Entretien avec Eric Mathiot : Rover veut encore y croire
...: L'avenir de Rover dépendra de sa capacité à sortir des nouveaux produits. Que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
Eric Mathiot : Nous avons la Streetwise depuis novembre. Nous sommes très confiants sur ce modèle qui est plus qu'un coup marketing, mais l'exploitation d'une niche avec un réel potentiel. Je remarque que certains concurrents proposent le même concept, comme Citroën avec le C3 X-TR. En avril prochain, nous aurons un nouveau produit : la CityRover. En novembre dernier, nous avons emmené les concessionnaires voir les nouveautés à Longbridge. Ils ont été enthousiasmés par ce qui leur a été présenté.
J.A. : Justement, la CityRover, votre nouveauté de l'année, n'en est pas vraiment une, mais est dérivée d'un modèle existant du constructeur indien Tata. Elle ne sera pas forcément dans les critères de qualité du marché européen ?
E. M. : Par rapport à la Tata Indica, nous aurons un certain nombre de changements : intérieur, insonorisation et suspension. La tenue de route a été testée en Angleterre et je peux vous confirmer qu'elle ne posera aucun problème. Nous avons une équipe de 88 ingénieurs qui travaillent dans l'usine indienne de Tata pour contrôler la qualité de fabrication des voitures. Nous aurons quatre niveaux de finitions avec des prix allant de 9 000 euros à 14 000 euros. Nous proposerons une version Diesel fin 2004-début 2005. Notre objectif est d'en vendre 200 par mois.
J.A. : Quels sont les volumes de production de ce modèle ?
E.M: Sous la marque indienne, la Tata Indica est produite à 80 000 unités par an, c'est un véhicule d'entrée de gamme sur les marchés du Sud-Est asiatique. Le volume de production de la CityRover sera de 30 000 exemplaires par an.
J.A. : Que présenterez-vous à Genève en mars ?
E. M. : Nous présenterons la CityRover juste avant sa commercialisation. Nous exposerons également la MG ZT équipée du V8 Ford. Nous aurons une série spéciale anniversaire sur la base du cabriolet MG TF pour les 80 ans de MG. Elle sera commercialisée en France fin mars-début avril. Nous aurons un nouveau produit sur la marque Rover dont je ne peux pas vous parler. Nous présenterons aussi à Genève notre coupé MG XPower SV, une voiture de grand tourisme, deux places, coque en carbone avec un moteur de 385 ch pour 110 000 euros. Le plan de fabrication sur quatre ans prévoit d'en fabriquer 1 000 exemplaires dont la majeure partie destinée au marché anglais. En France, nous devrions en faire entre 5 et 10 par an. Les premières livraisons ont eu lieu en Angleterre en décembre dernier.
J.A. : Quel est le plan produit à moyen terme ?
E. M. : Nous aurons la remplaçante de la Rover 45 au début de 2006. Elle a été présentée en décembre dernier aux concessionnaires. Elle a été dessinée par Peter Stevens, le designer MG Rover et est très réussie.
J.A. : Comment allez-vous financer le développement du plan produit et quelle est la situation financière de l'entreprise ?
E. M. : Nous disposons des fonds perçus de BMW au moment de la reprise de MG Rover et qui ont en grande partie été réinvestis dans les produits. Nous avons fait des pertes depuis 2000, mais en 2003, celles-ci ont été limitées à 50 % des prévisions. L'objectif initial était d'atteindre le point mort en 2005, nous avons l'espoir d'y être en 2004. Nous avons eu un prêt sur 49 ans de 550 millions de livres (710 millions d'euros) que nous ne rembourserons que quand nous ferons des bénéfices.
J.A. : Les ventes ne cessent de baisser. A quel volume se situe le point mort ?
E. M. : En 2003, MG Rover a vendu 130 000 voitures et notre point mort se situe autour de 170 000 à 180 000 unités. Nous avons donc ouvert de nouveaux marchés : Australie, Japon, Afrique du Sud, Mexique, Suède, Russie et Israël.
J.A. : Quel créneau voulez-vous occuper ?
E. M. : Nous voulons nous positionner entre une marque généraliste classique et une marque haut de gamme. Les clients de Rover 75 sont des gens qui veulent se démarquer avec un véhicule différent d'une Laguna mais qui n'ont pas les moyens d'acheter une Mercedes.
J.A. : Pourrez-vous maintenir le niveau de qualité et d'équipement ?
E. M. : C'est notre objectif.
J.A. : Quand sera remplacée la Rover 75 ?
E. M. : Elle est sortie fin 1999. Les équipes travaillent sur son remplacement.
J.A. : Pouvez-vous vous passer d'un partenaire pour les développements futurs ?
E. M. : Nous sommes à la recherche d'un partenaire technique. Ce qui est coûteux est le développement du châssis. Nous avons des discussions en cours avec des constructeurs. La pérennité de la marque Rover existe.
J.A. : Quelles sont vos relations avec les concessionnaires ?
E. M. : Ce sont les concessionnaires qui sont les plus pragmatiques. Depuis 2000, il y a eu très peu de défections. Nous avons actuellement 123 distributeurs pour 180 points de vente. Au 31 décembre 2002, 114 ont signé le nouveau contrat, les autres sont en cours. Le réseau travaille au quotidien avec la marque et continue d'investir. Nous prévoyons 20 nominations en 2004. Et nous avons beaucoup de distributeurs candidats pour une autre affaire.
J.A. : Quelle a été la rentabilité du réseau en 2003 ?
E. M. : Le volume de ventes a été faible en 2003 avec 7 000 immatriculations. La rentabilité moyenne du réseau sera de 1 % du chiffre d'affaires. Par rapport à nos confrères, nous avons l'avantage d'avoir un parc de 180 000 voitures. Même si le volume n'est pas celui que nous souhaitions, l'activité après-vente permet une bonne rentabilité. Nous devrions remonter à 15 000 voitures. En 2004, avec l'apport de la CityRover, notre objectif est de 9 000 voitures.
J.A. : Pour vous positionner au-dessus des marques généralistes, vous allez devoir améliorer votre image ?
E. M. : Nous allons travailler pour améliorer notre image. Nous sommes bien placés en prix/équipement, même si nous ne sommes pas les moins chers. Nous avons décidé de montrer les voitures, c'est la raison pour laquelle nous avons signé des partenariats avec des équipes cyclistes pour la saison et notamment pour le Tour de France.
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