes présentées en juillet dernier à Londres, le Sport Tourer a fait ces premiers tours de roues à Paris. La nouvelle berline d'Opel sera commercialisée le 25 janvier prochain à partir de 21 600 euros.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.