Entretien avec Roland Schell, directeur général de Mercedes-Benz Cars France.
"Nous avons déjà plus de 2 000 commandes de Classe E"Récemment promu à la tête de Mercedes France, Roland Schell se veut délibérément optimiste et dynamique. Il compte beaucoup sur le plan produits,...
...principalement la Classe E, pour croquer la crise à pleines dents.
Journal de l'Automobile. Quel regard portez-vous sur la crise qui fait désormais partie du paysage et du quotidien des entreprises et des clients ?
Roland Schell. La récession est là, c'est un fait, mais en attendant la fameuse sortie de crise, nous n'allons pas rester dans l'attentisme, à nous lamenter ! Il y a des moyens pour faire face à la situation: l'arrivée de nouveaux produits et l'animation commerciale. Dans cette optique, la Classe E et le coupé sont de grandes opportunités. Ces véhicules ont tout pour plaire aux clients, le style, des nouvelles technologies et l'argument environnemental. De plus, en coûts d'utilisation, nous nous rapprochons significativement des modèles généralistes. Bref, chez Mercedes, nous tenons un discours résolument optimiste, mais ce n'est pas une posture et cela renvoie à la densité de notre plan produits en 2009 : le GLK, la Classe S hybride, et le lancement de la Classe E et de ses différentes versions.
JA. Vous avez cependant enregistré de mauvais résultats sur les deux premiers mois de l'année, n'est-ce pas ?
RS. Ces performances n'étaient pas bonnes, j'en conviens aisément, mais elles s'expliquent aussi par nos excellents résultats de décembre. Nous avons beaucoup vendu et livré en décembre et le contrecoup était prévisible. Dès le début, nous avions programmé notre rebond pour mars et notre ambition reste, bien entendu, de conserver le leadership sur le Premium.
JA. Ressentez-vous bel et bien une évolution de votre mix favorisant les segments de la Classe A et B ?
RS. C'est effectivement la tendance générale. De même, la Classe E souffre, ce qui est tout à fait logique dans la mesure où les clients attendaient la commercialisation de la nouvelle.
JA. Le groupe a d'ores et déjà recensé 40 000 commandes de Classe E, combien en comptez-vous dans l'Hexagone ?
RS. La France représente environ 5 % de ces 40 000 commandes. Dans cette gamme, nous vivons principalement de nos clients particuliers, c'est très bien, mais nous avons encore aussi un potentiel de progression important chez les flottes. Nous allons donc chercher à gagner des parts de marché dans ce domaine, ce qui est d'autant plus envisageable que nous bénéficions de l'appui de notre banque et que nous pouvons proposer des offres de financement attrayantes.
JA. Votre réseau parvient-il à rester rentable dans ce contexte difficile ?
RS. Tout à fait, le réseau est encore rentable. C'est aussi valable pour les succursales car je tiens à rappeler qu'elles sont soumises au même impératif de profitabilité que les concessionnaires. En fait, s'il y a un fléchissement du VN, nous ne notons aucune baisse des activités après-vente et nous travaillons beaucoup sur le VO pour aider le réseau à trouver les canaux adaptés à une situation délicate. En outre, nous sommes très vigilants à respecter le bon équilibre entre Millésime et les buy-backs de loueurs, car nos valeurs résiduelles sont encore stables.
JA. Tous vos distributeurs ont-ils signé leurs objectifs de vente à cette date ?
RS. Presque et je pense que nous serons à 100 % dès la fin mars, ce qui est un bon signe.
ZOOMReinhard Lyhs : Verbatim "En 2009, le marché français devrait se situer à - 15 % environ. La prime à la casse n'aura qu'un effet à court terme et totalement inexistant sur le Premium. La principale inquiétude réside dans le marché des flottes car on ne sait pas jusqu'où peuvent aller les reports d'achats"
"Toutes générations confondues, nous avons un parc de 80 000 Classe E en France. Ce modèle est le cœur de la marque et les clients y sont fidèles. Nous avons donc un gros potentiel de renouvellement et de conquête, encore amplifié par la version coupé" "Pour garder l'équilibre, en pleine turbulence, le réseau peut s'appuyer sur la mixité VP, VUL et PL. C'est une grande force" "Une harmonisation de la fiscalité à l'échelle européenne serait effectivement souhaitable. Prenez l'exemple d'une Classe C : en France, pour une entreprise, elle coûte trois fois plus cher sur trois ans qu'en Allemagne ! Est-ce vraiment justifiable ?" "On peut aisément comprendre les aides d'Etat aux constructeurs et aux équipementiers, mais il est dommageable qu'il n'y ait aucune harmonie européenne sur ce point" "Le gouvernement allemand n'abandonnera pas son industrie automobile. D'une part, parce qu'il y a les échéances électorales de septembre et d'autre part, parce que le secteur représente un emploi sur sept dans le pays" "Hambach sera un centre pilote pour le lancement de la smart électrique et il y en aura aussi un en Allemagne. Le modèle sera commercialisé en 2012" "Avant même son lancement en juin, la Classe S hybride s'annonce comme un gros succès. Nous avons beaucoup de demandes spontanées de clients et nous estimons d'ores et déjà que nous ne pourrons pas satisfaire tout le monde" |
JA. La guerre des prix et des rabais vous inquiète-t-elle ?
RS. Cela ne m'inquiète pas outre mesure, mais il faut rester vigilants et avoir un dispositif de veille permanente au niveau du pricing. Mais sur le Premium, à défaut d'être simple, la problématique est un peu différente car les clients ne se focalisent pas forcément sur les remises.
JA. Avec l'arrivée de l'iQ, vous attendez-vous à une année un peu plus difficile pour smart ?
RS. Non. D'une part, parce que nous avons créé ce segment et que nous avons donc un coup d'avance et d'autre part, parce que la concurrence ne peut que renforcer l'attractivité du segment. En outre, nous ferons preuve de dynamisme en proposant plusieurs séries spéciales tout au long de l'année et en lançant les tests pilotes de la smart électrique en fin d'année.
