Entretien avec Jean-Claude Debard, président de Hyundai France
Journal de l'Automobile. L'année 2008 a plutôt été difficile pour Hyundai France qui voit ses modèles traditionnels chuter à l'image de la Santa Fe en chute libre de 69 %. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Jean-Claude DebarD. Cette année a été extrêmement compliquée. L'écopastille a complètement transformé le marché de l'automobile. Les consommateurs ont privilégié les véhicules bonussés au détriment des malussés. Nous faisions 60 % de nos volumes sur les SUV, les 4x4 et les MPV : en 2008, nous avons perdu entre 30 et 40 % de nos volumes sur ces modèles-là. En revanche, nous avons gagné des parts de marché sur nos véhicules bonussés, l'I10 et l'I30. L'I30, lancée en 2007, a bénéficié du bonus dès janvier 2008 et les résultats sont là. Les ventes sont passées de 280 à 3 184 unités sur les huit premiers mois 2008 par rapport à 2007.
Ja. A l'inverse, l'I10 dépasse vos prévisions, n'est-ce pas ?
J-C.D. Nous avons été surpris par les performances de l'I10. En bénéficiant d'entrée de jeu d'un bonus de 700 euros, elle a dépassé toutes nos espérances. Nous avions prévu d'en vendre 3 000 en année pleine alors que nous devrions atteindre les 6 000 unités à la fin de l'année. Le marché s'est considérablement orienté vers les petites voitures. Ce qui ne veut pas dire que nous ne commercialiserons plus les modèles qui ont fait notre réputation comme le Tucson. Mais Hyundai est en train de devenir un constructeur généraliste qui va se spécialiser dans les berlines. Ce n'est pas une évolution de la gamme, c'est une révolution totale.
Ja. Comment abordez-vous l'année 2009 ?
J-C.D. Je suis très serein. L'I10 et l'I30 vont continuer à gagner des parts de marché. Et puis nous lançons, dès la fin de l'année, l'I20 qui succédera à la Getz. Nous tablons sur 500 à 600 ventes par mois. Elle se situe dans un segment B très concurrentiel mais qui, en même temps, offre un énorme potentiel. Il représente 15 % de parts de marché en France. Nul doute que l'I20 deviendra bientôt une star dans sa catégorie. C'est un modèle très complémentaire de l'I10 et l'I30.
Ja. Comment se porte votre réseau ?
J-C.D. Notre réseau a dû faire face à plusieurs phénomènes cette année : l'évolution de notre gamme vers le segment B, les baisses des ventes de 4x4 et de nos modèles de prédilection comme la Santa Fe qui étaient des produits à marge pour nos distributeurs. Mais avec l'I10 et l'I20, nous avons toutes les raisons de les rassurer… Concernant notre maillage, il est toujours aussi difficile d'avoir des candidats dans Paris intra-muros. Or, en devenant un constructeur généraliste, nous avons besoin d'augmenter notre nombre de points de vente. Lorsque nous étions une marque spécialiste nous n'en avions pas forcément besoin. Aujourd'hui, nous recherchons des opérateurs qui pensent "généraliste" et nous avons déjà beaucoup de candidats.
Ja. En 2007, vous avez enregistré 15 ouvertures pour 16 fermetures dans votre réseau, comment expliquez-vous ce turn-over ?
JC.D. Vous avez une drôle de façon de lire les chiffres… Nous n'avons pas perdu de concessions en 2007. Simplement, des opérateurs de la marque se sont porté acquéreur de la concession Hyundai voisine. Il y a eu seulement des transmissions d'entreprises.
Ja. Dans votre ambition d'extension, vous avez déjà posé quelques jalons en ouvrant des succursales à Paris, Puteaux et Lyon. Comment se portent-elles ?
J-C.D. Elles vont plutôt bien. Nous avions prévu d'écouler 1 500 véhicules par ces succursales et cet objectif sera largement atteint. Mais ce n'est pas suffisant. Nous allons nous diriger vers un réseau secondaire dont nous n'avions pas forcément besoin lorsque nous étions spécialistes.
Ja. Selon vous, le marché français se situera-t-il à 2,1 millions de VP à la fin 2008 ?
J-C.D. Bien entendu. Avec la forte progression des segments A et B le marché français va au moins progresser de 3 à 4 %. Par contre, le chiffre d'affaires global de l'automobile en France va baisser de l'ordre de 27 à 30 %. Vendre une Santa Fe ne rapporte pas la même chose qu'un véhicule de segment B. Et ça, ce n'est pas une bonne nouvelle, ni pour l'Etat, ni pour nous les constructeurs…
Photo : "Le CA global de l'automobile en France va baisser de 30 %", estime JEAN-CLAUDE DEBARD.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.