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Constructeurs

Entretien avec Francois Le Clec'h, directeur général Mercedes Car Group en France

Publié le 30 septembre 2005

Par Tanguy Merrien
4 min de lecture
Malgré les incertitudes liées à la réorganisation de son organigramme, DaimlerChrysler n'a pas manqué son rendez-vous allemand. La Classe S aura été incontournable. Mais ce fut aussi l'occasion d'évoquer la France avec François le Clec'h. Journal de l'Automobile....

...Pouvez-vous revenir sur les performances commerciales du Mercedes Car Group depuis le début de l'année en France ?
François Le Clec'h. Pour la marque Mercedes, après un premier semestre hésitant, nous retrouvons une bonne cadence de développement grâce à nos nouveaux modèles. Sur un marché atone, nous progressons de 6 % aux vues des chiffres de ce mois de septembre. Compte tenu de notre actualité produits à venir, nous devrions terminer l'année avec un gain de 8 %. Une bonne performance sur un marché délicat.


JA. Quels modèles vont générer cette croissance de 8 % qui vous attend ?
FLC. La performance viendra essentiellement de la Classe A additionnée à la Classe B. Cette performance est au-delà de nos attentes. Concernant les autres nouveautés, comme le nouveau Classe M nous pourrons livrer seulement 2 500 unités d'ici la fin de l'année alors que nous avons enregistré 2 700 commandes. Quant à la nouvelle Classe S, qui a été lancée le 22 septembre, elle devrait représenter 350 à 400 unités sur cette fin d'année. Cet ensemble devrait nous permettre d'atteindre, avec la marque Mercedes, plus de 52 400 unités.

JA. La stratégie Métropole dans le réseau Mercedes est-elle achevée ? Atteignez-vous l'objectif de 30 % des ventes avec ces filiales ?
FLC. La modernisation des équipements a été achevée à Lyon et à Paris où l'on s'appuie également sur le Brand Center de Rueil-Malmaison. A Bordeaux, la construction a débuté et nous devrions inaugurer les installations lilloise au mois de janvier prochain. Nous touchons donc au but. En ce qui concerne la part des ventes de ces structures, aujourd'hui elle représente 26 %. Nous sommes en ligne avec nos objectifs de volume et de croissance.

JA. D'ici quelques jours la clause de localisation devrait disparaître, peut-il y avoir des conséquences sur votre réseau ?
FLC. Globalement, je ne pense pas qu'il y aura de bouleversements. Il y aura peut-être, ici ou là, la création d'un point pour diverses raisons. Mais je reste persuadé que dans la très large majorité cela ne changera rien. Toutefois, des conditions spécifiques peuvent faire naître des exceptions.

JA. Comment réagissez-vous aux récentes déclarations du gouvernement français concernant la pollution et la consommation des véhicules ?
FLC. Est-ce que l'on veut réinventer la vignette ? Quoi qu'il en soit, j'ai lu nombre de déclarations assez confuses voire contradictoires. Le fait de croire que cela va inciter les gens à choisir un véhicule rejetant 140 g au lieu de 160 g est complètement naïf, je n'y crois absolument pas. En revanche, la hausse du prix du pétrole est plus préoccupante mais on peut appréhender le problème différemment. Si l'on compare les consommations d'une grosse berline d'il y a 10 ans et celles d'aujourd'hui, nous sommes passés de 13-14 litres à 7-8 litres aux 100 km, donc intrinsèquement le coût du carburant n'a pas vraiment progressé. Toutefois je reconnais qu'il existe un fort élément psychologique lorsque l'on paye 100 euros son plein à la pompe.

JA. Mais le pétrole est aussi présent dans les composants d'une automobile. Cette situation ne va-t-elle pas conduire les constructeurs à augmenter leurs prix ?
FLC. Aujourd'hui, 1/4 des éléments d'une voiture font appels à des dérivés du pétrole donc effectivement cela pourrait avoir des conséquences. Ceci dit, les constructeurs grâce à la recherche et au développement trouvent des parades. De plus, pour évoquer à nouveaux les consommations, l'ensemble de l'industrie automobile travaille sur les énergies de substitutions. D'ailleurs, l'accord entre DaimlerChrysler, GM et BMW sur les motorisations hybrides, dont la première application sera commercialisée en 2007, en témoigne. Cependant, je pense que les motorisations hybrides constituent un marché indispensable mais pas une fin en soi.

JA. Pour la première fois en Europe, trois constructeurs chinois exposent à Francfort. Que vous inspire leur présence ?
FLC. Il faut toujours voir la concurrence comme un moteur d'innovation. Il ne faut pas en avoir peur. Je me souviens de M. Calvet qui voulait taxer les marques japonaises. Nous avons vite compris que c'était un combat d'arrière garde. Une telle démarche peut faire gagner quelques mois, voire quelques années, mais jamais la bataille. Il faut prendre les constructeurs chinois au sérieux, leur arrivée en Europe est inéluctable. Nous devrons nous adapter, la situation chez Volkswagen mais aussi chez Mercedes nous le rappelle. Aujourd'hui, nous produisons à des coûts trop élevés par rapport à notre environnement. Tout en continuant une politique sociale, l'Europe doit faire attention. Toutefois, les revendications chinoises vont aussi prendre de l'ampleur avec la croissance. Eux aussi vont devoir s'adapter.


 Propos recueillis par Tanguy Merrien

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